Le cardinal Marx ne fait pas l'unanimité (23/02/2018)

Le cardinal Marx contesté par ses confrères (source)

Après des propos ambigus sur la bénédiction des couples de même sexe et une lettre louant le travail d’une organisation allemande permettant aux femmes de recourir à l’avortement, le cardinal Marx a dû essuyer la réprobation de plusieurs cardinaux et évêques.

Le cardinal Reinhard Marx, archevêque de Munich et Freising, préside la Conférence des évêques d’Allemagne depuis 2014. Le 3 février 2018, à l’occasion de ses dix ans à la tête de l’archidiocèse, le prélat a accordé un entretien au média bavarois Bayerischer Rundfunk. L'article est paru sous le titre accrocheur : « Il est possible de bénir des unions de même sexe ».

A la question de la journaliste Karin Wendlinger demandant s’il est envisageable de bénir de tels "couples", le prélat a répondu : « il n'y a pas de solution générale. Ne pensez pas qu'une solution globale serait juste car la pastorale concerne les individus : il y a des situations dans lesquelles nous n'avons pas de règles, mais cela ne veut pas dire qu’on ne peut rien faire (…). Il faut laisser cette question au prêtre qui accompagne les personnes en question. » Ces considérations vaseuses, dignes de la plus pure langue de buis conciliaire, évitent soigneusement de rappeler la morale catholique et la ferme condamnation par l'Eglise de ces unions contre-nature. Elles font écho aux déclarations de Mgr Franz-Josef Bode, numéro deux de la Conférence épiscopale allemande, également favorable à l'élaboration de rites spéciaux ou de « solutions particulières » permettant de bénir des unions de ce type.

A défaut d'une ferme réaction de la Conférence épiscopale allemande, une voix s'est fait entendre aux Etats-Unis. L’archevêque de Philadelphie, Mgr Charles Chaput, a rappelé dans son bulletin diocésain « qu'il n'y a pas de vérité, pas de vraie miséricorde, et pas de compassion authentique, à bénir une action qui éloigne les personnes de Dieu », ajoutant qu’il est impossible de « coopérer formellement à un acte moralement interdit ».

Le cardinal Paul Josef Cordes, président émérite du Conseil pontifical Cor Unum, aujourd'hui âgé de 83 ans, a pour sa part déclaré que les propos du prélat allemand étaient d’une « naïveté effrayante, ignorant la claire Révélation de Dieu », et il a dénoncé une idée « sacrilège » !

L'association Donum vitæ et le refus de la vie

Qui plus est, le cardinal Marx s’est signalé dans un autre domaine en envoyant, le 23 janvier 2018, une lettre d’encouragement au ZdK, le Comité central des catholiques allemands, afin de louer le travail accompli par les centres Donum vitae.

L'association Donum vitæ anime en Allemagne 116 centres d'accueil recevant environ 36.000 femmes par an. Outre un rôle de conseil auprès des femmes enceintes, elle délivre à celles qui ne veulent pas garder leur enfant la fameuse « attestation d’entretien », indispensable en Allemagne pour avoir accès à l’avortement. En son temps, le pape Jean-Paul II avait formellement condamné cette pratique. En 2006, la Conférence épiscopale allemande avait fini par interdire au personnel de l'Eglise de travailler au sein de Donum vitæ.

L’archevêque de Cologne, le cardinal Rainer Maria Woelki, a réagi. Se distançant de son confrère de Munich, le prélat a rappelé par voie de presse que Donum vitæ demeure « hors de l’Eglise » et qu’il est incompatible d’avoir une mission dans le diocèse tout en collaborant avec cette association.

De son côté, le vaticaniste italien Marco Tosatti, avec la fougue qu’on lui connaît, implore le Saint-Père de réagir face aux propos du cardinal Marx - par ailleurs membre du C9, le conseil restreint chargé par le pape de réformer la Curie romaine. Il lui demande de faire la clarté sur des questions qui mettent en danger le salut des âmes, qui reste la loi suprême de l’Eglise.

« Comment Rome se positionne-t-elle dans tout cela ? Et qu’on ne vienne pas dire que la confusion est le fait des journalistes (…). La confusion vient de ceux qui, au plus haut niveau, ont le devoir de donner des indications claires, qui ont l’obligation de parler, mais qui se taisent… »

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