Faut-il railler… ou rallier Christine Boutin ? (30/12/2012)

Un de nos fidèles lecteurs et correspondants liégeois nous fait parvenir ce billet à propos de la sortie de Christine Boutin (*) concernant le « mariage pour tous » :

Interviewée le 24 décembre sur I-télé, Christine Boutin a, une nouvelle fois, dit son opposition radicale au projet d’instaurer en son pays le mariage homosexuel. Comme on lui demandait si l’on pouvait, en matière de conjugalité, traiter de façon inégalitaire les droits des hétérosexuels et ceux des homosexuels, elle s’est défendue de toute homophobie discriminatoire. Elle a très justement observé que « le droit au mariage est ouvert à tout le monde » et que « les homosexuels peuvent se marier naturellement mais avec une personne de l'autre sexe.» À l’instar de commentateurs professionnels, des blogueurs ont estimé que la réponse était « étrange » : Christine Boutin serait bornée ou feindrait de ne pas avoir compris où est le problème. Elle a pourtant bien dit : « se marier ». Elle a ensuite développé quelque peu son propos, notamment sous l’angle sociétal, par souci d’éclairer la lanterne d’esprits politiquement corrects, c’est-à-dire formatés et grégaires. Mais « on » a isolé la phrase propre à susciter quolibets et sourires entendus.

La « communauté » (?) homosexuelle réclame depuis longtemps le « droit à la différence ». Fort bien. Ni le citoyen lambda, ni le législateur, ni les gens d’Église, bref, personne ne conteste ce droit (si tant est que ce dernier ait jamais été contesté : la singularité homosexuelle est un fait, non un attribut juridique). Mais en même temps, ladite communauté réclame le droit de n’être pas différente, c’est-à-dire d’agir en toutes choses, union conjugale comprise, comme s’il n’y avait pas à distinguer hétéro- et homosexuels. Cette revendication est évidemment inconséquente, indéfendable sur le plan de la logique. Faute de pouvoir abolir le sexe, on prétend y substituer une prétendue « théorie » du gender (genre). C’est vouloir remplacer une réalité concrète par un concept plus que bancal. Depuis que le monde est monde, et sous toutes les latitudes, le mariage désigne l’union d’un homme et d’une femme, avec la perspective d’une possible procréation, et cela quoi qu’aient dit – et, historiquement c’était hier – certains députés et sénateurs de rarissimes pays. Si le suffrage universel a beaucoup de droits, il en est parfois qu’il s’arroge au prix d’une grossière métamorphose sémantique. Ce n’est pas parce que le sens d’un mot n’arrange pas mes affaires que je puis lui faire dire ce qu’il ne dit pas. C’est déjà bien assez que l’on crée des néologismes étymologiquement absurdes (monoparental ou homoparental), mais dont l’absurdité disparaît derrière leur composition savante et surtout leur banalisation due à une fréquente occurrence dans nos sociétés si facilement « recomposées » et… décérébrées. Au sens où l’entendent les modernes falsificateurs du langage et traficoteurs de la morale naturelle, la formule « le mariage pour tous » exprime une revendication aussi absurde que celle qui réclamerait « deux ovaires et un utérus pour tous » ou « l’hermaphrodisme pour tous », « gynécologues pour tous » ou « andrologues pour tous ». N’en déplaise à des pseudo-sociologues, plaisantins politiquement corrects, c’est eux qui méritent un zéro en logique, et non celle dont ils se moquent, la plupart bien légèrement, mais plus d’un subversivement !

Mutien-Omer Houziaux.

Auteur de À contretemps. Regards politiquement incorrects, essai, coll. « Autres Regards », Mols et Desclée de Brouwer, 2010.

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(*) Élue députée (UDF) des Yvelines en 1986, Christine Boutin se fit notamment connaître au niveau national en 1998 par son opposition à la réforme du PACS lors des débats parlementaires. Elle fonde ensuite son propre mouvement, le Forum des républicains sociaux, sous les couleurs desquelles elle se présente à l'élection présidentielle de 2002 et obtient : 1,19 % des suffrages au premier tour. Le Forum des républicains sociaux devient ensuite le Parti chrétien-démocrate, mouvement politique associé à l'UMP. Elle est Ministre du Logement et de la Ville, puis uniquement du Logement, du 18 mai 2007 au 23 juin 2009. Christine Boutin se réclame des valeurs chrétiennes et de la « droite humaniste ».

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