Des traditionalistes qui n'ont aucune prévention à l'égard du pape (31/05/2013)

Lu sur le Vatican Insider :

Nous les traditionalistes qui n'avons aucune prévention à l'égard du pape (notre traduction)

Le porte-parole de "Summorum Pontificum" déclare : "Le style (de François) est différent de celui de Benoît XVI, mais nous aimons son insistance sur la messe, le démon, la confession et les dévotions populaires."

ALESSANDRO SPECIALE - CITÉ DU VATICAN

Quand le cardinal Bergoglio a été élu à la papauté, certains milieux traditionalistes, attachés à l'ancien rite de la messe en latin, n'ont pas caché leur préoccupation et leur déception, tandis que les disciples de Mgr Lefebvre de la Fraternité Saint-Pie X, avec lesquels Benoît XVI a obstinément cherché la réconciliation, tout en maintenant officiellement une attitude prudente, évoquent ouvertement de  "grandes craintes" pour le pontificat de François.

Mais cette attitude n'est pas partagée par l'ensemble de la galaxie traditionaliste. Les «gens de Summorum Pontificum» - du nom du Motu Proprio du pape Ratzinger qui a libéralisé la célébration de la messe en latin en 2007 - sont occupés à organiser, sous le pontificat de François, un second pèlerinage à Rome après la première expérience de l'année dernière.

Ils sont convaincus que, même avec un style très différent de celui de son prédécesseur, l'attention aux dévotions populaires du pape argentin, son insistance sur le diable et la confession, sa célébration de la messe quotidienne, sont autant d'éléments que les catholiques qui se considèrent comme traditionalistes peuvent ressentir comme leur appartenant. Pour leur porte-parole, Guillaume Ferluc, la messe en latin, loin d'être quelque chose de snob et d'intellectualiste, est beaucoup plus proche des pauvres qui sont si chers au coeur du pape François.

Le pèlerinage aura lieu du 24 au 27 octobre et comprendra une messe à Saint-Pierre et un Chemin de Croix dans les rues de Rome. Vatican Insider a interviewé le président du comité d'organisation, Joseph Capoccia.

"Comme tant de catholiques, nous avons vécu avec consternation la démission de notre bien-aimé Pape Benoît XVI. Et pour nous, l'élection du pape François que très peu de gens connaissaient jusqu'à ce moment fut une véritable surprise. Nous avons donc été très attentifs à ses actes et à ses paroles. Et ses paroles nous ont immédiatement rassurés et réconfortés: il a parlé du diable qui travaillet contre nous mais qui ne peut rien contre la miséricorde de Dieu, il nous a invités à ne pas perdre la foi en l'amour de Dieu, et nous a appelés à  sortir de notre routine pour aller à la rencontre des périphéries de l'humanité, de ne pas devenir une espèce de collectionneurs d'antiquités ou de nouveautés."

"Il serait hypocrite de cacher que si d'une part les paroles du pape François nous donnent du courage, certains de ses gestes nous laissent désorientés et nous comprenons ceux qui expriment un certain malaise. Cependant, si l'on est sensible à la tradition, donc à la durée, nous ne devons pas tirer de conclusions d'un laps de temps très bref: Le Pape François vient d'une culture liturgique et pastorale différente de celle de Rome, et il faut du temps pour qu'il puisse s'acclimater à la tradition liturgique pontificale. D'autre part, nous ne devons pas penser que la liturgie puisse être réduite à des questions de styles de célébration, sur lesquels doivent toujours prévaloir la solidité et le contenu théologique du rite ".

«Chaque pontificat exprime sa propre spécificité, et si le pape Benoît a considéré l'effondrement de la liturgie comme une cause et un signe de l'effondrement de la foi, nous ne pensons pas que le pape François évolue dans des directions différentes: il suffit de considérer que la grande importance accordée, avec la permission du pape lui-même, à sa messe quotidienne célébrée à Sainte Marthe est un signal efficace adressé à tous les catholiques, prêtres et laïcs, pour qu'ils deviennent pleinement conscients que seule l'Eucharistie est source d'évangélisation ».

"Nous avons lu et écouté les incompréhensions et les préoccupations de certaines parties du monde traditionaliste. Souvent, à vrai dire, cela provient de réactions basées sur de fausses informations. Quant aux lefébvristes, les déclarations officielles nous ont semblé plutôt réservées et prudentes. Il ne nous étonne pas que d'aucuns se soient lancés dans des commentaires plus durs, mais peut-être doit rechercher leurs motivations dans la dynamique interne de la Fraternité, plutôt que dans une véritable méfiance à l'égard du Saint-Père.

«Nous espérons réunir 3.000 personnes pour le samedi, le jour de la procession et de la messe à Saint-Pierre, et qu'ils soient rejoints par plus de 500 pèlerins venus de l'extérieur de l'Italie durant les trois jours du pèlerinage. Nous aurons une meilleure idée à la fin du mois de juin, lorsque nous présenterons le programme officiel ".

«Pendant des années, les fidèles et les prêtres liés à la tradition liturgique de l'Église ont été ghettoïsés et traités avec mépris, sinon avec haine: ils ont été confinés dans les banlieues de l'Église dans lesquelles il fallait rester à l'écart. Nous souhaitons contribuer à la guérison définitive des blessures causées au cours de ces années de persécution et d'injustice et il semble approprié de le faire sans prétentions, mais en s'insérant dans une nouvelle dynamique à laquelle l'Eglise nous appelle. Nous voulons être témoins, dans la joie et dans l'esprit de service, de l'unité de l'Eglise ».

"Dans le contexte particulier du nouveau pontificat, nous voulons aussi montrer comment la forme extraordinaire du rite romain est un outil bien adapté à la redécouverte de la pauvreté à laquelle nous sommes invités par le pape François: se mettre à genoux, prier, faire silence, confesser, sont quatre attitudes caractéristiques aussi bien de la messe traditionnelle que de la pauvreté d'esprit. Mais il n'y a pas que cela : redécouvrir ce que saint François disait de la liturgie - n'oublions pas que c'est lui qui a diffusé le Missel romain en dehors de la cour pontificale - pourrait être encore mieux faire comprendre ce qu'est la pauvreté chrétienne, être pauvre en esprit, comme des mendiants du Christ qui vient à notre rencontre dans la liturgie et qui ne nous prive pas de sa gloire, qui nous ouvre les portes du ciel où se trouvent les vraies richesses: ce n'est pas un hasard si le dernier Saint a avoir célébré la messe traditionnelle durant toute sa vie fut précisément le Padre Pio, fidèle reflet de saint François ».

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