Renonciation de Benoît XVI, deux ans déjà : les raisons d’un collapsus (11/03/2015)

Du Père Santiago Martin, fondateur des Franciscains de Marie (Madrid ), lu en traduction sur le site « Benoît et moi » (extraits) :

benoit-xvi-360x200_article_large.jpg« Il y a un vieux dicton espagnol qui exprime la surprise et l’incrédulité que l’on éprouve quand quelqu’un applaudit une autre personne, en particulier si celle-ci ne peut pas le récompenser. « Contre qui va l’éloge ? », se demande l’auditoire, méfiant. Aujourd’hui je veux faire l’éloge du Pape Benoît XVI, Pape émérite, encore vivant, Dieu merci, alors que se sont passés deux ans depuis sa renonciation à l’exercice du gouvernement de l’Ėglise. Et cet éloge, Dieu le sait bien, ne va contre personne ; c'est-à-dire, qu’il ne va pas contre l’actuel Souverain Pontife, le Pape François.

Je fais l’éloge de son prédécesseur, parce que je l’ai aimé et je l’ai admiré. Je fais son éloge parce qu’aujourd’hui presque personne ne le fait. Je fais son éloge parce que je crois qu’il le mérite, car je suis convaincu qu’il a été le pape le plus brillant, du point de vue théologie, de l’histoire de l’Église. Et, en dernier, comme l’on dit à Madrid, ma terre à moi, je fais son éloge « parce que j’en ai envie »¨[…]. 

C’est le 28 février 2013 qu’il s’est reclus à Castelgandolfo, donnant effet à la renonciation au Pontificat qu’il avait annoncée le 11 février précédant. Je ne me suis pas réjoui. Je ne l’ai pas compris. Je continue à ne pas me réjouir et je continue à ne pas le comprendre. Mais je l’ai accepté car je suis sûr que Benoît l’a fait non seulement parce que sa conscience lui demandait mais parce que c’était mieux pour l’Ėglise en ce moment si difficile. J’ai déjà dit, à d’autres occasions, que je suis convaincu de la validité de sa renonciation et, par conséquent, de la légitimité de l’actuel Pape régnant. Mais cela ne signifie pas que la dite renonciation ne m’a pas fait mal et que ne je pense pas que cette renonciation ait été menée à son terme au milieu d’un processus de harcèlement et de démolition contre Benoît. C’est évident qu’ils en avaient contre lui. Et s’il a décidé, librement, de laisser l’exercice de sa charge, cela a été pour le bien de l’Église, mais non parce qu’il devait le faire de façon naturelle, comme si c’était sa mauvaise santé qui l’avait forcé à le faire. La preuve est qu’il est actuellement vieux et fragile, mais lucide et relativement en bonne santé.

Benoît a été un luxe pour l’Église et pour l’humanité. Surtout pour cette humanité proscrite qui vit en Occident et qui non seulement ne l’a pas compris mais a été celle qui l’a le plus harcelé. Sa lucidité à l’heure d’identifier les problèmes, - il lui suffisait de deux ou trois mots pour synthétiser les concepts les plus abstraits, comme « dictature du relativisme », ou le concept, qu’il nous a donné il y a quelques mois, de « païens baptisés » - le rendait très dangereux pour ceux qui sont en train d’instaurer le Nouvel Ordre Mondial. C’était un médecin qui diagnostiquait avec la précision d’un laser, et cela était insupportable aux maîtres du monde. C’est pour cela qu’ils ont été contre lui, parce que sa lumière éclairait trop. Mais nous, qui aimons la lumière, non pas parce que nous n’avons pas de péchés mais parce que nous préférons savoir que nous les avons que de nous tromper en croyant que nous sommes bons, nous ressentons son absence et nous ne cessons, pas même un seul jour, de le regretter. De le regretter et de prier pour lui, comme il nous l’a demandé en prenant congé.[…]

Ref. BENOÎT XVI, IN MEMORIAM

Original en espagnol: catolicos-on-line.org 

La semaine dernière, l’Union des étudiants catholiques de Liège recevait à l’Université un professeur de sociologie d’une université romaine, admirateur lui aussi de Benoît XVI. Durant les échanges que nous eûmes après sa conférence, il fit exactement la même analyse : sans s’être jamais concerté, naturellement, avec ce religieux espagnol.  

JPSC

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