Djihadisme : vaincre le mal par le bien (05/12/2014)

Un éditorial d’Aymeric Pourbaix dans l’hebdomadaire « Famille chrétienne » de cette semaine : plaidoyer pour sortir de l’analphabétisme chrétien. Comme dit justement un proverbe chinois : « le poisson périt toujours par la tête »…

«Occupez-vous des jeunes, ou ils s’occuperont de vous ! » Jamais l’adage de Don Bosco n’a semblé autant d’actualité qu’en ces temps où la France regarde avec stupeur ses propres fils transformés en djihadistes barbares. Y compris ceux qui, comme Maxime Hauchard, 22 ans, ont été au catéchisme. Né de parents chrétiens, mais non pratiquants, il avait fait sa première communion et sa profession de foi, avant de se convertir à l’islam, pour ressembler aux superhéros hollywoodiens.

 Mais face au défi du djihadisme, la stupéfaction ne peut être le dernier mot. Psychiatres et spécialistes de la lutte contre les sectes sont convoqués, afin de « déradicaliser » ces jeunes Français. Fort bien. Mais la radicalisation est-elle une maladie, un « virus », et si oui, quelle partie de l’homme concerne-t-elle : son intel­ligence, sa psychologie, son âme ? Faut-il des cellules de décontamination, une thérapie, des groupes de partage comme les Alcooliques anonymes ? Autant d’interrogations qui reflètent le désarroi moderne, symptôme de notre difficulté de nommer correctement le mal… et donc d’y répondre.

Le mal, c’est aussi le manque d’idéal de notre propre société occidentale.

Le mal, en l’espèce, ne consiste pas seulement en la fausseté de l’idéal recherché par ces jeunes – le paradis d’Allah. Le mal, c’est aussi le manque d’idéal de notre propre société occidentale. À Strasbourg, le pape François a d’ailleurs remis les pendules à l’heure « C’est l’oubli de Dieu, et non pas sa glorification, qui engendre la violence ».

On ne détruit bien que ce qu’on remplace. Notre société, faute de nommer Dieu et de lui donner la première place, se prive en définitive de la seule véritable réponse à la hauteur de l’enjeu. De nos jours, disait Gustave Thibon, « il faut mettre Dieu tout entier dans la balance pour pencher du côté du bien. » Il est tout aussi nécessaire, dans un contexte de pluralisme religieux, d’affirmer clairement de quel Dieu il s’agit.

Ce qui suppose un enseignement solide des vérités de la foi , pour sortir d’un certain « analphabétisme » chrétien, selon l’expression de Benoît XVI. C’est-à-dire d’une attitude extérieure et sentimentale, qui n’implique pas une adhésion ferme à ces vérités enseignées par l’Église. Attitude que l’on perçoit, par exemple, dans des documentaires ou films récents qui présentent la vie religieuse en omettant de mentionner sa source : la vie en Dieu.

Dans une lettre célèbre, saint François Xavier, patron des missions, exprimait son désir de parcourir les universités d’Europe, et d’abord celle de Paris, pour « hurler partout d’une manière folle » : « Hélas, quel nombre énorme d’âmes, exclu du ciel par votre faute, s’engouffre dans l’enfer ! ». Par ces paroles de feu, le jésuite voulait susciter des apôtres parmi des étudiants qui avaient, disait-il, plus de « doctrine que de charité » missionnaire. Aujourd’hui, il semble que les deux soient devenues aussi nécessaires l’une que l’autre.

Ref. Djihadisme : vaincre le mal par le bien

JPSC

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