Nativité de saint Jean-Baptiste (24 juin) (24/06/2015)

À L'EXEMPLE DE JEAN-BAPTISTE, VOIX DE LA PAROLE

Homélie du Pape François (24 juin 2013 - source)

Une Église inspirée par la figure de Jean-Baptiste : qui « existe pour proclamer, pour être la voix d’une parole, de son époux qui est la parole » et « pour proclamer cette parole jusqu’au martyre » de la main des « plus superbes de la terre ». C’est ce qu’a proposé le Pape François au cours de la Messe célébrée dans la chapelle de la Domus Sanctae Marthae, ce matin, lundi 24 juin, fête liturgique de  la nativité du saint, que l’Eglise vénère comme « le plus grand homme né d’une femme ».

La figure de Saint Jean-Baptiste n’est pas facile à comprendre. Lui-même explique qu’il est une voix, une voix dans le désert. Cette voix est sans parole parce que la Parole vient d’un autre. Jésus dit qu’il est l’homme le plus grand qui soit jamais né. Mais si ensuite nous voyons ce qu’il fait et nous pensons à sa vie, nous nous apercevons qu’il est un prophète qui est passé, un homme qui a été grand, avant de finir comme un misérable.

Il est frappant que l’Église choisisse de fêter Jean-Baptiste lors de la période de l’année où les jours sont les plus longs. Or Saint Jean-Baptiste était l’homme de la lumière, l’homme qui portait la lumière, non la sienne mais une lumière réfléchie. Voilà révélée la vocation de Jean-Baptiste : s’anéantir. Et quand nous contemplons la vie de cet homme si grand, si puissant – tous croyaient qu’il s’agissait du Messie –, quand nous voyons comment cette vie s’anéantit jusqu’à l’obscurité d’une prison, nous contemplons un mystère immense. En effet, nous ne savons pas comment se sont passés ses derniers jours. Nous savons seulement qu’il a été tué et que sa tête a fini sur un plateau comme le grand cadeau d’une danseuse à un adultère. Je crois qu’on ne peut pas aller plus bas que cela, s’anéantir plus.

Dans la prison avant son supplice, Jean-Baptiste a connu des doutes. Il avait même appelé des disciples pour qu’ils se rendent auprès de Jésus afin de lui demander si vraiment il était le Messie. Cette obscurité, la douleur de sa vie, même cela ne lui a pas été épargné. La figure de Jean me fait tant penser à l’Église. L’Église existe pour proclamer, pour être la voix d’une Parole, de son époux qui est la parole, pour proclamer cette Parole jusqu’au martyre de la main des plus superbes de la terre.

Pourquoi Jean est-il saint ? Jean-Baptiste pouvait se vanter, se sentir important, mais il ne l’a pas fait : il indiquait seulement, il se sentait la voix et non la parole. Cela est, le secret de Jean. Il n’a pas voulu être un idéologue. Il a été un homme qui s’est nié lui-même, pour que la parole grandisse. Voilà alors l’actualité de son enseignement : nous, comme Église, nous pouvons aujourd’hui demander la grâce de ne pas devenir une Église idéologisée, pour être en revanche seulement « l’Église qui écoute religieusement la parole de Jésus et la proclame avec courage », comme le dit la constitution conciliaire sur la révélation divine ; une Église sans idéologie, sans vie propre ; une Église qui est tel le « mystère de la lune », qui prend la lumière de son époux et qui doit abaisser sa propre lumière pour que ce soit la lumière du Christ qui resplendisse. Le modèle que nous offre aujourd’hui Jean est celui d’une Église toujours au service de la Parole ; une Église qui ne prend jamais rien pour elle-même.

Demandons la grâce de ne pas considérer l’Évangile comme une propriété, d’être seulement une Église qui soit une voix qui indique la Parole, et ce jusqu’au martyre.

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