Les raisons de la baisse du nombre d'avortements aux Etats-Unis (20/01/2017)

De Henrik Lindell sur le site de l'hebdomadaire "La Vie" :

Pourquoi le nombre d'avortements ne cesse de baisser aux États-Unis

Alors que le nombre d'avortements reste élevé et stable en France, il diminue sans cesse aux États-Unis. Un résultat imputable à la pression exercée par le mouvement pro-vie, mais aussi aux actions développées sous l'administration Obama.

Le mouvement pro-vie en France, qui se mobilisera le 22 janvier lors de sa Marche annuelle, aurait peut-être raison de s'inspirer de son grand-frère américain : aux États-Unis, contrairement à la situation en France, le nombre d'avortements ne cesse de baisser. Une tendance qui s'affirme alors que que la mobilisation des anti-IVG se fait de plus en plus visible et que la plupart des États américains ont tendance à restreindre le droit à l'avortement.

Comme le démontre l'institut Guttmacher, une organisation américaine favorable au droit à l'avortement, le taux d'IVG n'a jamais été aussi bas depuis que la pratique est légale, en 1973. Selon un communiqué publié le 17 janvier, le nombre d'IVG s'élevait en 2014 à 926.000, un chiffre en baisse constante depuis 1990, où l'on dénombrait pas moins de 1,6 million d'avortements. En chiffres relatifs, le taux d'IVG est tombé de 29,3 (pour 1000 femmes de 15 à 44 ans) en 1981 à 14,6 en 2014. Depuis 2011, la baisse serait de 14%.

Une évolution spectaculaire que l'on peut comparer aux chiffres français quasi statiques depuis une quinzaine d'années : chez nous, le nombre d'IVG se situe entre 210.000 et 220.000 (en 2015 il était de 218.000) pour environ 800.000 naissances. En chiffres relatifs, cela correspondait en 2015 à un taux d'IVG de 14,9 (pour les femmes de 15 à 49 ans, une définition légèrement différente de celle en vigueur aux États-Unis). Cette proportion est pour la première fois supérieure au niveau américain actuel (qui a longtemps été beaucoup plus élevé qu'ici) et elle reste une des plus importantes en Europe.

Pourquoi, donc, aux États-Unis, cette baisse est-elle possible ? Une première raison est sans aucun doute à chercher dans la conscientisation en général, qui est un fruit notamment du mouvement pro-life inspiré par la doctrine chrétienne. C'est la thèse défendue par plusieurs responsables religieux et mise en avant dans un article publié par la revue évangélique Christianity Today. De fait, depuis plusieurs décennies, il est de bon ton aux États-Unis, dans la classe politique en général, même chez les pro-choice, de vouloir faire baisser spécifiquement le taux élevé d'avortement, perçu comme un problème grave en soi. Or, en France, une partie importante des élus et des intellectuels cherche d'abord à faciliter le recours à l'IVG sans y voir d'emblée un quelconque problème éthique. Cela a particulièrement été le cas des gouvernements successifs sous François Hollande.

Le bilan d'Obama meilleur que celui de Bush

Aux États-Unis, le regard est très différent. À titre d'exemple, le « libéral » Barack Obama, qui a toujours ardemment défendu le droit à l'avortement, a toujours insisté, en même temps, sur la nécessité d'améliorer les conditions matérielles pour que les femmes enceintes seules et pauvres (celles qui avortent le plus) puissent mieux accueillir leur enfant. Il a aussi cherché à améliorer l'information sur les moyens contraceptifs (les préservatifs, par exemple) pour les jeunes, mais tout en insistant, en même temps, sur le caractère sacré de la sexualité et sur la responsabilité individuelle de chacun.

Concrètement, l'information sur les moyens contraceptifs s'améliore, tout comme l'accueil pour les jeunes femmes seules. Ce à quoi on pourrait ajouter l'amélioration de l'accès aux soins en général aux États-Unis (grâce à l'Obamacare, notamment). Et de fait, c'est bien sous la présidence d'Obama que le taux d'avortement a baissé le plus. Son bilan en la matière est nettement meilleur que celui de George W. Bush qui, lui, se mettait pourtant en avant comme un champion de la lutte pro-vie. Pour le voir, il suffit de regarder l'infographie publiée par l'institut Guttmacher.

Parmi les autres facteurs possibles, nombre de responsables du mouvement pro-vie, dont l'organisation Americans United for Life estiment qu'il y a un lien avec la multiplication des lois au niveau des États qui restreignent la possibilité de recourir à l'IVG. Ces six dernières années, une dizaine d'États ont adopté des mesures en ce sens. Ainsi, par exemple, l'interdiction de procéder à un avortement pendant le deuxième trimestre de la grosses. L'année dernière, pas moins de 43 États ont considéré différentes décisions allant de l'interdiction de financements publics aux cliniques pratiquant l'IVG à celles concernant les avortement envisagés pour des raisons génétiques. D'une façon générale, les États du Midwest, majoritairement républicains et conservateurs, pratiquent de moins en moins l'avortement. Néanmoins, l'Institut Guttmache dit n'avoir pas trouvé un lien évident entre les récentes restrictions pro-vie et la baisse du taux de l'IVG. Pour lui, elle s'expliquerait d'abord et surtout par l'amélioration de l'accès aux moyens contraceptifs.

Un facteur d'apparence plus banale, mis en avant pour tous les observateurs, et qui pourrait jouer en faveur de la naissance d'un enfant serait tout simplement lié à l'utilisation accrue de l'échographie. Le fait de voir une image du bébé à naître aurait un effet tellement puissant sur les futurs parents qu'elle les dissuade de recourir à l'IVG. Plusieurs États américains ont ainsi sérieusement amélioré l'accès à cette technologie.

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