La communion aux divorcés remariés : comment mettre un pied dans la porte interdite ? (13/10/2014)

Quant à l'accès au sacrement de l'Eucharistie pour les divorcés remariés, la "relatio", à mi- parcours du synode, dresse la liste des principales suggestions qui sont ressorties du Synode. Le blog du "Suisse Romain" les résume ainsi: maintenir la discipline actuelle; mettre en oeuvre une plus grande ouverture pour les cas particuliers, insolubles sans entraîner de nouvelles injustices et souffrances; ou bien opter pour un chemin pénitentiel: L'éventuel accès aux sacrements devrait être précédé d'un chemin pénitentiel ? sous la responsabilité de l'évêque diocésain ? , et avec un engagement évident en faveur des enfants. Il s'agirait, selon la « relatio », « d'une situation non généralisée, fruit d'un discernement réalisé au cas par cas, suivant une règle de gradualité qui tienne compte de la distinction entre état de péché, état de grâce et circonstances atténuantes ».

Laissons à la réflexion des « pères » synodaux cette conclusion brumeuse, en forme de compromis casuistique, pour en revenir à la thèse de Kasper que le Père Gerald E. Murray réfute en ces termes sur le site web de « France Catholique » :

 « Le cardinal Walter Kasper a publié pendant la période de préparation du Synode extraordinaire sur la famille un autre article où il propose que la discipline de l’Eglise interdisant d’admettre à la Sainte Communion des catholiques divorcés et remariés civilement soit abandonnée.

Son argument principal est la miséricorde divine. Il déclare : « Nombreux sont ceux qui demandent : si Dieu est toujours miséricordieux, pourquoi l’Eglise ne l’est-elle pas ? Ou bien, pourquoi l’Eglise ne semble-t-elle pas aussi miséricordieuse que Dieu ? » Et il continue : « Le pire reproche qu’on peut faire à l’Eglise – en réalité souvent justifié – est qu’elle ne pratique pas ce qu’elle prêche aux autres. En vérité, bien des croyants trouvent l’Eglise rigide et dénuée de miséricorde. »

Kasper se range clairement lui-même dans la catégorie des « nombreux croyants » qui reprochent son hypocrisie à l’Eglise. Le grief est essentiellement le suivant : Dieu est bon et miséricordieux, l’Eglise ne l’est pas quand elle interdit de recevoir l’Eucharistie à ceux qui ont contracté un second mariage (et vivent donc une relation « adultère »). La discipline eucharistique inébranlable de l’Eglise, qui se fonde sur l’enseignement de Notre Seigneur concernant le mariage, est donc considérée comme une trahison hypocrite de la miséricorde divine.

D’où découle ce qui suit :

« L’Eglise doit proclamer la miséricorde divine ; elle doit dispenser concrètement aux fidèles cette miséricorde sous la forme du sacrement de réconciliation ; et elle doit laisser la miséricorde divine apparaître et se réaliser dans sa propre vie, ses structures et même ses lois. »

Mais la miséricorde chrétienne ne consiste pas à ratifier le statut de victime d’un croyant parce que l’Eglise, dans sa discipline, l’invite à se repentir et à rester fidèle à la parole qu’il a donnée solennellement devant Dieu quand il s’est marié. L’interdiction de recevoir la Sainte Communion pour un homme ou une femme vivant avec une personne qui n’est pas vraiment son conjoint est en fait un acte charitable qui renforce la doctrine de l’Eglise concernant le respect que nous devons à la Présence réelle du Christ dans la Sainte Eucharistie, et empêche ainsi une communion qui serait sacrilège et le scandale qui s’ensuivrait.

La communion eucharistique est donc, en ce cas, conçue à tort comme un signe public nécessaire de l’appartenance à l’Eglise, ce pourquoi le refus de celle-ci est considéré comme une mesure scellant l’exclusion de cette personne de l’Eglise. Mais les croyants dont le mariage n’est pas valide sont toujours dans l’Eglise ; toutefois, parce qu’ils vivent dans un état de péché, ils ne sont pas dignes de recevoir le Pain de Vie.

C’est de par leur propre choix de contracter une union adultère qu’ils se sont exclus eux-mêmes du sacrement de l’unité de l’Eglise, qu’ils continuent à gravement offenser en persistant dans une telle union. (Il est révélateur que, dès les premières sessions du synode, certains aient déjà réclamé d’abandonner le terme « adultère » parce que trop dur). Le refus de la communion peut réveiller les consciences. En invitant les croyants au repentir et à la conversion, l’Evangile leur demande de mettre fin à leur relation adultère en se séparant ou, quand c’est impossible ou très difficile, en vivant dans la chasteté. S’il y a un doute quant à la validité d’un mariage catholique, un tribunal ecclésiastique doit décider s’il peut y avoir une demande de reconnaissance de nullité.

Le cardinal Kasper reformule ensuite sa proposition :

« Si après un divorce, une personne contracte civilement un second mariage, mais se repent ensuite de ne pas avoir tenu la promesse faite devant Dieu, son (sa) conjoint(e) et l’Eglise lors de son premier mariage, et s’acquitte aussi bien que possible de ses nouveaux devoirs, surtout en ce qui concerne l’éducation chrétienne de ses enfants, et exprime un désir sérieux des sacrements dont elle a besoin pour se fortifier dans sa difficile situation, pouvons-nous après une période de réorientation et de stabilisation, lui refuser l’absolution et le pardon ? »

Oui, non seulement pouvons-nous lui refuser l’absolution, nous devons le faire jusqu’à ce que cette personne cesse de vivre dans une union adultère. L’absolution ne peut pas être donnée à quelqu’un qui n’a pas la ferme intention de renoncer à ses péchés. Le cardinal Kasper présente ici le croyant qui s’est remarié civilement comme quelqu’un qui ne se repent que d’avoir mis fin à son premier mariage. Ce n’est pas le seul acte dont il doive se repentir. En fait, si ce croyant n’a pas été la cause de la rupture du mariage, il ne peut pas se repentir de ce dont il n’est pas coupable.

Ce dont il doit se repentir, c’est de sa relation adultère avec une personne qui n’est pas vraiment son conjoint (ou sa conjointe) aux yeux de l’Eglise. Pour prouver son « sérieux désir des sacrements dont il a besoin pour se fortifier dans sa situation difficile », il doit renoncer à tous ses péchés graves et faire une bonne confession. Faute d’une confession intégrale de ses péchés et d’une ferme intention de se corriger, il ne devrait pas recevoir l’absolution.

Si malgré tout il s’approchait de l’autel pour recevoir la Sainte Eucharistie sans avoir été absous, cette communion ne lui donnerait pas « de la force dans une situation difficile » (sauf peut-être un chimérique réconfort psychologique), mais constituerait plutôt une offense à la sainteté de l’Eucharistie et un véritable scandale, conduisant d’autres personnes à douter de l’enseignement de l’Eglise sur l’indissolubilité du mariage et les dispositions nécessaires pour recevoir dignement la Sainte Communion.

Ceux qui ont pris la fatale décision de contracter un second mariage forcément invalide ont besoin de nos prières et de notre encouragement pour réformer leur vie selon les exigences que le Christ Lui-même nous a imposées. La proposition du cardinal Kasper est en contradiction directe avec l’interprétation par l’Eglise de ces exigences.

En tant que telle, elle vient vraiment troubler le débat que le Synode doit tenir sur la manière d’aider les catholiques divorcés et remariés à rencontrer à nouveau le Christ – et à adhérer avec amour aux exigences de son Evangile. »

Ref : Le refus de la communion réveille les consciences

JPSC 

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