Le cardinal Sarr, archevêque de Dakar, a ses réserves sur le récent synode « extraordinaire » sur la famille (14/11/2014)

theodore_cardinal.gifLe cardinal, archevêque de Dakar, revient sur les défis de l'Église d'Afrique évoqués avec le Pape lors de sa récente visite « ad limina » chez le pape François. Lu sur le site de « La Vie » :

« En visite ad limina avec les évêques du Sénégal, de Mauritanie, du Cap-Vert et de Guinée-Bissau, le cardinal Théodore-Adrien Sarr, archevêque de Dakar, au Sénégal, évoque les défis de l’Église en Afrique dans une interview à I.Media, citée par l’agence Apic.

Le cardinal Sarr reconnaît les difficultés posées à l’Afrique par le récent synode sur la famille, dont les débats ont parfois mis en lumière les écarts entre les préoccupations de l’Occident et du Continent africain. « En effet, car il faut comprendre que les préoccupations sociales de l’Occident aujourd’hui ne sont pas forcément les nôtres », avance-t-il.

Le cardinal regrette par exemple la place tenue par la question de l’homosexualité.« L’Occident ne doit pas nous imposer sa vision actuelle de l’homosexualité. Nos peuples savent que l’homosexualité existe, ils gèrent cela à leur manière, mais on sent aujourd’hui une pression pour une dépénalisation de l’homosexualité », affirme-t-il. « Chacun a ses options, mais je ne suis pas d’accord avec le fait de présenter cela comme le nec plus ultra de l’évolution et du progrès de l’humanité. » 

Au sujet du mariage, la question en Afrique se concentre surtout sur la polygamie. « Si la question des divorcés remariés commence à être importante dans nos pays, le premier problème, chez nous, c’est l’accueil des polygames qui veulent devenir chrétiens, ou qui veulent épouser un ou une catholique », explique le cardinal. 

Islam et animisme

Évoquant « la présence massive de l’islam dans cette sous région de l’Afrique de l’Ouest », le cardinal a estimé que les relations étaient bonnes avec la communauté musulmane. « Nous avons dit (au Pape) que, jusqu’à présent, les relations sont bonnes, que nous ne sommes pas inquiets, mais que l’on peut se poser des questions sur l’avenir étant donné l’offensive des islamistes un peu partout, et surtout en Afrique de l’Ouest avec ce qui se passe au Mali et au Nigeria », explique le cardinal.

S’il ne ressent pas de menace des fondamentalistes, le cardinal a fait part de l’importance du respect de la laïcité dans les pays d’Afrique sub-saharienne. « Il faut que la diplomatie vaticane soit très attentive à encourager les Etats africains, au Sud du Sahara, à maintenir coûte que coûte leur option pour un Etat non confessionnel, une laïcité positive pour ainsi dire. Cela afin que toutes les communautés soient reconnues et libres de pratiquer », plaide-t-il. 

Autre défi abordé par le cardinal Sarr, la place de l’animisme. « En lui-même, l’animisme ne constitue pas un danger, précise-t-il. Mais nous ne faisons pas attention à ce qui reste d’animisme en nous (…) Que nous soyons musulmans ou catholiques, il y a un fort héritage qui est en nous. Il faut dénoncer cette foi dans des forces occultes car pas mal de monde continue à s’y fier. A mon sens, il y a encore des ruptures à faire avec cet animisme présent en chacun de nous. » 

Ref. Cardinal Sarr : "Les préoccupations sociales de l’Occident ne sont pas forcément les nôtres"

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JPSC

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