Bruxelles : de plus en plus d'églises en voie de désacralisation (23/11/2016)

D'Arnaud Farr sur le site de la Dernière Heure :

Bruxelles: Toujours plus d’églises en voie de désacralisation

Le projet de réduction du nombre d’églises en activité à Bruxelles suscite des réactions virulentes de la part des fidèles.

Y’a-t-il trop d’églises en Région bruxelloise ? Depuis des années, l’avenir des lieux de culte suscite les inquiétudes des fidèles chrétiens en Région bruxelloise. "À l’époque, chaque fois que l’on construisait un quartier, on y implantait une église au milieu. On recense dès lors une église tous les 1.300 mètres en Région bruxelloise !", explique l’évêque de Bruxelles Mgr Kockerols.

Mais aujourd’hui, le contexte a changé. Le nombre de catholiques pratiquants est en diminution et le coût de rénovation des églises est très onéreux. L’Église est donc en pleine réflexion sur son avenir. "Tous les fidèles catholiques ont à s’interroger sur ce contexte nouveau, et doivent prendre conscience des enjeux et défis d’aujourd’hui", explique Mgr Kockerols, qui prône une réforme dans la réorganisation des églises, en fusionnant les activités pastorales au sein d’un même lieu de culte, permettant ainsi de donner une affectation nouvelle aux églises désacralisées.

Un projet qui suscite l’ire des chrétiens de plusieurs paroisses bruxelloises, qui accusent l’évêque de Bruxelles de préparer un plan de fermeture d’églises de grande ampleur. "Nous demandons à l’archevêque Mgr De Kesel et à son auxiliaire, Mgr Kockerols, de renoncer à leur plan de fusion des paroisses réduites à quelques églises phares. Perplexes, nous nous interrogeons profondément sur les causes qui pourraient être à l’origine d’un tel repli et de cet abandon", a fait savoir le collectif antiparoissial, composé de 36 fidèles provenant des 19 communes.

L’évêque de Bruxelles n’est, pour l’heure, pas en mesure de préciser le nombre exact d’églises vouées à perdre leur activité paroissiale, mais a tenu à envoyer une lettre aux paroisses bruxelloises en octobre pour clarifier sa position, et les rassurer.

 

Cette polémique enfle à l’heure où la Région bruxelloise connaît un manque criant de logements et d’écoles. La désacralisation des églises apparaît, selon l’évêque de Bruxelles, comme une solution "en phase avec la réalité".

Deux projets concrets de désacralisation illustrent cette réalité. La commune de Boitsfort a annoncé que des logements allaient être créés au sein de l’église Saint-Hubert, qui conservera un espace limité au culte. "Rénover cette église aurait coûté une fortune, d’autant que Boitsfort compte déjà cinq églises sur son territoire pour une population de près de 25.000 habitants, explique Mgr Kockerols. Il faut être réaliste. Dans le cas présent, on rend service à la société en permettant d’affecter une fonction logements à ce lieu peu fréquenté."

Même constat pour l’église Saint-Vincent de Paul, à Anderlecht, qui n’accueille plus de communauté chrétienne signifiante, et pour laquelle d’importants travaux de rénovation s’imposaient. L’aménagement et la gestion de ce bâtiment sera donc confié à l’école Sint-Goedele.

Des procédures extrêmement complexes

L’Église catholique de Bruxelles est en pourparlers avec plusieurs communes pour lancer des procédures de désacralisation d’églises afin d’en faire des lieux d’intérêt public. "À Cureghem, près de la gare du Midi, il y a l’église Saint-François Xavier qui est de type néogothique, classée, mais en mauvais état. On discute avec la commune pour voir comment elle pourrait être réaffectée, explique Mgr Kockerols. La demande émane de notre part car la rénovation coûterait 5 à 6 millions d’euros, ce qui est énorme, d’autant qu’il y a une autre église, l’Église Notre-Dame Immaculée, implantée dans ce quartier, à proximité immédiate. On préfère donc investir dans cette église, qui ne nécessite aucune rénovation."

Un autre projet emblématique en cours de réflexion depuis des années est celui de la désacralisation partielle de l’église de la Sainte-Famille d’Helmet, à Schaerbeek. "La commune et la Région sont prêtes à transformer une partie de cette église en logements, mais le tout est de trouver un promoteur intéressé. L’idée serait de conserver une partie de l’église au culte. Mais que faire de l’immense clocher ? On l’intègre au complexe de logements ou non ? Les procédures sont extrêmement complexes, cela fait 6-7 ans qu’on travaille dessus mais aucune issue n’a encore été trouvée", conclut Mgr Kockerols.

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