Avec les cultes, des débuts plutôt prometteurs pour Emmanuel Macron ? (23/08/2017)

Selon le journal « La Croix » du 28 août, les responsables religieux se disent confiants quant à leurs relations avec le nouveau président de la France. Pour eux, sa conception de la laïcité est plus « bienveillante » vis-à-vis des religions que celle de son prédécesseur.

Pour mémoire, Emmanuel Macron est né dans une famille de médecins soixante-huitards non croyants mais, à l’âge de douze ans, il a rencontré la foi au collège jésuite d’Amiens où il demanda et reçut le baptême. Aujourd’hui agnostique, il reste, de son propre aveu, « réceptif à la présence de la transcendance dans nos vies » et n’assimile sans doute pas la laïcité à une religion d’Etat confinant toutes les autres dans l’espace privé.

« Trois dates pour trois rendez-vous importants. Fraîchement élu, Emmanuel Macron participait, le 20 juin, au dîner de rupture du jeûne du Ramadan organisé par le Conseil français du culte musulman (CFCM) ; le 16 juillet, il était présent aux commémorations de la rafle du Vél’ d’Hiv, à Paris ; le 26 juillet, il prononçait un discours marquant à Saint-Étienne-du-Rouvray, un an après l’assassinat du Père Jacques Hamel dans son église normande.

Pour de nombreux acteurs du monde religieux, la participation d’Emmanuel Macron à de tels événements, aussi tôt dans son quinquennat, a constitué autant de messages adressés aux membres et représentants des différentes communautés.

« Emmanuel Macron est ouvert aux différentes croyances et philosophies »

« Je pense que le président Macron comprend les cultes et qu’il a saisi l’importance de l’enjeu, pas seulement pour des raisons électoralistes mais pour la société », se réjouit Moshe Lewin, conseiller spécial du grand rabbin de France. Dans son discours du Vél’ d’Hiv, le nouveau président a, selon lui, su « sentir l’âme de la France et du judaïsme ».

Par ailleurs, son insistance pour que « toute la clarté » soit faite sur le meurtre – peut-être antisémite – de Sarah Halimi a été appréciée par une communauté juive particulièrement attentive aux questions d’antisémitisme et de sécurité.

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Bien entendu, la comparaison est tentante avec le précédent locataire de l’Élysée, dont la plupart des observateurs déplorent aujourd’hui « l’indifférence personnelle » sur ces sujets. Pour Ahmet Ogras, nommé fin juin président du CFCM, « Emmanuel Macron est plus actif, respectueux, à l’écoute, ouvert aux différentes croyances et philosophies. Ce n’est pas un idéologue mais quelqu’un d’apaisé, qui n’est pas insensible à la chose religieuse. »

 

Sa formation chez les jésuites, son goût pour la philosophie et sa proximité avec le penseur chrétien Paul Ricœur constituent autant d’indices d’une sensibilité différente de celle de son prédécesseur.

Des positions affirmées inédites

Pour autant, peut-on parler d’une rupture dans le discours républicain sur les religions ? Certains remarquent que cette conception plutôt « bienveillante » de la laïcité était déjà celle de l’ancien premier ministre Bernard Cazeneuve.

D’autres soulignent une réelle nouveauté dans le contenu, manifestée lors de la commémoration de l’assassinat du Père Hamel le 26 juillet. L’hommage appuyé du chef de l’État aux catholiques de France, remerciés dès le début de son discours d’avoir « trouvé dans leur foi et leurs prières la force du pardon », avait bel et bien quelque chose d’inédit.

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Revenant sur cet épisode, le sociologue et historien des religions Philippe Portier parle d’une « laïcité de reconnaissance » dans le sens où, pour Emmanuel Macron, « la société se construit à partir des valeurs portées par les religions ».

Ce spécialiste évoque également une « laïcité de confrontation, où les différentes croyances religieuses peuvent nourrir le débat public, à l’opposé de la laïcité d’abstention où chacun vit sa foi chez soi ».

Macron avance prudemment sur les questions de société

Quatre ans après le débat sur le « mariage pour tous », révélateur de profondes fractures au sein de la société française, le nouveau président semble désireux d’avancer avec prudence sur les questions de société. D’autant qu’elles devraient resurgir avec la révision de la loi de bioéthique en 2018. « Pour ce qui est de l’élargissement de l’accès à la PMA ou du suicide assisté, je crois qu’Emmanuel Macron a le souci de ne pas brusquer les choses, et de ne pas court-circuiter un dialogue en profondeur », avance Mgr Georges Pontier, archevêque de Marseille et président de la Conférence des évêques de France.

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Un avis partagé par François Clavairoly, président de la Fédération protestante de France, qui a rencontré le nouveau président début août (tout comme le cardinal André Vingt-Trois) : « Je le sens désireux d’être à l’écoute des Français et de ne pas passer en force sur ces questions. »

Au-delà de la sensibilité du président en matière de religions, certains redoutent toutefois qu’il ne soit pas entouré de conseillers experts de ces questions. Une situation renforcée par la décision présidentielle de réduire à dix le nombre de conseillers dans chaque cabinet ministériel. « Ils risquent de manquer de temps à consacrer aux affaires de cultes », redoute un haut fonctionnaire.

Mélinée Le Priol, avec Clémence Houdaille et Delphine Allaire »

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JPSC

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