Le baptême du Christ au Jourdain inaugure la Croix (12/01/2014)

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Fonts baptismaux - collégiale Saint-Barthélemy - Liège - XIIe siècle

LE BAPTÊME DU CHRIST INAUGURE LA CROIX

Homélie du Frère Jean-Philippe REVEL de la paroisse Saint-Jean-de-Malte (Aix)

(...) la liturgie nous a proposé ce récit du baptême du Christ dans chacun des évangiles et aujourd'hui c'est le texte de Matthieu que nous venons d'entendre qui est le seul à insister sur cette attitude de Jean-Baptiste qui, voyant Jésus venir à lui, au milieu de la foule des pécheurs pour, comme les autres, recevoir ce baptême de pénitence et de repentir, Jean donc, voyant Jésus s'avancer vers lui s'écrie : "Ce n'est pas Toi qui dois être baptisé par moi. Tu n'as pas à venir te décharger de ce péché que tu n'as jamais commis, de ce péché que Tu ne connais pas. C'est bien plutôt moi, ministre du pardon mais pécheur moi-même qui aurait besoin d'être purifié par Toi, le Messie qui vient purifier le fond des cœurs." Et Jean-Baptiste savait bien qu'il avait prêché ce baptême, qu'il avait appelé toutes les foules à venir se plonger dans le Jourdain pour se préparer à la venue du Messie, pour se préparer à cette venue de Jésus qui, Lui seul, pouvait réellement purifier le fond des cœurs.

Je ne voudrais pas insister sur cet aspect du baptême du Christ. Mais Jésus veut cependant être baptisé par Jean, se mettre au nombre des pécheurs pour affirmer non pas qu'Il a commis Lui-même le péché, mais qu'Il prend sur Lui tout le poids du péché du monde, qu'Il fait "siens" tous les péchés des hommes de tous les temps et qu'Il vient dans le Jourdain immerger avec Lui toute cette méchanceté de l'humanité, toute cette haine de Dieu, ce refus de l'amour que, depuis les générations les plus anciennes, l'humanité a accumulés et que le Christ prend sur ses épaules.

Je voudrais simplement, à ce propos, faire allusion à un thème qui n'est pas explicité dans cette page d'évangile mais que nous avons chanté à plusieurs reprises au cours de cette fête du baptême du Christ. En citant les différents textes de l'ancien Testament qui préfiguraient le mystère du baptême, nous disions : "La mer a vu le peuple de Dieu et elle s'est enfuie. Le Jourdain étonné, est retourné en arrière". Ceci fait allusion à la traversée de la mer Rouge et au passage du Jourdain pour entrer dans la terre promise ce qui est, effectivement, une préfiguration du baptême puisque la force des eaux recule d'effroi devant Celui qui amène le pardon et la purification. Ceci relève d'une symbolique très ancienne dans tous les peuples d'Orient et dans le peuple juif en particulier pour qui les eaux étaient le domaine des puissances infernales.

Ailleurs, nous chantions aussi : "Dans le Jourdain le Christ écrase la tête du dragon" et paraphrasant un psaume, nous disions encore : "Sur la Croix, Il ouvre une source d'eau vive". En effet, par son baptême le Christ vient pour nous libérer de la puissance du mal, de l'ennemi du genre humain, de Satan, de toutes ces puissances qui veulent se déchaîner contre l'homme pour essayer de le séparer de Dieu et d'entraîner l'homme au fond de l'abîme du malheur et du péché, de la solitude. Par son baptême, le Christ, en prenant sur Lui tous les péchés du monde, pour les purifier par l'intensité de son amour et la puissance de sa gloire, le Christ lutte contre cette puissance du mal qui veut asservir l'homme, le Christ nous libère de cet esclavage. C'est pourquoi on dit qu'Il écrase la tête de l'ennemi. En descendant dans le Jourdain, le Christ livre le combat décisif contre Satan. C'est pourquoi le baptême du Christ au Jourdain est une annonce de sa croix où, de nouveau, Il rencontrera, face à face l'ennemi, la puissance du mal et il achèvera cette lutte et cette victoire sur le mal par la puissance de son amour, triomphant en mourant pour nous.

Il y a entre le baptême du Christ et la croix une très profonde parenté. Ce geste inaugural de la vie du Christ est le commencement du chemin de la croix. En prenant sur Lui tous les péchés du monde, en affrontant face à face la puissance du mal, Jésus ouvre ce chemin qui le conduira jusqu'à la croix car Il ne vient pas nous délivrer de nos péchés en les traitant de l'extérieur, mais Il les prend sur Lui pour, à force d'amour, être victorieux de ce péché qui est refus d'amour. Il est victorieux de la haine du diable par ce surcroît de tendresse, ce surcroît de bienveillance et de bonté qui irradie de toute sa personne et qui donnera sa lumière la plus totale quand Il sera Lui-même sur la croix donnant par amour sa vie pour nous.

Que ce baptême du Christ nous fasse revivre notre propre baptême où nous avons été entraînés par le Christ à sa suite et dans cette lutte contre le mal et dans cette délivrance du mal, à la fois dans cette libération et dans ce combat car c'est en nous laissant nous-mêmes remplir par l'amour du Christ que nous pouvons devenir victorieux du mal en nous et autour de nous. Cette lutte est quotidienne, perpétuelle. Les forces de la haine, de l'injustice, du repliement sur soi seront vaincues par l'amour plus fort que le péché.

AMEN

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