Paul VI : le miracle d’Humanæ vitæ (20/10/2014)

De Philippe Maxence, directeur de la rédaction du bimensuel « L’Homme Nouveau », ce 20 octobre 2014 :

« Le pape Paul VI a été béatifié, dimanche, au terme du Synode sur la famille, éclairant ainsi pour le présent la portée et la force de son encyclique Humanæ vitæalors que le miracle reconnu pour cette béatification concerne justement un enfant à naître.

 À vrai dire, un autre miracle du pape Paul VI a eu lieu bien avant l’ouverture de l’enquête en vue de sa béatification et même bien avant sa mort. On peut même le dater d’un jour précis. Lequel ? Le 25 juillet 1968, exactement. Ce jour-là, Paul VI signa officiellement à Rome l’encyclique Humanæ vitæ (la vie humaine) sur le mariage et la transmission de la vie.

Une année difficile

L’année avait été chaude et difficile. De plusieurs coins de la planète, les étudiants avaient jeté par terre l’ancien monde, croyant que l’on pouvait quitter le passé comme on enlève un jean. Désormais, les barrières étaient interdites, les frontières suspectes, les limites inquiétantes. La politesse et la courtoisie elles-mêmes tombaient sous ce coup de boutoir. Le monde, désormais, était libre. Et, c’est cette année-là que Paul VI choisit pour publier, non pas une encyclique, mais un coup de tonnerre magistériel. Non pas une simple lettre adressée à la chrétienté, mais un miracle.

Le mot paraîtra exagéré à ceux qui jugent des affaires de l’Égli­se selon l’air du temps. Car, c’est peu dire qu’Humanæ vitæ ne fut pas acceptée. Le monde cria au scandale. Mais, après tout, c’était normal de sa part. Des épiscopats entiers firent la sourde oreille et vidèrent l’encyclique de son contenu et de sa portée. Cette réaction était plus inquiétante en même temps qu’elle était révélatrice de la décomposition du catholicisme (…).

Toujours aussi prophétique

Près de cinquante ans après la parution d’Humanæ vitæ, l’encyclique de Paul VI se révèle pourtant toujours aussi prophétique. En soi, elle n’a redit que l’enseignement traditionnel de l’Église. On peut seulement lui reprocher de l’avoir fait trop tardivement, après avoir confié à un comité d’experts des travaux préalables sur ce sujet. Le temps passé entre l’annonce de cette possible révision de la position de l’Église, la remise des conclusions des experts (majoritairement favorables à la contraception d’ailleurs) et la parution de l’encyclique aura suffit à installer des pratiques contraceptives chez les fidèles catholiques.

Il n’empêche que ce rappel de l’enseignement profondément humain de l’Église a permis par la suite au pape Jean-Paul II de développer sa théologie du corps et de montrer la profonde libération que représente pour les chrétiens la fidélité à la doctrine de l’Église. Le 10 mai 2008, évoquant les 40 ans de cette encyclique, le pape Benoît XVI déclarait : « Ce qui était vrai hier, reste également vrai aujourd’hui. La vérité exprimée dans Humanæ vitæ ne change pas ; au contraire, précisément à la lumière des nouvelles découvertes scientifiques, son enseignement se fait plus actuel et incite à réfléchir sur la valeur intrinsèque qu’il possède. »

Il y a un miracle d’Humanæ vitæ qui est le grand rappel de la loi naturelle et de l’indéfectibilité de l’Église. C’est pourquoi, à l’heure où le pape Paul VI est déclaré bienheureux il nous a semblé nécessaire de reproduire en totalité cet enseignement important. Il faut prendre le temps de le lire et de le faire connaître, même si ce texte paraît long (apparence trompeuse) à nos yeux d’hommes pressés (cf. p. 24).

Hasard ? C’est le miracle de la guérison d’un enfant à naître qui a permis cet évènement qui a eu lieu (autre signe) au terme du Synode sur la famille. Il éclaire également de manière significative les discussions engagées au sein de ce dernier. Les échos qui nous parviennent montrent une réelle confusion, même chez des cardinaux dont la robe rouge témoigne de leur vocation au martyre. Nous sommes pour une parole claire et contre toute forme de libéralisme, économique ou philosophique, politique ou théologique. Nous croyons à la vertu des limites et au bien-fondé d’un langage sans détour. Nous savons que l’Église doit imiter son divin Maître qui est signe de contradiction aux yeux du monde.

Signe de contradiction

Face à la notion de divorce que certains veulent subtilement faire entrer dans l’Église, nous nous souvenons de la parole du pape Paul VI exprimée dans Humanæ vitæ. Ce texte fut, lui aussi, un signe de contradiction comme le remarquait en 2008 Benoît XVI, qui ajoutait : « Élaboré à la lumière d’une décision difficile, il constitue un geste significatif de courage en réaffirmant la continuité de la doctrine et de la tradition de l’Égli­se. » À nos pasteurs, nous ne demandons pas autre chose que ce courage.

1. Prêtre rejeté, DMM, 1990, p. 125.

Ref. Paul VI : le miracle d’Humanæ vitæ

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