Joyeuse épiphanie (06/01/2017)

Joyeuse épiphanie !

le samedi 7 janvier 2017 à 17 heures

 en l’église du Saint-Sacrement à Liège (Bd d’Avroy, 132)

Epiphanie 2017.jpg

Procession à la crèche

Messe chantée en grégorien et en polyphonie

Partage de la galette des rois

http://eglisedusaintsacrementliege.hautetfort.com/archive... 

L'Epiphanie est, à vrai dire, bien plus qu'un conte pour enfants sages émerveillés devant la crèche ou tirant de la galette la fève qui désigne les rois de la fête.

Mais quelle est la signification réelle du message que le récit évangélique  adresse au monde en cette fête, la plus anciennement instituée, de la manifestation du Christ à l’humanité ?

Il n'y a pas de contradiction entre la raison et la foi

On raconte que le Roi Baudouin  aimait parfois, le soir ou la nuit, se rendre dans son petit observatoire astronomique pour contempler la splendeur des étoiles et de la création: "Les cieux racontent la gloire de Dieu"(Ps.19,2). Nul doute que cette contemplation nourrissait sa vie intérieure et sa prière."La beauté sauvera le monde" (Dostoïevski).

Les mages aussi, présentés comme de savants astronomes venus du Moyen-Orient, étaient séduits par la splendeur du ciel étoilé. Pressés, sans le savoir, par l'Esprit, ils ont été intrigués par l'apparition d'une étoile et ont pressenti la naissance d'un nouveau Roi -qui, pourtant, n'était pas de ce monde- et ils se sont mis en route jusqu'à Bethléem pour lui offrir l'or, l'encens et la myrrhe. Et nous aussi, aujourd'hui surtout, nous offrons comme eux à Dieu un encens qui va embaumer les saints mystères que nous célébrons en cette fête.

La science de ces païens (qui n'avaient que des instruments humains) n'était pas en contradiction avec la foi: la foi la prolonge, elle va plus vite que la science, en brûlant les étapes pour arriver à la Vérité. J'ai lu cette petite parabole d'un célèbre astrophysicien américain. Pendant des siècles, dit-il, les savants se sont mis à grimper la montagne de la Vérité et quand ils arrivent au sommet, qu'est-ce qu'ils découvrent? Une bande de théologiens, de philosophes et de saints déjà là depuis longtemps et qui leur disent en riant: "Quoi? Vous arrivez seulement ?"

Benoît XVI y est revenu souvent (entre autres dans son fameux discours de Ratisbonne) : il n'y a pas de contradiction entre la raison et la foi. Ce sont deux chemins un peu parallèles mais qui finissent par converger vers l'unique Vérité. Les savants d'aujourd'hui sont beaucoup plus humbles que ceux du XIXe siècle: ils peuvent décrire ce qui s'est passé quelques milliardièmes de milliardièmes de secondes après le "big bang", mais non ce qui s'est passé juste avant. Ils n'ont rien contre les théologiens et les philosophes qui affirment que Dieu lui-même est à l'origine de la création, mais cette réponse ne relève pas de leur domaine comme tel. Ils la respectent comme possible. C'est déjà un grand progrès! Voilà une première réflexion qu’inspire cette fête de l'Epiphanie.

Une affirmation du caractère universel de l'Eglise

Voici une deuxième réflexion, un peu plus développée,  sur le sens de cette célébration :

On serait tenté de voir dans le passage de l'évangile selon saint Matthieu relatant l'adoration des mages (2, 1-12) un conte doré, pour faire rêver les enfants, et il est possible que l'écrivain sacré ait embelli un peu le récit selon certaines traditions littéraires. Mais ce qui l'intéresse et nous touche profondément dans la démarche de ces trois personnages (parmi lesquels l'iconographie a placé un noir), c'est l'affirmation éclatante du caractère universel de l'Eglise.

Non! La Bonne Nouvelle ne sera pas réservée au seul petit peuple juif, mais offerte à toutes les nations sans distinction. L'Epiphanie ,c'est, avec la Pentecôte, la Fête de l'Eglise. Saint Paul l'a bien perçu.

Comme on comprend la joie et la fiereté des premiers chrétiens célébrant cette épiphanie, c'est à dire la "manifestation" (épiphaneia) du Seigneur qui est destinée aussi à d'autres pays que la Palestine (pour laquelle nous prions), à tous les paëns: Grecs et Romains, Gaulois et Belges, Chinois et Japonais, Africains, habitants du Congo, etc., et puis à ceux de l'Amérique, de la Terre de Feu ou de Papouasie: c'est l'entrée en masse dans l'Héritage du peuple de Dieu.

Saint Paul, avec sa profondeur habituelle, a formulé admirablement cette révolution spirituelle: le mystère qui était resté caché aux générations précédentes, c'est que, grâce à l'Evangile, les païens aussi sont associés au même héritage, au même corps, à la même promesse dans le Christ Jésus (Ephésiens, 3, 5-6) qui est le seul Sauveur de tous les hommes. L'Epiphanie est un peu à Noël ce que la Pentecôte est à Pâques: c'est la manifestation publique du mystère, ici du mystère caché de Bethléem.

Vous pouvez chercher: aucune religion -aucune!- n'a affirmé que Dieu a pris une vraie chair d'homme et qu'il est venu pour tous les hommes sans exception. Aucune n'a une telle prétention à l'universel. Catholique veut dire universel, ouvert à la terre entière. La seule véritable internationale, c'est nous, même si certains s'en offusquent. Trop souvent, les religions sont liées à un pays ou à une région (les religions de l'Asie), au sang, à la race ou encore à la culture (je pense à l'islam). Même si elle y est parfois très minoritaire (je pense aux chrétiens d'Asie), l'Eglise du Christ est présente sur la terre entière. On le voit clairement lors des rassemblements des J.M.J. (Journées Mondiales de la Jeunesse). Malgré ses faiblesses et ses imperfections, elle ne veut connaître aucune limite, aucune frontière, même si elle demeure un peu trop marquée par l'Occident qui fut son berceau historique. Eh bien, donc, dépassons aujourd'hui nos horizons trop étroits: sentons que nous sommes membres d'une Eglise qui est née avant nous, qui ne mourra pas avec nous et qui est répandue aux quatre coins du monde. Si nous chantons en latin lors des grands rassemblements, c'est précisément pour affirmer cela.

Après saint Paul, écoutons maintenant Isaïe le Prophète (Is., 60, 1-6). Il n'exagère pas quand il s'extasie devant ce qui est pour nous la nouvelle Jérusalem, devant l'Eglise:"Lève-toi, Jérusalem, resplendis et regarde: l'obscurité recouvre la terre, les ténèbres recouvrent les peuples". C'est tragiquement vrai aujourd'hui: obscurité du péché, de la violence, de la volupté, de la haine, obsurité de la crise économique mondiale, fruit de l'appât du gain, aveugle et égoïste. L'humanité patauge dans le noir, déboussolée au sens propre; l'Occident surtout est atteint d'une sorte de leucémie:la peur de donner la vie et l'autorisation officielle de la supprimer, légalement. C'est une crise fondamentale du goût de vivre qui aboutit à ce qu'on appelle l'hiver démographique.

Eh bien, justement :"Debout, lève-toi Jérusalem" car, au sein même de cette obscurité, "sur toi se lève le Seigneur", sa Gloire brille sur toi et les nations marcheront à sa Lumière, un jour ou l'autre. "Lève les yeux et regarde: tes fils reviennent de loin", parfois de très loin; il y a et il y aura des conversions étonnantes...

(D’après une homélie pour la fête de l’épiphanie prononcée par Mgr Michel Dangoisse à l’église du Saint-Sacrement à Liège le 3 janvier 2009)

JPSC

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