Quand Marie défait les noeuds (15/08/2016)

Du chanoine Eric de Beukelaer sur le site de lalibre.be :

Mary Untier of Knots.jpgMarie qui défait les nœuds

Etudiant en Allemagne, un jésuite argentin découvre un tableau représentant la Vierge qui dénoue les nœuds du genre humain. Il fera connaître cette image, avant d’être élu pape.  Un texte de Eric de Beukelaer. 

Bavière, fin du XVIIe siècle. L’abbé Jérôme Langenmantel est effondré, parce que son grand-père veut se séparer de son épouse. Le prêtre demande alors à un confrère jésuite de l’aider à l’en dissuader. Ce dernier - le père Jakob Rem - se souvient d’un écrit de saint Irénée de Lyon (130-202) : " Par sa désobéissance, Eve a créé le nœud qui a étranglé le genre humain. Par son obéissance, Marie l’a dénoué. Ce que la vierge Eve a noué par son incrédulité, la Vierge Marie l’a dénoué par sa foi." (Contre les hérésies. III, 22 - 4). Le jésuite prie donc la Vierge Marie de dénouer les nœuds qui étouffent l’amour au sein de ce couple. Sa prière est exaucée. En remerciement, l’abbé Langemantel fera réaliser vers 1700 par Johann Schmidtner, une peinture baroque pour l’église Saint-Pierre à Augsbourg. Celle-ci représente la Vierge en train de dénouer les nœuds du genre humain.

Bavière, années 80 du siècle dernier. Un jésuite argentin étudie en Allemagne et tombe sur ce tableau. L’image le touche au plus profond de son âme. Ce quadragénaire porte-t-il en son cœur des nœuds, qu’il demande à Marie de dénouer ? Nul ne sait, mais rentré au pays, il n’aura de cesse de faire connaître cette image. Il envoyait une reproduction de celle-ci dans chacune de ses correspondances. Nommé évêque, la peinture sera l’image-souvenir de son ordination. Comme cardinal-archevêque de Buenos Aires, il répandra toujours plus la dévotion à "Marie qui dénoue les nœuds". Aujourd’hui, elle est largement diffusée en Amérique latine. A un point tel, que le journal britannique "The Guardian" consacra au phénomène un article, le 24 décembre 2001 : " Vous êtes dans la confusion ? Stressé ? Malheureux ? Dites une prière à Marie qui défait les nœuds", écrit le journaliste Alex Bellos. " En Argentine et au Brésil, la dernière mode religieuse est de vénérer une peinture allemande du XVIIIe siècle […] quasiment inconnue dans son pays d’origine. Mais en Amérique latine, cette image est devenue une icône catholique omniprésente. Au moins deux églises lui furent consacrées l’année dernière, des images en sont distribuées sur les rues et il est même possible d’acheter un "kit" de "Marie qui défait les nœuds", contenant la neuvaine, une feuille de prière, un collier et bracelet."

Le journaliste poursuit en expliquant que la dévotion fut récemment introduite en Amérique latine, où elle connut un immense succès. Ce qu’il omet de préciser, c’est le nom du jésuite qui en fut le promoteur. Il ne pouvait deviner que Jorge Bergoglio serait élu pape douze années plus tard, sous le nom de "François".

Aujourd’hui, le sanctuaire brésilien de Campinas - consacré à "Marie qui défait les nœuds" - rassemble chaque jour 2 000 personnes. Et des églises qui lui sont dédiées s’ouvrent de par le monde (France Ukraine, Autriche, Suisse…).

Cette dévotion est théologiquement solide : L’Esprit est la Liberté. Et Marie se fit accueil du Souffle d’En-Haut, au cœur même de son humanité. Il est donc juste que la Mère de Dieu soit celle qui aide à dénouer les conditionnements du corps et du cœur, qui nous empêchent d’être pleinement nous-même. En cette fête de l’Assomption, prions donc Marie et confions-lui les nœuds qui encombrent notre vie et étouffent notre liberté spirituelle. Prions aussi pour notre Pape et sa mission. Peut-être est-ce justement là que se niche le secret de son pontificat : le pape François ne cherche pas à gouverner à gauche ou à droite. Il veut par-dessus tout contribuer à dénouer les nœuds qui empêchent l’Eglise de témoigner avec authenticité du Christ et de son Evangile. Ô Marie qui défait les nœuds, nous te confions notre Pape et l’Eglise de ton Fils. Puissent les nœuds qui enserrent la barque de Pierre se défaire, afin que l’humanité découvre davantage encore qu’elle est aimée d’un Dieu qui veut - non pas lier - mais délier.

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