6 août : fête de la Transfiguration du Seigneur (06/08/2021)

23762.jpgLa fête de ce jour est une fête votive. Prescrite en Occident par le pape Calixte III, en 1457, après la victoire remportée sur les Turcs grâce à saint Jean de Capistran sous les murs de Belgrade, elle existait déjà au cinquième siècle en Orient. La Transfiguration est chez les orientaux la grande fête d’été, la vieille fête du Christ-Roi.

1. La Transfiguration. — Nous célébrons aujourd’hui la Transfiguration du Sauveur, événement que les Pères de l’Église comptent parmi les plus grands miracles opérés par Dieu pour rendre témoignage à son Fils.

C’était pendant la seconde partie de la vie publique ; déjà le regard du Sauveur se portait vers la Croix du Calvaire. Un soir, il se rendit sur le Thabor avec ses trois Apôtres préférés. La nuit survint, et, tandis que le Maître priait, les disciples s’endormirent. Jésus était toujours en oraison lorsque, soudain, l’éclat de sa divinité perça à travers l’enveloppe de sa nature humaine : il est transfiguré. Les disciples s’éveillent, éblouis, et sont témoins du prodige. — Au lieu de nous borner à l’habituel passage de l’Écriture relatant ce miracle, nous ferons bien de nous reporter à tous ceux qui relatent l’événement du Thabor : saint Mathieu, XVII, 1-9 ; Saint Marc, IX, 2-9 ; saint Luc, IX, 28-30 ; le dernier se trouve dans la seconde épître de saint Pierre, I, 10-21.

Quel est le sens de cette fête ? 

 a) Nous devons contempler avec respect et adoration notre Dieu éternel ; aujourd’hui encore, nous célébrons sa Royauté. 

 b) Nous devons voir en sa Transfiguration l’image de la nôtre, un jour : Nous attendrons le Sauveur... qui transformera notre corps misérable et le rendra semblable à son corps glorieux. 

 c) Ici commence la portée morale de la fête ; sans cesse, il nous faut travailler en vue de cette transfiguration par la pratique de la vie intérieure et spirituelle, par le détachement des choses terrestres. 

 d) Nous avons un sacrement de la Transfiguration : celui de l’Eucharistie. A la messe, le Seigneur Transfiguré est parmi nous ; dans la sainte communion, nous recevons le « germe de la gloire » et le gage de la résurrection future.

2. La messe (Illuxerunt). — Dès l’Introït, les feux de la Transfiguration du Sauveur se répandent dans tout l’univers, sur les justes et les impies. Le psaume 83 : « Qu’elles sont aimables vos demeures, ô Dieu des armées », est une allusion à la parole de saint Pierre : « Dressons ici trois tentes ».

A l’Oraison, nous demandons l’héritage du « Roi de gloire », c’est-à-dire la participation à sa glorification.

A l’Épître, saint Pierre prend la parole en témoin oculaire de la Transfiguration : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui j’ai mis toutes mes complaisances ; écoutez-le ». Cette voix venue du ciel, nous l’avons entendue nous-mêmes, lorsque nous étions avec lui sur la montagne sainte.

Comprenons bien l’ordonnance dramatique de cette messe : à l’Épître, saint Pierre raconte le miracle comme il l’a vu ; à l’Évangile, nous voyons le Christ lui-même, éblouissant de gloire.

Au Saint-Sacrifice et à la communion, la scène du Thabor devient une réalité sacramentelle : c’est le Seigneur au visage brillant de clarté qui apparaît, et nous prenons part à son triomphe.

A l’Offertoire, l’Église nous montre que nous verrons la Transfiguration aujourd’hui dans la « maison » du Seigneur.

A la Secrète, nous demandons « que l’état de sa Transfiguration nous purifie des taches de nos péchés » (comme le soleil visible guérit de nombreuses maladies).

La sainte messe a été notre heure sur le Thabor, et, maintenant, conservons toute la journée les grâces que nous y avons reçues, comme un mystère sacré, dans l’intime sanctuaire de notre cœur. (« Ne parlez à personne de cette vision ». Communion).

3. La prière des Heures. — L’office de l’Église contient de très beaux textes. L’Invitatoire annonce, dès le réveil, que nous célébrons une fête du Christ-Roi : « Le souverain Roi de gloire, le Christ, adorons-le ». Le choix de tous les psaumes de matines est très heureux ; d’un bout à l’autre on y retrouve la pensée de la Royauté du Christ : « Vous l’avez placé bien peu au-dessous des anges ; vous l’avez couronné de gloire et d’honneur ; vous l’avez fait régner sur l’œuvre de vos mains » (Ps. VIII). Le psaume XXVIII fait entendre la voix de Dieu, et nous songeons à la « voix qui sortit de la nuée » : « Celui-ci est mon fils bien-aimé... »

Le psaume XLIV nous montre le Christ et son épouse royale, l’Église, glorifiés. C’est cette double idée que nous retrouvons exprimée en termes si beaux dans l’homélie de saint Léon : « Dans sa Transfiguration le Seigneur avait pour but principal d’ôter du cœur de ses disciples le scandale de la croix, et de faire que l’ignominie de sa Passion librement consentie ne déconcertât pas ceux devant qui serait manifestée la grandeur de sa dignité cachée. Mais il ne songeait pas moins à fonder l’espérance de son Église : en sorte que le corps mystique du Christ ayant connu quelle transformation lui était réservée, chacun de ses membres pût se promettre de partager la gloire dont le chef aurait brillé à l’avance ».

C’est bien, en effet, le grand souci de l’Église et le but de toute la liturgie d’amener graduellement les membres du corps mystique du Christ à la glorification finale. Cette gloire rejaillissant du chef sur les saints, nous aussi nous devons être divinisés et transfigurés. Dès que le dernier membre de l’Église sera parvenu à ce triomphe, nous pourrons entonner : « On a dit de toi de glorieuses choses, ô cité de Dieu ! » (Ps. LXXXVI).

Extrait de Dom Pius Parsch, Guide de l’Année liturgique

 Commentaires liturgiques de la Fête de la Transfiguration

 JPSC

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