Année Sainte de la Miséricorde : pourquoi et comment gagner l’Indulgence plénière (15/02/2016)

Dans le document par lequel François proclame l’Année Sainte de la Miséricorde, le pape nous invite à recevoir l’indulgence plénière liée à cette Année. Mais  qu’est-ce qu’une indulgence? En ce début de carême, un rappel par l’abbé Stéphane Seminckx sur le site  « didoc.be » :

« L’Eglise est l’instrument voulu par Dieu pour notre salut, pour notre conversion. Par elle, nous passons de la mort à la vie, à la vie nouvelle de la grâce, dans le Christ. Deux sacrements sont appelés « sacrements des morts », précisément parce qu’ils nous délivrent de la mort en nous faisant participer de la résurrection du Seigneur. Il s’agit des sacrements de baptême et de réconciliation.

Dans le premier, nous sommes sauvés dans la foi de l’Eglise et lavés de la faute du péché originel (et de nos péchés personnels si nous recevons ce sacrement après l’âge de raison). Dans le second, il s’agit d’une démarche personnelle de conversion, de purification du cœur, dans laquelle nous confessons à Dieu nos fautes, nous demandons pardon pour elles et nous nous proposons de lutter sincèrement en vue de nous améliorer. Le Christ nous pardonne alors par l’intermédiaire du prêtre. Celui-ci nous impose une pénitence.

Pourquoi cette pénitence ? L’Eglise opère une distinction entre le pardon de la faute et la remise de la peine encourue pour la faute. La faute est toujours pardonnée, dans toute confession bien faite. Et cette même confession lève la peine éternelle éventuellement encourue pour un péché grave.

Mais tout péché entraîne aussi une peine temporelle. Pourquoi ? Nous l’oublions trop souvent : commettre le mal — le péché —, non seulement offense Dieu et occasionne souvent un dommage aux autres, mais en outre ce mal nous rend mauvais. Le péché provoque des dégâts dans notre monde intérieur. Il cause également un dommage dans les pensées et le comportement des autres, en vertu de la « communion des saints », cette mystérieuse solidarité de tous les membres de l’Eglise, qui, dans le Christ, forment un seul Corps, de telle sorte que les péchés et les mérites des uns ont une répercussion — négative ou positive — sur les autres (on peut comparer ce « mécanisme » à la loi des vases communicants : si un vase se remplit, tous les autres voient leur niveau augmenter ; si un vase se vide, le niveau des autres baisse également).

 

Il faut réparer ces dégâts, qui sont comme les cicatrices de nos blessures, déjà guéries par la confession. Nous le faisons par la pénitence : celle qui est imposée par le prêtre, qui, dans sa mansuétude paternelle, nous invite généralement à une courte prière ou à un petit sacrifice ; celle qui nous est imposée par les événements (les contrariétés, les souffrances et les épreuves de la vie) et que nous nous efforçons d’accepter volontiers en union à la souffrance et à la mort rédemptrices du Christ ; celle dont nous avons l’initiative, à travers l’aumône, le jeûne et la prière (les trois principales œuvres de pénitence du temps de Carême) ; enfin, celles que nous subirons au purgatoire, si nous mourons sans avoir expié toute la peine temporelle pour nos péchés ici sur terre.

Nous comprenons mieux ainsi le sens que nous pouvons donner à la souffrance, le caractère positif de la pénitence et la chance de pouvoir la pratiquer généreusement en cette vie : elle contribue à notre purification intérieure et à notre identification croissante avec le Christ, et ainsi à notre bonheur. Elle nous épargne les peines du purgatoire. Enfin, à travers la communion des saints, elle rejaillit sur tous les membres de l’Eglise.

L’indulgence plénière est une manière supplémentaire que nous offre l’Eglise, dans sa miséricorde, pour expier toute la peine encourue pour nos péchés (l’indulgence partielle ne levant qu’une partie de cette peine). C’est à l’Eglise qu’a été confié le trésor infini des mérites du Christ, de la Sainte Vierge et des tous les saints. Elle dispense l’ensemble de ces biens spirituels de la communion des saints à tous ceux qui sont disposés à l’accueillir. Comme dit le pape François, Dieu notre Père, par son indulgence, « rejoint le pécheur pardonné à travers l’Epouse du Christ, et le libère de tout ce qui reste des conséquences du péché, lui donnant d’agir avec charité, de grandir dans l’amour plutôt que de retomber dans le péché. » (Bulle 22).

L’œuvre de pénitence demandée par l’Eglise, dans le cas de l’indulgence de l’Année Sainte, consiste à franchir la « porte sainte » d’une église jubilaire (voir la liste ci-dessous), geste accompagné de certains actes qui expriment notre conversion : la confession (dans les jours qui précèdent ou qui suivent, en tenant compte qu’il convient de franchir la porte sainte en état de grâce) — ce qui suppose bien entendu le rejet de tout attachement au péché —, la communion eucharistique (le jour-même, si possible), la profession de notre foi (en récitant par exemple le Credo) et  la manifestation de notre union au chef de l’Eglise (en priant le jour-même pour les intentions du pape, par exemple unNotre Père et un Je vous salue Marie).

Les personnes qui ne peuvent sortir de chez elles, comme les malades et les personnes âgées, sont dispensées de franchir la porte sainte. Les détenus également: il suffit qu'ils se rendent à la chapelle de la prison, ou même qu'ils franchissent la porte de leur cellule.

Comme la communion des saints s’étend aux âmes du purgatoire (ainsi qu’aux bienheureux au ciel), une indulgence peut aussi être appliquée, en guise de « suffrage » (c'est-à-dire de prière), à une personne défunte, ce qui constitue un grand acte de charité. Par contre, on ne peut l’appliquer à une autre personne vivante, puisqu’il revient à chacun personnellement, ici sur terre, d’entamer sa propre démarche de conversion et de pénitence. »

Stéphane Seminckx est prêtre, Docteur en Médecine et en Théologie. Cet article a fait l'objet de quelques ajouts le 11-2-16 et le 13-2-16. 

Petit mémo pour gagner l’indulgence plénière de l’Année de la Miséricorde en Belgique

1) franchir la porte sainte d’une des églises suivantes (les personnes qui ne peuvent sortir de chez elles et les détenus en sont dispensées) :

2) le jour-même (si possible) : recevoir la communion eucharistique

3) le jour-même : faire une profession de foi (réciter par exemple le Credo) et prier aux intentions du pape (par exemple un Notre Père et un Je vous salue Marie)

4) dans les jours qui précèdent ou qui suivent : se confesser (ce qui suppose le rejet de tout attachement au péché)

(on peut appliquer l’indulgence à soi-même ou l’offrir, comme suffrage, pour une personne défunte) 

Réf. Qu’est-ce qu’une indulgence ?

JPSC

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