Une fausse image du pape véhiculée par les médias ? (19/10/2014)

C'est la thèse défendue par Paul Kengor*, comme on peut le lire sur France Catholique :

L’aura progressiste du pape François 

Les médias laïques progressistes s’acharnent à essayer de fabriquer une image progressiste du pape François à leur ressemblance. Encore un peu de temps, semblent-ils dire, et le pape permettra bientôt aux catholiques divorcés et remariés de recevoir la sainte communion et aux homosexuels de se marier à l’église, ordonnera des homosexuels et des femmes, approuvera les injonctions des Health and Human Services [notamment sur la contraception] et Dieu sait quoi encore.

C’est une image persistante, pernicieuse et exaspérante que les progressistes diffusent dans les médias avec désinvolture. Presque chaque action ou déclaration du pape François est déformée pour refaçonner l’homme et donc aussi son Eglise à l’image que ces médias ont de lui. Il est leur pape à eux, leur incarnation de Vatican II. Ils plaquent sur lui le type d’Eglise catholique romaine qu’ils veulent.

C’est une acrobatie, souvent obscène parce qu’à l’évidence risible et grossière. Elle contredit la personnalité d’un homme qui est tout simplement et sans restrictions un catholique romain fidèle et traditionnel. Il suffit de prendre l’une des innombrables déclarations du pape sur le diable, le péché, l’embryon, le Catéchisme de l’Eglise catholique, les anges et les archanges, ou même le mariage homosexuel qu’il présente littéralement comme une oeuvre de Satan pour se convaincre que la qualification de « progressiste » selon les médias ne s’applique aucunement à cette personnalité.
 
En fait, bien au contraire, le pape François a caricaturé ce qu’il appelle le « progressisme adolescent », attitude qui, d’après lui, recommande toujours, au moment de prendre une décision, de suivre le courant au lieu de rester fidèle à ses propres traditions. Il a mis en garde contre cet « esprit d’attachement au monde » qui pousse « à être comme un chacun ». Cet avertissement lancé par le pape François est, en fait, résolument conservateur (et catholique), et certainement pas du tout progressiste.Et pourtant, toutes ces pensées du pape François sont vivement rejetées et ignorées par les laïcs progressistes qui veulent que le pape les approuve et soit l’un d’eux. (On ne comprend pas toujours pourquoi ils veulent l’approbation du chef d’une Eglise qu’ils n’apprécient pas beaucoup). Ils s’approprient et manipulent ses paroles et ses intentions dans le sens qui convient le mieux à leurs desseins.
Ces faux témoignages portés contre la personne du pape François sont déjà mauvais en et par eux-mêmes. Mais ils présentent au moins deux autres aspects qui les rendent particulièrement insidieux et ont des ramifications très étendues pour l’Eglise et ses fidèles :Tout d’abord, comme nous le voyons déjà, les prêtres catholiques et les paroissiens loyaux qui continuent à défendre bravement les enseignements de l’Eglise sur des questions culturelles controversées et passionnelles qui prévalent à l’heure actuelle sont en butte à l’hostilité des catholiques libéraux, des catholiques infidèles et des non-catholiques. Ils sont dans la ligne de mire. Ils sont réellement mal en point. On leur dit qu’ils ne sont pas comme le pape François et donc qu’ils sont dans leur tort.
 
C’est ce qui se passe à présent et c’est un très gros problème.Franchement, mon principal souci en ce qui concerne le pape François, si je peux m’exprimer ainsi (il a dit lui-même qu’il acceptait les critiques), c’est que lui et ses plus proches collaborateurs n’ont pas assez fait pour rectifier ces interprétations erronées et préjudiciables de sa personne et la manière dont ces interprétations erronées sont exploitées pour blesser et déstabiliser les fidèles de l’Eglise. Il est sûrement conscient de ces déformations de la vérité et de leurs conséquences.Le deuxième problème se posera dans un (proche) avenir : quand le pape François quittera la papauté, ce qui, selon lui, pourrait se produire beaucoup plus tôt que bien d’entre nous ne l’imaginaient, son successeur sera violemment attaqué par les progressistes comme l’anti-François.
 
Son successeur, s’il est un catholique fidèle, sera présenté comme un ogre réactionnaire, un rétrograde, un pape au goût de Rush Limbaugh [animateur de radio et éditorialiste politique américain connu pour ses positions conservatrices], le pontife des Républicains, un nouveau Ratzinger, un nouveau Rottweiler droitiste [Benoît XVI a été surnommé God’s Rottweiler], un nouveau Grand inquisiteur, un homophobe étroit d’esprit et intolérant, prêt à lancer une nouvelle campagne contre les homosexuels et les femmes.
 
« C’est si triste », nous répéteront les médias progressistes, « le pape François était en train de sauver l’Eglise catholique, de la faire entrer dans le XXIe siècle, mais c’était inacceptable pour les vieilles barbes. Maintenant, ils nous ont donné un nouveau pape Benoît. Quel dommage ! »Le nouveau pape aura du pain sur la planche. Il sera sur la sellette. Il aura l’écrasante tâche de promouvoir fidèlement les enseignements historiques de l’Eglise (comme l’a fait le pape François) tout en réussissant à inspirer le respect aux médias internationaux et à ne pas encourir le ridicule. Et, comme nous le savons, certains catholiques progressistes ne manqueront pas de grossir les rangs des détracteurs.
 
Tel est le contexte novateur et laïc actuellement mis en scène. Le portrait que les partisans du progressisme font du pape François à leur ressemblance est un phénomène vraiment destructeur dont les conséquences à venir sont d’une portée considérable. Il ne peut probablement être dissipé et inversé que par le pape François lui-même. Malheureusement, je crains que corriger les interprétations erronées que d’autres ont de sa personne ne soit pas sa priorité.
 
Vendredi 10 octobre 2014— 
 
* Paul Kengor est professeur de science politique à Grove City College. Son ouvrage le plus récent est Eleven Principles of a Reagan Conservative. Parmi les autres titres on peut citer : Dupes : How America’s Adversaries Have Manipulated Progressives for a Century et The Judge : William P. Clark, Ronald Reagan’s Top Hand (Ignatius Press).
 
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