Marcel Duchamp : serait-ce le début de la fin ? (30/04/2013)

Christine Sourgins ("grain de sel") pose la question :

Marcel Duchamp, le début de la fin  ?

2013 est un double anniversaire. Il y a 100 ans, Duchamp inventait la roue…de bicyclette, un premier ready-made (qui ne portait pas encore ce nom). Il triomphait aussi en Amérique, lors de l’exposition de l’Armory Show, avec le scandale déclenché par son tableau « Nu descendant l’escalier ». De là date une notoriété  devenue une hégémonie artistique mais qui voit poindre les premiers signes de son déclin.

Le N° de mai-juin 2013 d’Artension, en kiosque,  consacre un dossier au cher Marcel, le « gourou malgré lui du snobisme à deux balles » comme l’écrit Françoise Monnin. Vous verrez, en autres,  que les femmes ne sont pas en reste pour dire son fait au grand homme : Nicole Esterolle y va de son article ; j’en ai commis un sur « L’homme à la fontaine trahi par les siens ». Après cela, il sera difficile croire les tenants de l’AC (AC pour art contemporain ndB) quand ils se réclameront de lui…

Autre contestation de cette figure tutélaire de l’AC : un député de gauche, le suédois Viggo Hansen va défendre cette semaine, dans la région de Södermanland, près de Stockholm, une loi obligeant les hommes à uriner assis. De quoi sonner le glas, de cet ustensile sexiste et démodé : l’urinoir duchampien !

Objectifs premiers de Mr Hansen : améliorer l'hygiène (les toilettes gagneraient certes en propreté) mais aussi renforcer l'égalité homme-femme, thème cher aux Suédois. Le pays est champion de l'égalité des sexes : depuis l'an dernier, le dictionnaire compte même un nouveau mot «Hen», un pronom neutre entre  «il» et «elle».Viggo Hansen a d’autres justifications plus surprenantes. Selon lui, et sans faire référence à une quelconque autorité médicale, la position assise permettrait de lutter contre le cancer de la prostate et contribuerait «à une vie sexuelle meilleure et plus longue».

Quand on sait que cette même obligation avait déjà été défendue (sans suite) par le ministre de l'environnement taïwanais, Stephen Shen, en août 2012, on mesure à quel point les jours de la suprématie duchampienne sont comptés. Duchamp, qui fut un des précurseurs de la question de l’identité et du genre, lorsqu’il se travestissait en femme Rose Sélavy, ….finirait donc enterré par la vague du « gender » ? Bref, Duchamp périrait là où il a détourné…

C’est finalement un peu ce que prédisait une suite savoureuse de huit tableaux peints collectivement par Gilles Aillaud, Eduardo Arroyo et Antonio Recalcati, en 1965. Intitulé "La Fin tragique de Marcel Duchamp", Marcel y mourait… d’une chute, nu, descendant l’escalier… ! Cliquer pour visionner.

Christine Sourgins

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