Séisme au Népal : mais que fait Dieu ? (05/05/2015)

Du site du diocèse d'Ajaccio :

Séisme au Népal : que fait Dieu ?

Editorial de l’Evêque d’Ajaccio

Avec le récent séisme au Népal et son cortège de drames et de souffrances, c’est une nouvelle fois la question du mal qui revient à la surface. Les guerres et les injustices nous scandalisent – si du moins nous résistons à la « tentation de l’indifférence » comme dit le Pape François – mais, au moins, nous pouvons leur trouver une explication. En revanche, lorsqu’il s’agit d’une catastrophe naturelle, notre interrogation demeure et engendre souvent de la révolte. Car si certaines catastrophes proviennent de la négligence de l’homme (dérèglement climatique par exemple), dans bien d’autres cas, sa responsabilité ne saurait être mise en cause.

Nous pouvons nous résigner et accepter la fatalité mais notre nature humaine est ainsi faite que nous avons besoin de comprendre. Et cette quête de vérité, qui en elle-même est bonne, se transforme parfois en besoin de trouver un coupable. La tentation est grande alors de désigner Dieu lui-même. Puisqu’il est le Créateur de toute chose, on peut lui reprocher un vice de fabrication ; puisqu’il est tout-puissant, il est au minimum coupable de non-assistance à personnes en danger.

Notre nature humaine est ainsi faite que nous avons besoin de comprendre

C’est une réaction qu’il faut respecter, surtout lorsqu’elle provient de personnes directement concernées par une catastrophe. Qui pourrait reprocher à des parents ayant perdu leurs enfants à Katmandou de se révolter contre Dieu ? Le livre de Job nous montre d’ailleurs que Dieu lui-même accueille cette révolte. Mais, le moment venu, il nous invite à aller plus loin.

Comment aller plus loin ? En comprenant mieux ? Pour une part oui, et la révélation chrétienne nous éclaire sur ce grand mystère du mal ; pas tant d’ailleurs en l’expliquant qu’en mettant en évidence les fausses explications : non, Dieu n’a pas fait le mal ; non, Dieu ne s’amuse pas à nous faire souffrir ; non, Dieu ne se venge pas de l’homme. La révélation esquisse une explication, en particulier au moyen du récit symbolique de la faute originelle qui affirme que ni l’homme ni Dieu ne sont à l’origine du mal.

Il montre cependant que l’homme a sa part de responsabilité dans le fait que le mal soit entré dans le monde ; une responsabilité qui n’est pas seulement celle de nos premiers parents mais la nôtre dans la mesure où le mal progresse à chaque fois que nous en sommes les complices.

Tout cela peut nous éclairer, mais reste insuffisant. Car lorsque la souffrance nous envahit, ce n’est pas d’explications dont nous avons besoin, mais d’amour. Non pas un amour qui s’imposerait et aurait la prétention de faire taire nos révoltes, mais un amour qui se propose dans la délicatesse d’une brise légère et sous les traits d’un homme lui-même broyé par la souffrance.

La Croix est la réponse de Dieu au scandale du mal

C’est le mystère de la Croix. La Croix est la réponse de Dieu au scandale du mal. Nous pouvons l’ignorer ou la rejeter, mais si nous voulons bien la regarder, elle dévoile un abime de miséricorde dans lequel nous pouvons déposer nos souffrances, nos incompréhensions et nos révoltes. Tel l’enfant consolé dans les bras de sa mère, nous n’y trouvons pas forcément la réponse à toutes nos questions ; mais la puissance de l’amour nous délivre de l’absurdité de la souffrance et nous ouvre un chemin.

Dieu merci, il n’est pas nécessaire d’avoir connu une tragédie pour expérimenter combien l’amour divin console et guérit. C’est une expérience que nous pouvons faire à l’occasion des épreuves « ordinaires » de la vie. Ainsi, peu à peu, nous apprenons à grandir dans la confiance, nous découvrons le pouvoir de la compassion et nous nous sentons portés à prendre soin de ceux qui sont dans l’épreuve. C’est le cercle vertueux de l’amour ; c’est l’annonce, encore voilée, que le mal n’aura pas le dernier mot, que l’Amour manifesté en Jésus-Christ a ouvert au cœur de ce monde meurtri le chemin qui conduit à la Vie. A l’approche de la fête de Pentecôte, invoquons l’Esprit Saint pour qu’il nous guide sur cette voie.

Olivier de Germay, Evëque d’Ajaccio.

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