La Salette : 170e anniversaire de l'apparition de la Vierge (16/09/2016)

Du 16 au 19 septembre, La Salette (Isère) célèbre le 170e anniversaire de l’apparition de la Vierge Marie à deux jeunes bergers. Recteur du sanctuaire, le Père Manuel dos Reis Bonfim invite à redécouvrir la profondeur de son message. Lu sur le site de « Famille chrétienne »:

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"Pourquoi le message de Marie à La Salette est-il méconnu aujourd’hui en France ? 

En 1846, l’apparition à La Salette a parlé très fort au cœur de la France et du monde : seulement huit jours après, plus de mille pèlerins sont présents sur la montagne. Plus d’un an avant la reconnaissance de l’apparition par l’Église, l’évêque de Tours s’y rend en pèlerinage, et rapporte une statue de Notre-Dame de La Salette pour son diocèse. De nombreuses chapelles en son honneur sont construites dans les villages de France. Si le sanctuaire est moins connu aujourd’hui, je crois que c’est à cause de la rupture de la transmission que nous vivons dans de nombreux domaines, dont celui de la foi.

Qu’est-ce que Marie est venue dire au monde à La Salette ?

Les premiers mots de Marie sont ceux que Jésus n’a cessé de prononcer durant sa vie terrestre : « Avancez mes enfants, n’ayez pas peur. » Alors qu’ils aperçoivent une belle dame toute lumineuse, semblable au soleil, Maximin et Mélanie, deux jeunes bergers de la région, sont d’abord saisis de peur. Mais dès que la belle dame prononce ces mots, toute leur crainte se dissipe. Marie vient d’abord redonner courage et espérance aux hommes. Dans un second temps, elle les invite avec insistance à la réconciliation avec Dieu. « Si mon peuple ne veut pas se soumettre, je suis forcée de laisser aller le bras de mon Fils. » 

Durant toute l’apparition, Marie pleure. Ses larmes se dirigent vers le Christ en croix qui apparaît sur sa poitrine. Ce Christ, que les enfants voient respirer sur la croix, est le centre de l’apparition : toute la Lumière vient de Lui et les larmes de Marie vont à Lui. Si nos larmes rencontrent la croix du Christ, elles sont transfigurées. Si nous nous mettons sous sa lumière, notre souffrance trouve la résurrection dans le Christ. 

Comment interpréter ces larmes ? 

Au pied de la croix, Marie est devenue celle qui prie avec son Fils pour les hommes. « Femme, voici ton fils. Fils, voici ta Mère. » Ces larmes ne sont pas là pour nous culpabiliser. Elles manifestent que Marie est intimement liée au mystère du salut, et ce, jusqu’à la fin des temps. « Si je veux que mon Fils ne vous abandonne pas, je suis chargée de Le prier sans cesse. »

La souffrance de la Vierge, c’est de voir que ses enfants ne vont pas à la lumière. Ses larmes manifestent à quel point Dieu nous aime : le Christ veut nous offrir le bonheur et nous le cherchons ailleurs ! À cette époque, les agriculteurs de la région travaillent quatorze heures par jour, sept jours sur sept. Le travail prend toute la place, les hommes ne s’en remettent plus à Dieu. Les paroles et les larmes de Marie provoquent alors chez un grand nombre d’entre eux une conversion immédiate : ils cessent de travailler le dimanche et recommencent à prier chaque jour. La Vierge est venue rappeler aux hommes l’essentiel, c’est un appel à la conversion qui reste évidemment très actuel. 

La Vierge leur annonce ensuite les mauvaises récoltes de l’année suivante, la famine, des décès d’enfants… Comment entendre ces prophéties de malheur ?

Durant toute la première partie de son dialogue avec les voyants, la Vierge parle en français, un langage auquel ils ne comprennent pas grand-chose, d’autant plus qu’ils ne sont pas catéchisés. Dans ce premier temps, on peut dire qu’elle s’adresse au monde urbain, qui lui aussi s’est détourné de Dieu en plongeant dans les idéologies, en considérant que « Dieu est mort ». Ce n’est que dans la seconde partie qu’elle se met à parler en patois pour que les enfants la comprennent : elle s’adresse ainsi plus particulièrement au monde rural. Il ne s’agit pas de les faire entrer dans une culpabilisation malsaine. Elle veut seulement leur rappeler que s’ils veulent la vie en plénitude, ils doivent se réconcilier avec la terre qui est un don de Dieu et non pas un dû. C’est là encore très actuel ! Nous devons tous revenir à notre source de vie qui est le Christ. C’est uniquement en se soumettant à Lui que l’on trouve le vrai bonheur et la vraie liberté.

Peu avant de les quitter, la Belle Dame a confié à chacun des voyants un secret. Qu’en sait-on aujourd’hui ? 

Dans de nombreuses apparitions, la Vierge laisse un secret aux voyants. C’est une grâce qui leur est accordée personnellement et l’Église a toujours voulu respecter cela. À l’époque, ils ont écrit ces secrets et les ont envoyés au Saint-Père. Il serait très compliqué aujourd’hui de les retrouver dans les archives du Vatican. Mais le contenu de ces secrets ne peut pas être différent de ce que Jésus nous a déjà dit à haute voix durant sa vie terrestre. Une chose est sûre, « même le Fils ne sait ni le jour ni l’heure », a dit Jésus dans l’Évangile, la Vierge n’a donc pas révélé aux voyants la date de la fin du monde ! L’essentiel est d’entendre ce qu’elle a voulu que le monde sache, en demandant explicitement aux voyants : « Faites-le bien passer à tout mon peuple ! »  

Un an de commémorations

Chaque année, entre 100 000 et 150 000 personnes se rendent en pèlerinage au sanctuaire Notre-Dame de La Salette, haut lieu de la spiritualité et du tourisme isérois. En plus des traditionnels pèlerinages et célébrations liturgiques, teintés toute l’année par l’action de grâce pour cette Année jubilaire, plusieurs dates auront particulièrement marqué le 170e anniversaire de l’apparition à La Salette.

Ainsi, la Saint-Joseph le 19 mars a rassemblé des centaines de pèlerins, venus assister à l’ouverture annuelle de l’hôtellerie et à la bénédiction officielle de la Porte sainte de la Miséricorde. Au mois de mai, une délégation de membres des Missionnaires de La Salette voués à répandre le message de Marie à travers le monde s’est rendue à Rome pour faire bénir par le pape François une ancienne statue de la Vierge, rénovée pour l’occasion. 

Le 15 août, ce sont entre deux et trois mille pèlerins qui ont gravi la montagne pour célébrer la fête de l’Assomption au sanctuaire. Les commémorations se terminent le 19 septembre après trois jours de célébrations exceptionnelles, présidées par le cardinal Stanisław Ryłko, ancien président du Conseil pontifical pour les laïcs, et Mgr Guy de Kérimel, évêque de Grenoble. Pour se préparer à l’événement, une neuvaine de prière a été proposée aux fidèles du 10 au 18 septembre.

Ref. La Salette : 170e anniversaire de l'apparition de la Vierge

La Salette, c’est aussi un site alpestre impressionnant cerné par la montagne, ce lieu symbolique où l’homme – et le Fils de l’Homme lui-même-  a toujours aimé situer l’expression du sacré et du divin ou, pour reprendre les mots de Barrès, le lieu ou souffle l'Esprit...

JPSC

 

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