L’Eglise de Belgique : une organisation criminelle ? (21/01/2012)

C’est la question posée en première page du journal bruxellois « Le Soir » qui commente la relance de l’opération « calice » avec les nouvelles perquisitions, effectuées par le juge d’instruction De Troy dans tous les évêchés de Belgique. Ce magistrat, dont toutes les perquisitions antérieures (à part le forage des caveaux d’archevêques à la cathédrale Saint-Rombaut) ont été annulées, chercherait-il obstinément à identifier des protecteurs de prêtres pédophiles mais aussi à incriminer l’Eglise catholique belge en tant qu’organisation criminelle (sur base des articles 322 et 324 bis combinés du code pénal)? Cette hypothèse est exposée par Ricardo Guttiérrez en pages 1 et 9 du "Soir", dans son édition du 20 janvier.

Sur son blog, le Doyen de Liège (rive-gauche), Eric de Beukelaer, ancien porte-parole des évêques, commente un autre article, moins sensationnaliste, signé la veille par le même journaliste du quotidien vespéral:

« L’édito de jeudi dernier, paru dans le quotidien « le Soir » est de la plume de Ricardo Gutierrez. Comme souvent, il explique avec intelligence et un détachement de bon aloi la raison des récentes perquisitions dans chaque évêché du royaume. J’invite chacun à le lire.

Une remarque : C’est un édito que je salue et que je pourrais signer. A une exception près. Quand je lis : « Il faut saluer l’engagement récent de l’Eglise catholique belge à assumer pleinement sa responsabilité morale », je trouve que c’est faire un peu trop l’impasse sur le travail remarquable de la Commission Adriaenssens. A l’époque, une certaine presse murmurait que cette commission n’était pas suffisamment indépendante. Pourtant, son rapport fut salué par tous – à commencer par la commission parlementaire. Donc – oui – cette Commission ecclésiale travaillait en toute indépendance (j’en ai été témoin). Ceci démontre que l’Eglise assumait déjà sa responsabilité morale. Que l’actuelle démarche de dédommagement aille plus loin et qu’il faille s’en réjouir, est également vrai. (lire « Soutien à nos évêques ») Mais cela ne signifie pas que rien n’était mis en place avant.

Une question : pourquoi de nouvelles perquisitions ? Pourquoi ne pas simplement demander les dossiers recherchés aux évêchés ? Le juge a certainement ses raisons et – comme le dit Ricardo –il n’agit pas en cow-boy solitaire, mais sous contrôle du procureur fédéral Delmul. Mais moi, je ne comprends pas. Mis à part le fait que l’info a ouvert les JT, trois jours en suivant, quel avantage y avait-il à débarquer à l’improviste dans un évêché pour demander des dossiers que les responsables catholiques auraient pu préparer s’ils en avaient reçu la demande ?

Une inquiétude : oui, la justice doit rechercher jusqu’au bout les éventuelles responsabilités. Elle le doit aux victimes. Elle le doit aussi à l’Eglise : ce n’est que si la justice enquête jusqu’au bout, que celle-ci sera éventuellement lavée du soupçon d’encore cacher des cadavres dans ses placards de sacristie. L’instruction enquête à charge et à décharge, mais avec toute cette médiatisation, ceux qui ont en charge l’instruction ont-ils encore le recul nécessaire pour arriver à la conclusion – le cas échéant – que la justice n’a personne à inculper ? Vu les attentes créées, la tentation ne deviendra-t-elle pas très forte de faire en sorte que – coûte que coûte – un procès voie le jour? ».

Nous souscrivons sans réserve à ce point de vue, en saluant par ailleurs –une fois n’est pas coutume- la discrétion d'un autre grand quotidien bruxellois, « La Libre », face à ce nouveau tapage induit par les méthodes d’un magistrat instructeur, qui heureusement n’est pas le chef d’une bande de cow-boys au sein de la magistrature.

 

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