« La vérité ne se réduit pas à des formules, mais elle est contenue dans les formules » (19/10/2014)

Lu aujourd’hui sur le site de « Famille chrétienne » :

« L’Église doit-elle modifier son langage pour être mieux comprise ? Éléments de réponse avec Norberto González Gaitano, professeur d’opinion publique à l’Université pontificale de la Sainte-Croix et coordinateur du groupe de recherche international Family and Media.

Au cours du Synode sur la famille, il a été plusieurs fois question d’adapter le langage de l’Eglise afin que sa doctrine sur la famille, le couple et la sexualité soit mieux comprise. La manière dont l’Eglise s’exprime est-elle un frein à l’acceptation de son enseignement ?

Il faut distinguer les textes du Magistère, ceux de la prédication et les témoignages. Les textes du Magistère sont très beaux et très vrais, pensons à Gaudium et spesFamiliaris consortio ou encore à l’encyclique Caritas in veritate. Mais personnellement, je ne connais personne qui ce soit converti par les textes du Magistère, à la différence de la Bible.
Le problème se trouve au niveau du langage de la prédication et du témoignage. Prenons un exemple. Autrefois, dans la prédication, il y avait peut-être trop d’insistance sur l’impureté, et pas assez sur la chasteté. Aujourd’hui encore, les prédicateurs ne parlent pas assez de la chasteté, et n’expliquent pas suffisamment cette vertu qui préserve l’amour de la corruption. Nous pourrions dire la même chose sur l’amour. L’amour peut être sentiment, l’amour peut être sexualité, l’amour peut être amitié, l’amour peut être sentimentalisme, mais dit-on suffisamment que l’amour, c’est d’abord se donner soi-même. Savons-nous l’expliquer ? S’il est difficile de se convertir à travers des textes, il est en revanche plus facile de le faire à travers des témoignages proches, mais des témoignages qui montrent concrètement ce qu’est l’amour, la famille ou encore la sexualité.

Certains participants au Synode ont émis le souhait de modifier des expressions comme « intrinsèquement désordonnés » ou « péché grave ». Si l’Eglise changeait certaines formulations, son message passerait-il mieux ?

On parle trop du langage. Le problème ne vient pas du langage, mais de la compréhension de la substance des choses. La vérité ne se réduit pas à des formules, mais elle est contenue dans les formules. Si je possède la vérité que quelques formules renferment, je possède la vérité et non ces formules. Mais si la personne n’est pas possédée par la vérité vers laquelle pointent les formules, elle ne sera pas en mesure de l’exprimer avec ses propres paroles. Elle risque alors de répéter des slogans, des stéréotypes, une doctrine morte. Il faut s’approprier la vérité recueillie dans les formules pour en témoigner. 

Les médias s’intéressent surtout à ce qui est écrit dans les textes du Magistère. N’ont-ils pas une part de responsabilité dans le rejet du vocabulaire utilisé par l’Église ?

Les médias reflètent la culture dominante, c’est-à-dire une culture hypersexualisée. Si nous voulons changer la culture des médias, nous devons d’abord changer les familles, changer les personnes, changer la culture. Pour présenter la vérité de l’Évangile, il faut la présenter de façon à ce que les personnes se sentent attirées, car tout le monde cherche la beauté et la vérité. Prenons exemple sur saint Jean-Paul II. Devant le problème de compréhension créée par l’encyclique Humanae vitae, il a développé ses catéchèses sur la théologie du corps et fondé l’Institut de la famille Jean-Paul II à travers le monde. Il n’a pas dissimulé le message de Paul VI, il l’a magnifié.

Est-il possible de modifier le langage de l’Eglise sur la famille sans diminuer la portée/la force de son enseignement ? Ne risque-t-on pas de tomber dans un certain relativisme ?

C’est un risque, parce qu’aujourd’hui les paroles ne signifient pas la réalité pour beaucoup de personnes. Or, les paroles ont des conséquences. Si les paroles ne signifient rien, elles n’ont pas de conséquences. Par exemple, quand je dis « je promets », je ne dis pas seulement une chose, mais je fais une chose. Quand les paroles se réfèrent à une action humaine, elles permettent de régler les relations humaines.

L’Eglise doit-elle adapter ses méthodes de communication aux nouvelles technologies et aux mass medias ?

Elle doit les utiliser mais avec intelligence et professionnalisme, et spécialement dans les domaines de la littérature, du cinéma, de la culture… L’Église doit rallumer l’espérance chez les personnes ! Pour cela, il faut former les pasteurs et les fidèles qui s’occupent de la pastorale familiale.

Antoine Pasquier »

Ref. « La vérité ne se réduit pas à des formules, mais elle est contenue dans les formules »

 JPSC

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