Quand Benoît XVI inspire la NASA (29/08/2013)

pia08014-AEB1-full-reduced1.jpgLu sur le site de l’hebdomadaire « La Vie » :

Le latin serait-il la langue de l'année ? Début 2013, le désormais pape émérite Benoît XVI lançait un compte Twitter en latin, depuis repris par son successeur François et fort d'un large succès. Puis en février, c'est dans cette langue que Benoît XVI a choisi d'annoncer sa renonciation, réservant ainsi le scoop de cette annonce aux seuls journalistes dotés d'une solide culture antique. Et voilà que la NASA décide de lui emboiter le pas en lançant à son tour une version latine (on devrait d'ailleurs plutôt parler de thème) de son projet HiRISE (pour High Resolution Imaging Science Experiment – soit Expérience d'images scientifiques en haute résolution).

HiRISE photographie la planète Mars depuis la sonde spatiale Mars Reconnaissance Orbiter. Les clichés sont proposés sur internet depuis 2006 en dix langues, parmi lesquelles l'anglais, le russe ou même l'hébreux et l'islandais. Le projet s'est donc enrichi depuis hier d'un Tumblr en latin, ainsi qu'un compte Twitter, dont le tout premier message était sobrement : « Salve ! » (« Bonjour »).

Le porte-parole du projet, Ari Espinoza, de l'Université d'Arizona, a confirmé à la BBC que c'était bien le pape qui les avait inspirés. Les traductions latines des commentaires accompagnant les – magnifiques – images sont réalisés par 18 bénévoles répartis au Royaume-Uni.

« Nous avons eu un débat pour savoir si nous devions utiliser un latin facile d'accès ou le plus proche possible du latin classique,confie par ailleurs Lorna Robinson, coordinatrice des traducteurs.Nous avons choisi un compromis entre les deux : tâcher de rester clair et accessible aux non-latinistes tout en restant fidèles à la langue. » Elle raconte qu'il n'est pas toujours simple de trouver des équivalents aux termes scientifiques ou trop contemporains. Ce qu'Ari Espinoza confirme : « Ils ont dû beaucoup parler, car à l'école on ne vous apprend rien au sujet des cratères d'impact ou de la glace carbonique ».

Pourtant, ce sont parfois des traductions d'expressions apparemment aussi peu élaborées que « présence possible de glace » qui donnent lieu aux plus longs débats parmi les traducteurs, en l'occurrence sur la meilleure traduction du terme« possible »« Nous avons opté pour ”possibilis”, précise Lorna Robinson, qui – même s'il peut effectivement signifier ”possible” – n'était pas vraiment utilisé en latin classique comme nous l'employons de nos jours. »

La directrice du Projet Iris, une association anglaise qui a pour objectif de faire rayonner le latin dans le monde, confie aussi qu'elle a découvert grâce à cette collaboration avec la NASA que « bien des lieux sur Mars ont été nommés en latin ».

Quant à Ari Espinoza, il se réjouit lui aussi de ce projet : « Certains des plus grands scientifiques – comme Johannes Kepler ou Isaac Newton – écrivaient en latin. C'est un pont que nous jetons entre le passé et l'avenir ! » Un pont qui, accessoirement, montre aussi que la science peut encore s'inspirer de la religion.

Quand la modernité s’appuie sur la tradition. A méditer, après le barnum circus (ou circus maximus) liturgique des JMJ 2013 à Rio. JPSC

 Référence: Quand Benoît XVI inspire la NASA

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