Un anti - "Da Vinci Code" (12/12/2013)

dictionnaire-du-vatican-et-du-saint-siege_article_large.jpgSur Famille Chrétienne, Marie-Catherine d'Hausen recense le Dictionnaire du Vatican et du Saint-Siège

Sous la direction de Christophe Dickès, avec la collaboration de Marie Levant et Gilles Ferragu, Robert Laffont "Bouquins", 1094 pages.

Destiné au grand public, le Dictionnaire du Vatican et du Saint-Siège en décrit tous les ­aspects et les rouages à l’époque ­contemporaine (1870-2013). Un outil précieux.

Pour le spécialiste d’histoire contem­poraine qu’est Christophe Dickès, la politique étrangère du Vatican est un sujet de prédilection, de cœur et ­d’esprit. Aussi, quand on lui propose de ­rédiger un Dictionnaire du Vatican et du Saint-Siège, la ­proposition ne se refuse pas !

Il faut d’abord, souligne l’historien, distinguer Vatican et Saint-Siège. Le Vatican est le plus petit État du monde, une sorte de garantie temporelle du pouvoir spirituel du pape. Le Saint-Siège désigne le gouvernement de l’Église catholique universelle, à la tête d’1,2 milliard de fidèles à travers le monde. Quand un chef d’État rend visite au pape, il ne vient pas voir le monarque de la Cité du Vatican, mais le chef de l’Église catholique et du Saint-Siège.

Pour ce travail de longue haleine, Christophe Dickès s’est adjoint deux jeunes historiens : Marie Levant et Gilles Ferragu. Ils l’ont aidé à constituer l’équipe internationale de quarante-six collaborateurs : une majorité de jeunes historiens, quelques-uns plus expérimentés, et des vaticanistes, des journalistes, des prêtres…

Des sujets légers… ou qui fâchent

Ce dictionnaire « a pour vocation de décrire tous les aspects, historique, politique, artistique, mais aussi sociologique et institutionnel du Saint-Siège et de la Cité du Vatican. Il s’inscrit dans cette période précise allant de la fin des États pontificaux, en 1870, jusqu’à nos jours – une période qui couvre douze pontificats, de Pie IX à nos jours ».

Christophe Dickès n’élude aucun sujet : des plus légers (l’humour des papes) à ceux qui fâchent (condamnation de l’Action française, banque du ­Vatican, concile Vatican II, pédophilie, mafia, réforme de la Curie…). Ni la tentation de se focaliser sur l’homme : « L’Église s’est […] largement engagée en faveur de l’homme et de ses droits, en jetant les bases d’un nouvel humanisme à la portée considérable [voir Paul VI]. Mais cet engagement anthropocentrique a pu se faire au détriment du christocentrisme, ce que le pape François n’a pas manqué de souligner dès sa première homélie : “Nous pouvons marcher tant que nous le voulons, construire un tas de choses, mais si nous ne confessons pas Jésus-Christ, rien ne va. Nous deviendrons une philanthropique ONG mais non l’Église, l’Épouse du Seigneur” ».

À son équipe, Christophe Dickès a donné pour seules consignes de proscrire l’anticléricalisme ­primaire et d’écrire pour un large public cultivé. Et il n’a eu qu’un seul débat interne, où il a fait triompher son avis : sur le supposé « silence » de Pie XII.

Pour la première notice, il lui fallait un thème ­d’actualité. Et ça commence fort, sous sa signature, avec « Abdication, renonciation du pape », où il affirme que le choix de Jean-Paul II de ne pas « descendre de la croix » et celui de Benoît XVI de ­renoncer à sa charge sont, l’un et l’autre, « hautement nobles ».

Au fur et à mesure de l’avancée du travail, se font jour des changements, des mutations. Par exemple, plus question de déplorer la séparation de l’Église et de l’État. L’universalité de l’Église s’est affirmée. Mais la vraie question qui se pose aujourd’hui, selon Christophe Dickès, est celle de la modernité. Que doit faire l’Église face à celle-ci ? Être, comme sous le pontificat de Benoît XVI, une force de contradiction dans un monde relativiste, surtout en Occident ? Mais l’Église ne se limite pas à l’Occident ! Il y a aussi l’Afrique, l’Amérique du Nord, l’Asie, l’Amérique latine…

Christophe Dickès en conclut que l’Église est un monde extrêmement complexe. Et que, face à cette complexité, il n’y a qu’un mot à retenir : ­l’humilité. Pour éviter les jugements à l’emporte-pièce et les fantasmes. Et quand on lui demande à quoi sert son Dictionnaire, sa réponse est claire : « C’est l’anti-“Da Vinci Code” ».

Marie-Catherine d'Hausen

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