Quand les droits individuels règnent sans partage jusqu'à faire périr l'idée du bien commun (15/03/2018)

Du site du Figaro :

Pierre Manent : «Les droits individuels règnent sans partage jusqu'à faire périr l'idée du bien commun»

BONNES FEUILLES - Le Figaro publie en exclusivité de larges extraits du remarquable nouveau livre du philosophe Pierre Manent, La Loi naturelle et les droits de l'homme, qui fera date.


Disciple de Raymond Aron, dont il fut l'assistant au Collège de France, directeur d'études honoraire à l'École des hautes études en sciences sociales, Pierre Manent occupe une place éminente dans le paysage intellectuel français. Il a œuvré pour remettre à l'honneur les grands penseurs libéraux du XIXe siècle puis s'est consacré à l'étude des formes politiques - la tribu, la cité, l'empire, la nation - et à l'histoire politique, intellectuelle et religieuse de l'Occident. Plusieurs de ses ouvrages sont des classiques.

Pierre Manent, « <i>La Loi naturelle et les droits de l'homme</i>», PUF, en librairie le 14 mars.
 

La doctrine des droits de l'homme, seul principe de légitimité encore accepté dans les pays européens, ôte toute boussole à la vie sociale et à l'art du gouvernement. Telle est la thèse que défend le philosophe Pierre Manent dans son ouvrage. «L'institution n'est plus protégée ni réglée par une loi opposable à l'individu ; celui-ci jouit en revanche d'un droit inconditionnel opposable à l'institution», s'inquiète l'auteur.

Extraits choisis et présentés par Guillaume Perrault.

«Qui suis-je pour juger?»

Quand nous regardons «ailleurs», en direction des «cultures» ou des «civilisations» extérieures à notre aire ou «exotiques» au sens propre du terme, celles qui ont fourni sa matière infiniment diverse à l'ingéniosité des ethnologues et qui continuent d'exciter la curiosité des touristes, nous nous faisons un devoir et un mérite de ne pas les juger, nous nous flattons de ne pas être choqués par les conduites parfois fort choquantes qu'on y observe, et qui trouvent selon nous, ou selon la philosophie qui nous guide, un sens raisonnable, ou acceptable, en tout cas innocent, dans cet ensemble organisé et cohérent qu'est la «culture» considérée. En revanche, quand il s'agit du domaine où nous agissons, où nous sommes citoyens, nous ne laissons pas une pierre à sa place, notre zèle réformateur est infatigable, et implacable la sévérité du jugement que nous portons sur nos arrangements sociaux et moraux qui ont toujours à nos yeux quelque chose d'irrationnel, d'inadmissible et de vicieux. ...

La suite est en accès payant sur le site du Figaro.

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