Messe d’ouverture de la session du Renouveau charismatique au Palais des Congrès de Liège, le 12 juillet 2016 : l’homélie de Mgr Delville (13/07/2016)

Chers Frères et Sœurs,

deleville3.jpg« Je ferai de la vallée d’Akkor (ou Vallée du Malheur) la porte de l’espérance », nous dit le prophète Osée (Os 2,17). On pourrait actualiser en disant : « Je ferai de la Vallée de la Meuse la porte de l’espérance ». En effet, nous voici dans ce Palais des Congrès au fond de la vallée de la Meuse à Liège ; grâce à notre session, cette vallée devient « Porte de l’espérance ». Dans cette vallée, les gens se pressent du matin au soir et sont absorbés par leurs affaires, absorbés par leurs baals, absorbés par leurs maîtres, absorbés par leur quotidien tyrannique ; mais grâce à la session du Renouveau, cette vallée agitée devient une porte d’espérance pour toute la ville. En cette année de la miséricorde, nous sommes invités à passer par une porte sainte, une porte de la miséricorde. Vous trouverez une telle porte de miséricorde à la cathédrale de Liège. Mais aujourd’hui, c’est toute la vallée qui devient Porte de miséricorde, porte de l’espérance. Car par votre session, votre expérience personnelle et votre engagement, vous aurez l’occasion de parler à des gens de cette vallée, de témoigner de votre foi et de communiquer votre espérance.

Un tel dialogue a été autrefois proposé par Dieu au peuple d’Israël (Osée 2, 16-22). « Je lui parlerai cœur à cœur », dit Dieu au sujet de son peuple (Os 2,16). Dieu voit dans son peuple une jeune femme, dont il est amoureux. Il veut parler au cœur de cette femme. Il veut la convaincre de faire alliance avec lui. Il lui promet fidélité et tendresse (Os 2,21). Il lui promet la justice et la paix : « l’arc, l’épée et la guerre, je les briserai et les bannirai du pays », dit-il (Os 2,20). C’est tout cela aussi que le Seigneur nous promet et veut réaliser pour nous durant cette session. Il veut parler cœur à cœur avec chacun d’entre nous, au cœur de cette assemblée. Il nous promet fidélité et tendresse, justice et paix. Il nous le promet d’abord à nous tous, comme à un peuple nouveau.

Frères et Sœurs, laissez le Seigneur toucher votre cœur. Laissez-vous entraîner ensemble par la voix du Seigneur dans son alliance. Chassez la guerre hors de votre cœur. Laissez-vous aimer par celui qui vous promet fidélité et tendresse. Au début de cette session, soyez simplement des personnes réceptives, disponibles, attentives. Le Seigneur ne nous demande pas d’abord d’agir, mais d’accueillir son amour, sa grâce. Il veut être notre époux, pas notre maître, pas notre « baal ». Laissons-nous aimer par le Seigneur. Sa grâce nous précède toujours.

Si nous sommes appelés ensemble, en peuple, nous sommes aussi appelés personnellement, comme le furent les premiers disciples de Jésus. C’est ce que nous raconte l’évangéliste Luc (Lc 5,1-13). La voix de Jésus nous rejoint, comme elle rejoignait les gens qui l’écoutaient sur le rivage du lac de Génésareth (Lc 5,1). Elle nous rejoint comme elle rejoignait les premiers disciples, qui prêtèrent à Jésus leur barque, afin qu’il ait une tribune improvisée. Elle nous rejoint comme elle rejoignait Simon-Pierre à qui Jésus disait personnellement : « avance au large » (Lc 5,3). La voix de Jésus nous rejoint quand nous disons comme Simon : « Nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre » (Lc 5,4). La voix de Jésus nous rejoint au cœur de nos détresses et de nos déceptions. La voix de Jésus nous fait avancer au large ; alors elle nous fait prendre du poisson en abondance. La voix de Jésus nous donne des forces nouvelles et des résultats nouveaux. La voix de Jésus nous renouvelle, elle provoque un renouvellement, un renouveau de grâces, un renouveau charismatique ! Ici sur les bords de la Meuse, soyons comme les pêcheurs du bord du lac de Génésareth. Soyons à l’écoute de la voix du Christ, qui nous renouvelle et nous transforme intérieurement.  Cette voix nous guérit, comme elle a guéri l’homme couvert de lèpre : « je le veux, sois purifié », dit Jésus au lépreux. À chacun de nous il dit aussi : « je le veux, sois purifié » (Lc 5,13).

 

Oui, le Seigneur nous purifie et nous guérit. Sa présence est une présence agissante. Nous allons expérimenter cette présence durant cette eucharistie, spécialement durant la communion au corps du Christ. Le Christ se donne à nous en communion : il nous unit à lui, il nous communique son amour. C’est ce qu’il a promis à ses disciples lors de la dernière cène : « Prenez et mangez, ceci est mon corps », leur a-t-il dit, en leur offrant le pain. Jésus nous fait communier à sa force d’amour, il nous communique sa force d’amour, en nous donnant son corps et son sang, sous l’aspect du pain et du vin. Ici à Liège, ce mystère d’amour et de communion au Christ a été valorisé au 13e siècle par sainte Julienne de Cornillon, qui a demandé à l’Église d’instituer une fête pour célébrer le mystère de l’eucharistie, le mystère de la communion au Christ. Elle voulait qu’une fois par an, dix jours après la Pentecôte, les chrétiens célèbrent Jésus qui se donne à eux, dans son corps et dans son sang, dans ces signes mystiques, qui sont le sacrement de sa vie donnée à tous. Aujourd’hui nous continuons à célébrer cette fête, qui est comme « un arrêt sur image » par rapport à la dernière Cène. Cette fête nous invite à nous arrêter pour contempler ce que nous faisons quand nous communions. Par la fête du corps et du sang du Christ, ou Fête-Dieu en français courant, nous entrons dans la contemplation de ce que nous vivons par la communion. C’est pourquoi nous pratiquons l’adoration du Saint-Sacrement : nous y contemplons celui que nous recevons en communion. Nous y découvrons la présence réelle du Christ dans l’eucharistie. La présence réelle signifie non pas la présence matérielle ou physique de la chair du Christ, mais la présence substantielle de sa vie d’amour, la présence de ce qui fait la substance de sa vie, l’essence même de son existence. Si nous l’adorons, c’est pour ensuite entrer en communion : pas d’adoration sans communion ; de même, pas de contemplation sans action.

Chers Frères et Sœurs, nous voici revenus à notre point de départ : le cœur à cœur ! Le cœur à cœur avec Jésus, dans une relation de tendresse et de fidélité, comme le suggérait le prophète Osée. Une relation qui produit la paix dans le monde et la paix dans nos cœurs. Vivons ensemble cette expérience, comme un peuple nouveau ! Vivons personnellement cette expérience comme des disciples nouveaux ! Et nous pourrons alors témoigner autour de nous de cet amour qui nous est donné. Jésus dit à chacun de nous ce qu’il disait à Simon-Pierre après la pêche miraculeuse : « Désormais ce sont des hommes que tu prendras ! »

Amen ! Alléluia !

+ Mgr Jean-Pierre Delville

Evêque de Liège

 

JPSC

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