Pour promouvoir la dignité de l'homme et défendre la vie, passer de l'incantation à l'incarnation (05/07/2014)

Liberté Politique publie une tribune de Sabine Faivre, co-fondatrice des "Maisons Bethléem", centres d’hébergement des femmes et des mères en situation précaire à Toulon depuis 2003 :

Promouvoir la dignité de l'homme : de l’incantation à l’incarnation  

Une chose est de condamner le mal, autre chose de faire le bien. «Tandis que vous dénonciez la décadence des politiques et l'inhumanité des lois, des vies ont été brisées faute de main tendue.» Pour donner cohérence à nos discours, il faut des actes.

LE DISCOURS sur la dignité de l'homme est essentiel, et il ne peut, à moins d'être vide de sens, être doublé d'actions concrètes. Si nous disons que la vie doit être respectée depuis la conception, si nous nous érigeons en chantres de la dignité humaine, si nous glosons sur la nécessité de remettre l’homme au coeur du politique, nous n'avons pas d'autre choix que d'être des témoins, proposer des solutions et surtout, les mettre en oeuvre.

Ceci nous met face à une responsabilité doublée d’une exigence : l'enracinement.

L’engagement concret est une exigence morale. Sinon notre discours est une coquille vide, un pur effet oratoire, un artifice. Combien d’associations d’aide à la réinsertion auraient pu être créées avec les heures et les heures, de discours, de sermons, de publications, de débats ?

Tout cela, pour quoi en bout de course ? De belles promesses, et pour finir, tant de femmes livrées à leur solitude, tant de familles abandonnées, tant de choix désespérés, guidés par l’abandon des pouvoirs publics, par l’absence de mains tendues.

Urgence absolue

Il s'agit maintenant de passer de l’incantation à l’incarnation. Ceci est une urgence absolue.

Si nous parlions un peu moins et agissions un peu plus ? Alors nous ne serions plus des hérauts transformés en faussaires, des contre-témoins déguisés en apôtre de la bonne parole. Le monde aurait raison de nous reprocher notre hypocrisie.

Enfin quoi ? Vous proclamez que la vie est sacrée depuis la conception et vous ne faites rien pour aider les mères en difficultés ? Vous fustigez depuis des décennies les politiques gouvernementales, vous dénoncez à tout va la culture de mort, et vous ne faites rien depuis 1975 pour proposer des alternatives ? Sur quelle oeuvre vous appuyer pour justifier votre discours ? Aucune. Oui, aucune.

Le constat est là, cinglant, radical. Nous n'avons aucune oeuvre significative pour justifier notre discours. Ils ont raison, ceux qui nous blâment. Nous savions et nous n’avons rien fait.

Des réponses concrètes

Cherchons un peu... Quelle communauté religieuse, quelle association a créé depuis 40 ans suffisamment de structures d'hébergement aux femmes enceintes, de structures de soins palliatifs pour redonner un visage à la dignité humaine ?

Je parle des réponses apportées aux détresses vécues au début et en fin de vie, qui sont des moments d'extrême vulnérabilité. On les compte sur les doigts de la main. Quelques rares associations trop peu soutenues pour endiguer la misère de ces jeunes filles, de ces femmes poussées au désespoir par la mentalité ambiante et par les lois qui le cautionne.

Nos délateurs auraient raison de nous dénoncer. Honte à vous qui n'avez rien fait ! Car pendant ces décennies où avec bonne conscience, vous vous êtes repliés dans votre tour d'ivoire en dénonçant la décadence des politiques et l'inhumanité des lois, des vies ont été brisées faute de main tendue.

Comment accepter cela ? Quand nos politiques, nos évêques, nos pasteurs et nous-mêmes déciderons enfin de passer de l’incantation à l’incarnation, alors peut-être pourrons-nous ambitionner de redonner un peu de crédit à la parole publique, au message institutionnel. Alors le monde pourra reprendre confiance, pourra retrouver une véritable matière à espérer.

Le tout est de s’en donner les moyens. L’exigence de vérité devra donc commencer par un mea culpa.

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