A Rimini, le cardinal Parolin a justifié la "stratégie du dialogue" défendue par le pape François; mise à jour (8 septembre) (08/09/2017)

Mise à jour (8 septembre) : Le 28 août dernier, nous avions répercuté sur ce blog des extraits de la conférence prononcée par le Cardinal Secrétaire d'Etat Pietro Parolin lors de la clôture du meeting de Communion et Libération à Rimini. Le journal La Croix publie ce discours in extenso : on y accédera en cliquant sur ce lien : http://www.la-croix.com/Urbi-et-Orbi/Documentation-cathol...

Lors de la conclusion du meeting de Communion et Libération à Rimini, le 25 août, le cardinal Parolin a expliqué le "manifeste" du pape François (source):

Le cardinal a apporté sa propre contribution sur le thème du meeting ("Ce que tu as reçu de tes pères, regagne-le pour le posséder") et a procédé à une clarification des aspects les plus importants du pontificat de François

Dans ce sens, le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d'État du Vatican, a prononcé un discours sur "l'étreinte" que l'Eglise propose à l'homme d'aujourd'hui.

Etait présent également le président de la Communauté de 'Communion et Libération', le père Julian Carron, qui a adressé un message de salutation au cardinal: «Nous avançons désarmés pour rencontrer l'autre et pour offrir à chacun la contribution que la foi peut apporter sur le chemin de chacun».

"Dites au pape que nous prions pour lui."

Au terme d'une leçon dense, riche en idées culturelles et théologiques, la présidente de la séance, Emilia Guarnieri, a conclu en invitant le cardinal à faire savoir au pape François que l'assistance du meeting est prête à vivre en suivant le cap indiqué.

Plus qu'un résumé, nous reprenons quelques passages saillants de l'intervention du cardinal Pietro Parolin.

La question des migrants

"Quand je pense qu'une partie non négligeable du débat civil et politique de ces derniers temps s'est concentrée sur la façon de nous défendre contre le migrant! Certes, pour le pouvoir politique, il c'est un devoir d'élaborer des schémas alternatifs à une migration massive et incontrôlée, d'établir un projet qui évite le désordre et l'infiltration d'individus violents parmi ceux que l'on accueille. Il est juste d'impliquer l'Europe et pas seulement elle. C'est de la clairvoyance que d'envisager le problème du développement structurel et des peuples dont proviennent les migrants qui, s'ils doivent s'y appliquer, auront encore besoin de décennies. Mais, tout au moins, n'oublions pas que ces femmes, ces hommes, ces enfants, en ce moment, sont nos frères ".

"Et pourtant, nous aussi, chrétiens, nous continuons à penser selon une division anthropologique et théologique dramatique, qui passe par un "eux" comme un "non-nous" et un "nous" comme un "non-eux". Nous avons besoin de reprendre en considération, sans superficialité, le thème de la diversité, de sa richesse, dans un contexte de connaissance et de respect mutuel ".

 

Globalisation et souveraineté

"Aucun État-nation ne contrôle plus d'un certain temps, de façon entière et exclusive, sa propre économie nationale. En l'absence d'une économie nationale dont les états pourraient se prévaloir pour en assurer la conduite, il n'est pas surprenant que la tendance générale, en particulier dans les pays autoritaires, mais aussi chez de nombreux dirigeants et de mouvements "populistes" (à gauche comme à droite), consiste à affirmer la souveraineté nationale en termes de suprématie culturelle, d'identité raciale, de nationalisme ethnique et y trouvent souvent les raisons d'une répression de toute forme de dissension interne.

"La globalisation, sous ses différents aspects, se voit réglementée, au niveau international, par une vision qui fait fi du bien commun. Sur ce point, où les valeurs les plus profondes de la justice et de la paix sont en jeu, des puissances comme les États-Unis et l'Union européenne ont un rôle et une responsabilité décisifs. Et trop souvent, nous en ressentons l'absence.

La contribution de l'Église

Après avoir rappelé que la contribution fondamentale de Benoît XVI a consisté à élargir le concept de raison et à considérer le recours à celle-ci comme indispensable pour penser adéquatement tous les termes du cadre social, le cardinal a ajouté:

"Le pape François a assigné un nouvel élan missionnaire mondial à l'Église catholique, ce qu'il a appelé l'Église qui va vers l'extérieur, dans laquelle et à travers laquelle le corps doctrinal doit reprendre vie dans un style pastoral. Rsituer la doctrine à l'intérieur du processus kérygmatique de l'évangélisation représente une réaffirmation radicale de l'identité chrétienne. Et non sa négation. "

La culture de la rencontre et du dialogue

Après une longue citation du discours de François au Prix Charlemagne, le cardinal a ajouté:

"C'est précisément dans une heure comme celle-ci, alors que l'humanité est traversée par la violence, les menaces, les peurs et les injustices, que la seule stratégie que nous pouvons adopter est le dialogue. Et l'Église ne peut pas ne pas faire siens la parole, le message, la supplication, la discussion qui s'inscrivent dans cette stratégie. "

Les guerres en cours et le terrorisme islamique

"J'ai dit à plusieurs reprises que confondre la nature réelle et variée des conflits avec leur justification idéologico-religieuse revient à produire un court circuit qui empêche de reconnaître les différentes responsabilités historico-politiques, sociales et culturelles. Chacun a des comptes à rendre. Et certainement aussi les religions quand elles n'entreprennent pas un parcours critique dans les parties les plus ambiguës de leurs propres traditions. Quand elles ne prennent pas leurs distances ou ne se dissocient pas en condamnant adéquatement les horreurs commises en leur nom. La violence, commise au nom d'une religion donnée, rétroagit négativement sur cette même religion et sur ses fidèles, jusqu'à produire des éléments qui pervertissent cette religion elle-même ".

Vers un engagement politique renouvelé

"Le miracle de l'amour désintéressé, qui semble si absurde dans la mentalité de beaucoup de nos contemporains, doit se reproduire dans nos sociétés, dans notre histoire concrète. La tâche sociale et politique doit être reconnue et proposée à nouveau, sur le plan éducatif également, que ce soit à chaque chrétien, à chaque groupe chrétien, à chacun selon les différentes situations et compétences. C'est vraiment nécessaire aujourd'hui. "

Si la coopération loyale de l'Eglise ne peut jamais faire défaut avec les différentes institutions dans la construction d'une société meilleure, elle ne peut manquer de maintenir sa «différence critique». (...) La différence chrétienne provient de la fidélité au Christ et à son Évangile selon le style de l'amour. Mais rien n'est plus exigeant et risqué que l'amour. C'est ce que la célèbre Lettre à Diognète témoigne: ils habitent sur la terre mais ce sont des citoyens du ciel. Ils obéissent aux lois établies, mais avec leur vie, ils surpassent les lois. Ils aiment tout le monde, mais tout le monde les persécute. "

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