Témoignage : la Passion de saint Jean Paul II (25/10/2014)

Du « sportif de Dieu » au « serviteur souffrant » jusqu’au bout à la face d’un monde qui réclamait sa « démission », quel pape nous a le plus convaincu ? Pour moi, s'il fallait choisir, le choix serait vite fait. Le témoignage apostolique du second me paraît bien plus  « efficace » que toutes les aptitudes physiques et intellectuelles attribuées au premier par le Cardinal Marty au « Parc des Princes » à Paris en 1980.

Sur le site « aleteia », Philippe Oswald revient sur la Passion de Jean-Paul II, figure exemplaire de Jésus crucifié pour notre temps.  Sans être un intime du saint pape, il a eu la grâce de l’approcher en diverses circonstances au long de ses presque 27 ans de règne :

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Témoignage : la Passion de saint Jean Paul II

Sans être un intime du saint pape, j’ai eu la grâce de l’approcher en diverses circonstances au long de ses presque 27 ans de règne. J’ai rencontré le « sportif de Dieu » et le serviteur souffrant.

Avoir connu un saint, se souvenir de sa voix, de ses paroles, de son contact, c’est une grâce plus fréquente qu’on ne se l’imagine. Evidemment, quand celui-ci était un pape, et sans doute le plus célèbre des successeurs de saint Pierre, on risque moins de passer à côté.

Le « sportif de Dieu »

En cette première fête liturgique de saint Jean Paul II, canonisé par le pape François le 27 avril dernier, quels sont mes souvenirs les plus marquants ? Son élection, bien sûr, si surprenante, enthousiasmante, le premier pape slave, un polonais, un héros bravant le rideau de fer et lançant au monde entier : « N'ayez pas peur ! », mais c'était devant la télévision... Ensuite, sans intermédiaire, sa première visite apostolique en France, du 30 mai au 2 juin 1980. Il était alors rayonnant de force et de santé, et le cardinal Marty l’avait présenté aux jeunes réunis au Parc des princes comme « le sportif de Dieu ». Privilège de journaliste, je le voyais de près pour la première fois à l’UNESCO : quelle prestance, quel éclat, quel rayonnement émanait de cet homme en blanc  qui nous consolait d’avoir perdu ses deux prédécesseurs de maladie au cours de l’été 1978. Un pape pouvait donc être jeune et en pleine forme !

Dynamisme, humour, joie communicative, prodigieuse aisance d’élocution dans de multiples langues, Jean Paul II entreprenait sa centaine de voyages en nous rendant la fierté d’être catholiques. Quel leader mondial pouvait rivaliser avec lui ? En outre, ce grand frère était un père, spécialement pour nous, jeunes familles, qui prenions tout à coup la première place dans l’Eglise quand nous l’entendions dire et redire que la nouvelle évangélisation passait par la famille, «route de l'Eglise». Si cela nous paraît aujourd’hui une évidence, c’est à Jean Paul II que nous le devons. Le coup de génie des JMJ amplifia ce bain de jouvence, suscitant chez les moins de trente ans d’innombrables vocations sacerdotales, religieuses, et familiales.

Le serviteur souffrant

Dix-sept ans plus tard, à Rome, après l’avoir suivi dans plusieurs de ses voyages, je lui étais présenté par le cardinal Lopez Trujillo à l’issue d’une rencontre du Conseil pontifical pour la famille. Son dos puissant s’était voûté. Il accusait le poids de sa charge, aggravé par l’attentat de la place Saint-Pierre (13 mai 1981) et par diverses opérations chirurgicales. Mais ce qui m’a surtout marqué, c’est sa poigne ! Il m’a en effet empoigné le bras et ne l’a pas lâché pendant les quelques minutes de l’entretien. Dix-sept ans, de nouveau, ont passé, et je ressens encore cette étreinte … C’est flatteur, bien sûr, un pape qui vous traite en intime ! Mais j’ai compris ensuite, en le voyant marcher avec une canne, que Jean Paul II ressentait déjà en 1997 les vertiges et pertes d’équilibre de la maladie de Parkinson qui devait l’emporter huit ans plus tard. J’avais soutenu le pape…

C’est un vieillard courbé que je devais revoir en tête à tête l'année suivante, puis, avec les journalistes, à l’occasion du jubilé de l’an 2000. Après le dos, la nuque s’était affaissée. Il fallait se pencher pour rencontrer son regard. Mais la lumière était là, mieux qu’intacte, intense, profonde, comme intériorisée.

Les Français ont pu être témoins de l’avant-dernier acte de la passion de Jean Paul II, huit mois avant sa mort, lors de son dernier voyage à Lourdes, le 15 août 2004, pour la fête de l'Assomption, en l'année du 150ème anniversaire de la promulgation du dogme de l'Immaculée Conception. J’écrivais alors dans Famille Chrétienne : « Le pèlerinage du vieux pape souffrant dans la Cité mariale restera dans l’histoire de l’Eglise et dans celle de la France comme un de ces actes d’héroïsme qu’inspire un motif plus élevé que les considérations terrestres, un parce que supérieur à tous les pourquoi. La formidable énergie qu’il lui aura fallu déployer en luttant contre l’épuisement et contre la paralysie, est un acte de foi plus éloquent encore que ses prières et ses discours, auxquels ne manquaient pourtant ni la force, ni la gravité. Les médecins qui connaissent la maladie de Parkinson et les effets implacables de son évolution ont été saisis par la performance. »

« Unie à celle du Christ, la souffrance humaine devient un moyen de salut »

Quelques mois plus tard, c’était l’agonie suivie en direct de la Place Saint-Pierre par les medias du monde entier. Un « bien mourir » chrétien, aux antipodes du « mourir dans la dignité » de l’euthanasie. En assistant à ses derniers instants avec les fidèles massés Place Saint-Pierre, bien des commentateurs et des téléspectateurs que laissaient incrédules ou même qu’offusquaient cette marche à la mort à la face du monde, ont alors compris que le pape  voulait sceller par sa mort les actes et les paroles de toute sa vie. Lui-même en avait donné le sens vingt ans plus tôt, dans sa magnifique Lettre apostolique Salvifici Doloris.  Non seulement « personne n’a le droit de supprimer une personne qui souffre », mais « unie à celle du Christ, la souffrance humaine devient un moyen de salut », soulignait Jean Paul II. Affirmation scandaleuse d’un point de vue strictement humain, reconnaissait le Pape : en elles-mêmes, la douleur et la maladie sont des maux qu’il faut combattre, et des réalités obscures jusqu’à paraître absurdes. Mais bien que la souffrance ne cesse pas pour lui d’être redoutable, le chrétien en pénètre davantage le mystère. La croix du Christ, contemplée avec les yeux de la foi, nous la rend familière et, au sens fort, aimable. N’est-ce pas ainsi qu’Il nous a sauvés et n’est-ce pas par ce chemin privilégié qu’Il nous appelle tôt ou tard à Le suivre ?

« L’Evangile de la souffrance avec lequel il faut préparer l’avenir »

Jean Paul II nous avait préparés lui-même à accueillir ses propres épreuves comme un passage obligé de la Bonne Nouvelle : « Le pape doit souffrir, confiait-il lors de l’une de ses hospitalisations, pour que chaque famille et le monde entier voient que c’est un Evangile supérieur, dirais-je : l’Evangile de la souffrance, avec lequel il faut préparer l’avenir. » (29/05/1984). En définitive, c’est au « mystère de la Croix qui donne pleinement son sens à l’existence humaine » (message de Carême 2005) et donc à l’unique Passion rédemptrice que le vicaire du Christ, à travers ses souffrances, nous avait unis.

Quelques mois après sa mort, un signe nous était donné de la puissance salvifique de sa souffrance offerte : sœur Marie Simon-Pierre,  une religieuse française, Petite sœur des maternités catholiques - une congrégation aux avant-postes de l’Evangile de la vie- témoignait publiquement avoir été guérie, par l’intercession de Jean Paul II, de cette même maladie de Parkinson qui venait d'emporter ce grand pape.  

Ref. Témoignage : la Passion de saint Jean Paul II

JPSC

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