Une lecture marxiste de la mobilisation contre le mariage pour tous de ce week-end (19/11/2012)

Nous avons trouvé sur un site communiste d'obédience maoïste une analyse de la mobilisation qui a eu lieu en France ce week-end. Il est assez plaisant de constater que ces "intégristes" d'un communisme des plus ringards s'émeuvent devant ce qu'ils appellent "une lame de fond réactionnaire" :

"Ce week-end ont eu lieu des manifestations dans toute la France contre le projet de loi ouvrant le droit au mariage et à l'adoption pour les personnes gays et lesbiennes. Ces manifestations ont été l'occasion d'une mobilisation réactionnaire massive en regroupant plus de 100 000 personnes, Samedi 17 Décembre, auxquelles il faut ajouter les presque 10 000 personnes ayant manifesté Dimanche à l'appel du groupe fasciste Civitas et les personnes qui se mobiliseront le 8 Décembre à Bordeaux, Lille, Le Mans et Nancy qui sont des villes où l'influence catholique est très forte.

On notera que le mouvement petit-bourgeois des « Femen » a appris à ses dépens que les temps ont changé et qu'il n'y a plus de place pour le « symbolique », puisque les militantes de « Femen » se sont faites violemment agresser à Paris lors du rassemblement de Civitas, pour avoir cherché l'impact médiatique en allant provoquer à coups de « Fuck God », etc. Par les temps qui courent, ce qui était auparavant prétentieux et ridicule peut s'avérer vite suicidaire.

Car force est de le reconnaitre, de manière prévisible, cette mobilisation massive du week-end dépasse en ampleur celle qui avait eu lieu lors de l'adoption du PACS en 1999 pour le gouvernement social-démocrate de Lionel Jospin.

Elle est le signe de la lame de fond réactionnaire qui travaille la France depuis plusieurs années à la faveur de la crise capitaliste. La société se replie sur elle-même et les quelques avancées démocratiques ayant pu profiter de « niches » dans la réaction générale.

Ainsi, derrière l'aspect policé et « ouvert » des manifestations de Samedi se trouve une réelle attaque contre les droits démocratiques des personnes gays et lesbiennes.

En effet, malgré la mise en avant d'une manifestation « contre l'homophobie », ces manifestations sont une mobilisation massive contre le principe même de droits égaux pour les personnes gays et lesbiennes. Une mobilisation contre leur droits fondamentaux : celui d'être reconnu par la société pour être ce qu'ils sont, celui d'avoir le droit au couple et à la romance.

Sur le papier, le rassemblement catholique de samedi prétendait être « contre l'homophobie », mais évidemment c'est de la « politique » au sens bourgeois, c'est de la pure tactique. Une tactique masquée derrière la « reconnaissance » des gays (plus que des lesbiennes par ailleurs) comme étant « à part ».

Il suffit de creuser un tout petit peu pour le comprendre, et ainsi « Frigide Barjot » (de son vrai nom Virginie Merle), la porte-parole du mouvement ayant appelé aux manifestations de Samedi, a dit dans une interview à Direct Matin à propos des personnes gays refusant le mariage : « Et en refusant le mariage gay, ils cultivent ce qui fait leur singularité et leur richesse : la subversion homo ! »

C'est typiquement là la fausse acceptation bourgeoise des droits des homosexuels : les personnes gays et lesbiennes ne sont tolérées que tant qu'elles restent en marge de la société dans des quartiers ghettos et qu'elles acceptent de se plier au culte de la jouissance et de l'ultra-individualisme. Ce que la réactionnaire décadente « Frigide Barjot » leur refuse, c'est précisément le droit à avoir une vie épanouie dans un couple stable et reconnu comme tel par la société.

Or, tel est notre objectif, à nous communistes, à la lumière du matérialisme dialectique.

Il faut ainsi considérer que ces mobilisations réactionnaires massives, malgré leur aspect « bon enfant », ou justement en raison de cela, de cet aspect tactique particulièrement « vicieux », prennent leur place dans la montée en puissance continue du fascisme en France.

En effet, le fascisme est essentiellement un mouvement – c'est la grande thèse que nous mettons en avant – et il se développe au milieu de la société bourgeoise en putréfaction, dans le cadre de ce que nous appelons la crise générale du capitalisme.

D'ailleurs, ces manifestations arrivent après des semaines de matraquage médiatique des arguments des organisateurs de la « Manif pour tous ». Les organisateurs prétendent pareillement être soutenus par des organisations de gauche, des gays et des lesbiennes, etc.

Mais aussi, et c'est là un aspect important, elles ont bénéficié d'un soutien clair et militant de pratiquement toutes les structures religieuses de France (à l'exception du bouddhisme).

Cela montre très clairement l'importance sociale qu'ont les religions en France et le sens dans lequel elles poussent les masses. Et plus particulièrement la religion catholique et ce y compris chez les personnes progressistes. En effet, le catholicisme et son idéologie hypocrite de la « tolérance » reste la source idéologique principale de tous les courants politiques de France, à l'exception du PCMLM et de quelques véritables anarchistes.

Ce qui est refusé par les participants à ces manifestations réactionnaires c'est le caractère naturel de l'homosexualité. Les personnes gays et lesbiennes sont considérées comme dangereuse pour la société et que l'on peut au mieux tolérer si elles restent dans un ghetto social et culturel.

Ces manifestations ont pour but de défendre l'ordre social traditionnel bourgeois et le patriarcat. C'est d'ailleurs exprimé très clairement par un des slogans des manifestations de Samedi qui disait « L'homme doit rester le père ».

La société bourgeoise pourrit sur pied. L'hypocrisie de sa famille est de plus en plus éclatante. La barbarie s'empare de toutes les sphères de la société en commençant par la sphère « privée », c'est-à-dire par le maillon le plus puissant de l'encadrement bourgeois des masse.

La bourgeoisie le voit très bien et cela crée une crispation et la proposition fasciste de revitalisation du modèle bourgeois en le réaffirmant de manière barbare. C'est-à-dire en excluant clairement tous ceux qui sont considérés comme marginaux, en leur refusant, pour commencer, l'accès aux droits démocratiques les plus fondamentaux.

Marine Le Pen a d'ailleurs beau-jeu de paraître « modérée » en ne se prononçant pas , en demandant juste un « referendum » pour « respecter la démocratie ». Il y a là un choix tactique très important, très intelligent, et particulièrement dangereux.

Et face à cela, la social-démocratie ne peut rien et mène même les masses et particulièrement les personnes gays et lesbiennes sur un chemin mortel.

En effet, la social-démocratie avec son projet de mariage ne cherche pas à abolir la famille bourgeoise pour instaurer une société d'harmonie et d'épanouissement où les individus pourront vivre la romance au sein de couple stable basé sur l'égalité et la durée. Non, bien au contraire, la social-démocratie ne cherche qu'à sauver les meubles, à remettre le mariage bourgeois au coeur de la société en lui donnant un vernis moderne et « ouvert ».

Par ailleurs, la social-démocratie déjà aux abois politiquement après seulement quelques mois de gouvernement, se sert de ce projet pour cliver la société et enclencher un mouvement de sympathie et de soutien de la part des personnes progressistes.

Au lieu de mener une campagne de fond au sein des masses pour les droits démocratiques des personnes gays et lesbiennes, la social-démocratie permet aux réactionnaires de développer leurs arguments, d'impulser une mobilisation gigantesque.

La social-démocratie sert le fascisme.

Elle livre en pâture les droits des personnes gays et lesbiennes pour servir ses intérêts politiciens. Et ce alors que l'homophobie a rarement été aussi libérée et présente au sein des masses, alors que les violences et les discriminations à l'encontre des personnes gays et lesbiennes se multiplient depuis plusieurs années."

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