France : La Manif pour tous maintient la pression (16/10/2016)

 la-manif-pour-tous-veut-redescendre-dans-la-rue-le-16-octobre.jpgD’Antoine-Marie Izoard, Samuel Pruvot, Hugues Lefèvre (à Paris), avec Antoine Pasquie, ce soir sur le site de « Famille Chrétienne » :

« Plus de 200.000 manifestants ont défilé dimanche 16 octobre à Paris à l'appel de La Manif Pour Tous. Dans le cortège, les journalistes de FC ont recueilli le témoignage des manifestants et sont allés à la rencontre des élus pour connaître les raisons de leur présence. Objectif commun : les élections de 2017.

« Notre mouvement social fait une entrée en campagne fracassante pour la famille », s’est félicité Ludovine de La Rochère, présidente de la Manif pour tous à l'issue de la manifestation du 16 octobre à Paris où 200 000 étaient rassemblées. « Nous sommes la première force militante de France. Aucun parti ni candidat ne réussit à mobiliser autant », a-t-elle poursuivi, faisant implicitement référence aux meetings des hommes politiques qui, de gauche comme de droite, sont entrés en campagne depuis plusieurs semaines.

Pendant 3 heures et demie, les manifestants ont défilé dans le calme avec enthousiasme et détermination entre la porte Dauphine et le Trocadéro. Ils étaient venus demander à François Hollande de stopper la déconstruction de la famille et de la filiation. C’est le cas de Philippe, 56 ans. Avec sa femme Jeanne, 49 ans, il a participé à toutes les manifestations depuis 2013. « On est ici pour exprimer ouvertement notre mécontentement sur ce qui se passe actuellement. Et on n’est pas au bout de nos surprises ! ». Ils sont venus avec leurs deux enfants. « Tout simplement pour leur apprendre ce que c’est que la citoyenneté, leur montrer qu’on peut dire « non » sans tout casser. On va sans doute voter à la primaire de la droite et du centre pour faire pression sur ce domaine précis. Car la politique n’est pas que l’économie ! ». « Je suis persuadé que l’on vaincra un jour", assurent de leur côté Philippe, ingénieur en région parisienne, et Jeanne, pédiatre. L’espérance chrétienne est plus forte que tout. Cette idéologie tombera ».

 

Objectif : peser sur la future élection présidentielle

 Christian, 83 ans, et Annick, 80 ans, sont venus, eux, d’Orléans dans l’un des trois cars du Loiret  mis à disposition pour la manifestation. « Nous avons 6 enfants et 19 petits-enfants. On est ici parce qu’on mesure les catastrophes à terme de cette idéologie sur la société […] Nous voterons à la primaire mais hésitons encore entre le vote utile et le vote de conviction. Je pense qu’il est pertinent d’être aujourd’hui dans la rue, non pas tant pour peser sur le pouvoir actuel, mais surtout pour la prochaine présidence. On vise clairement la prochaine majorité ». Pour autant, le couple d’Orléanais ne se fait pas trop d’illusions. « L’abrogation ? On n’y croit pas tellement. »

Antoine, 43 ans, éducateur social à la Cité de l’Espérance,  à Ambleville , est venu avec ses enfants. « On vient ici pour fêter la famille », explique-t-il. Nos enfants sont avec nous car nous pensons qu’il est important de montrer la famille telle qu’elle est ». Pieter, 25 ans, est Belge. Il était de passage à Paris en ce jour de manifestation. Au lieu de courir les musées, il s’est joint aux flots des manifestants. « C’est plus important de montrer mon visage ici que dans un musée. Je suis solidaire avec tous ces Français qui se battent pour la famille ».

Alain, 59 ans, est l’un des responsables du car de Bourg-en-Bresse. « Ça a manqué peut-être un peu de mobilisation au niveau des régions. On avait fait 15 cars pour la grande manif en 2013 ! Cette année, on a hésité à refaire un car et puis on s’est dit que ça valait le coup car c’est aussi important qu’en 2013. Il faut absolument sensibiliser nos politiques ». Chloé a 19 ans. Elle aussi a fait les 6 heures de car de Bourg-en-Bresse à Paris. « Je viens pour faire changer les choses. Il faut rappeler que, même si les lois sont passées, il faut continuer à se battre. Le gouvernement, sous ce quinquennat, reste sourd. Je ne pense pas qu’il changera. Mais c’est pour la prochaine présidence que l’on est là. Et puis je suis chrétienne et je crois que lorsqu’on agit, qu’on prie, Dieu peut changer les choses ».

Des politiques au rendez-vous, défendant leurs positions

PMA « sans père », scandale de la GPA, diffusion du genre à l'école... Les familles ont envoyé un message clair et net au gouvernement, mais aussi à l'opposition et aux candidats en lice, notamment à droite. De nombreux élus étaient présents pour afficher leurs ambitions en matière de politique familiale et de reconstruction de la famille. Parlementaires et élus locaux ont battu le pavé parisien aux côté des familles : Jean-Frédéric Poisson, Bruno Retailleau, Philippe Gosselin, Henri Guaino, Hervé Mariton, Marion Maréchal Le Pen, Guillaume Peltier, Nicolas Dupont-Aignan, Karim Ouchikh, Jean-Christophe Fromantin, Valérie Boyer ou encore Louis Aliot...

En déplacement au Maroc, François Fillon a de son côté apporté son soutien aux manifestants par voie de communiqué : « je tiens à témoigner de ma sympathie et de mon soutien à tous ceux qui seront mobilisés pour la famille », a-t-il indiqué dans un communiqué publié la veille de la manifestation. Le député Bruno Nestor Azérot a également apporté son soutien à distance via Twitter : « Pensées pour les militants de @LaManifPourTous depuis la Martinique ! Une telle mobilisation dans la durée ne peut que susciter le respect... ».

Ce soutien à la Manif pour tous n’a pas empêché chaque homme ou femme politique présent à faire valoir sa position.« Nous insistons au FN sur le fait que les questions de la filiation, de la GPA et de la PMA dépendent de la souveraineté nationale », a expliqué Marion Maréchal le Pen. « La défense de la famille fait partie des questions identitaires au même titre que l’immigration. La Manif pour tous force les candidats à se positionner sur des questions qu’ils croyaient réglées comme le mariage homosexuel. Je remarque d’ailleurs que la plupart des ténors de la droite étaient absents hormis Jean-Frédéric Poisson », a ajouté la députée du Vaucluse.

 « Je défends la famille par conviction. La politique est d’abord une affaire de conviction. Ce combat fait partie du redressement de la France », a martelé pour sa part Bruno Retailleau, sénateur de Vendée et soutien de François Fillon. « Jamais un gouvernement n’a autant tapé sur la famille du point de vue fiscal et sociétal. Le redressement ne se fera sans la famille au cœur de nos préoccupations ». « C’est normal de prendre des chemins différents à l’heure des échéances électorales même si nous partageons les mêmes valeurs sur la famille », a renchéri Xavier Breton, député LR. « Le principal est de savoir nous retrouver au lendemain des élections. C’est évident, il n’y a pas un candidat qui a le monopole de ces questions. Cette manifestation sert à peser sur les candidats à la présidentielle. Chacun peut peser sur les candidats là où on est ».

Au Parti chrétien-démocrate, on est plus offensif sur la question du positionnement des candidats de la primaire de la droite et du centre. « Le PCD est le seul parti qui défend la famille sans retenue », affirme Arthella Ellsody, élue du parti présidé par Jean-Frédéric Poisson. « Nous pouvons imaginer des réformes pour la France mais sans la famille tous les efforts seront vains. Nous devons reconstruire la France autour de la famille ». « La LMPT est une écharde dans la chair pour tous les politiques », constate Franck Meyer, président de l’association des Maires pour l’enfance. « Les partis ne nous suivent pas, c’est pourquoi il faut continuer à leur place. La loi Taubira est une mauvaise loi. On a dénoncé jadis les dérives possibles et aujourd’hui on les constate ! Nous ne sommes plus dans l’imaginaire mais dans le concret ! Cela nécessite de notre part de plus en plus de pédagogie et de détermination. Il y a une pression populaire qui est stratégique pour l’avenir. »

Les Français attachés à la filiation Père-Mère-Enfant

Une pression soutenue par les Français ? C’est ce que semble dire un sondage opinionway rendu public le matin de la manifestation. Ainsi, près de 8 Français sur 10 (79%) se déclare favorable à ce que l'Etat garantisse à chaque orphelin le droit à être adopté par un père et une mère. « Les Français affichent leur attachement à la filiation Père-Mère-Enfant qui est remise en cause par la loi Taubira. En autorisant le mariage et l'adoption pour les personnes de même sexe, la loi Taubira a créé un droit à l'enfant, ouvrant la porte à moyen terme à la PMA « sans père » et à la GPA », a rappelé Ludovine de La Rochère.

Seul bémol de la journée, le dispositif de sécurité était malheureusement légèrement sous-dimensionné. La zone d'arrivée était saturée et des dizaines de milliers de manifestants n'ont pas pu rejoindre la Place du Trocadéro. La fermeture des itinéraires de délestage pour des raisons de sécurité a amplifié ces difficultés. « Nous présentons nos excuses aux familles qui sont restées bloquées sur l'avenue Georges Mandel, au-delà du métro rue de la Pompe ainsi que sur les avenues adjacentes de la Place du Trocadéro », a déclaré Albéric Dumont, Coordinateur général de La Manif Pour Tous, à l’issue de la manifestation. »

Ref. France : La Manif pour tous maintient la pression

« Deux ans après sa dernière manifestation d’envergure, le collectif La Manif pour tous avait appelé à défiler dans les rues de Paris, dimanche 16 octobre. Comme lors des prédécents rassemblements, les estimations de la participation ont été très divergentes.

Selon la préfecture de police, entre 23 000 et 24 000 personnes ont marché de la porte Dauphine au Trocadéro. Les organisateurs en ont annoncé quant à eux au moins 200 000. En 2012 et 2013, des rassemblements similaires avaient réuni plusieurs centaines de milliers de personnes, suivis d’un net essoufflement après le passage de la loi en mai 2013. En 2014, l’écart d’estimations était encore flagrant, de 70 000 pour la police à 500 000 pour les organisateurs. » (« Le Monde », 16/10/2016 à 19h00)

JPSC

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