Allemagne : fronde de sept évêques contre l’accès à la communion sacramentelle du conjoint luthérien en cas de couple mixte luthéro-catholique (06/04/2018)

Le 22 février, la Conférence des évêques allemands avait annoncé avoir adopté « après d’intenses débats » un projet de texte sur la possibilité pour les couples luthéro-catholiques de communier ensemble à l’eucharistie.

Estimant que ce projet viole « la foi catholique et l’unité de l’Église », sept évêques ont écrit à Rome.  Commentaire d' Anne-Bénédicte Hoffner dans le quotidien « La Croix » :

"La possibilité pour les couples luthéro-catholiques de participer ensemble à l’eucharistie fait débat en Allemagne.

Le 22 février, au terme de l’Assemblée plénière de printemps des évêques allemands et après « d’intenses débats », le cardinal Reinhard Marx, archevêque de Munich, président de la Conférence épiscopale allemande et membre du C9 (le groupe de cardinaux chargés de conseiller le pape dans sa réforme de la curie) avait annoncé un texte qui faciliterait, dans certains cas, la communion pour le conjoint de confession protestante.

Pour certains évêques allemands, une telle décision outrepasse les compétences de la conférence des évêques et relève de l’Église universelle, autrement dit de Rome. Sept d’entre eux viennent d’écrire au préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, Mgr Luis Ladaria, et au cardinal Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens pour leur demander leur « aide » et « des éclaircissements », révèle le Kölner Stadt-Anzeiger, le quotidien de la ville de Cologne, dans son édition du 4 avril, qui a pu lire la missive.

Majorité des deux tiers

Selon l’article, le document pastoral annoncé en février – et adopté par une majorité des deux tiers des évêques – serait « illégal » car il « violerait de leur point de vue la foi catholique et l’unité de l’Église ».

En plus du cardinal Rainer Woelki, archevêque de Cologne, cette lettre de « trois pages » datée du 22 mars, est signée également par l’archevêque de Bamberg, Mgr Ludwig Schick, et par les évêques d’Augsbourg, Eichstätt, Görlitz, Ratisbonne (Regensburg) et Passau. « L’opposition au cardinal Marx et à la majorité des évêques se concentre donc en Bavière », relève le quotidien allemand, en rappelant que cette région est aussi celle du cardinal Marx, archevêque de Munich et président de la conférence épiscopale bavaroise…

Les sept signataires n’ont en outre pas « consulté préalablement » le président de la Conférence des évêques allemands (DBK). Le cardinal Woelki ne lui a écrit que le lendemain, le 23 mars, pour l’avertir de leur initiative.

« Des changements toujours possibles »

Le cardinal Marx leur répond dans une lettre datée du 4 avril, adressée à l’ensemble des évêques d’Allemagne, et publiée sur le site Internet de la conférence des évêques. Sur le fond, ce proche de François justifie cette décision – prise « à une écrasante majorité » rappelle-t-il – par l’encouragement du pape « à faire de nouveaux pas dans le domaine de l’œcuménisme et de la pastorale ».

Concernant les doutes exprimés par les sept signataires, il rappelle que « la gravité du besoin spirituel » de chaque couple mixte sera vérifiée et que la décision ayant été prise en cohérence avec les « textes de référence » sur l’œcuménisme et avec le droit canonique, le lien « avec l’Église universelle » est assuré. « Il a été démontré à maintes reprises et clairement qu’un évêque diocésain (canon 844) et bien sûr une conférence nationale des évêques peuvent formuler des critères qui permettent la communion à des chrétiens qui ne sont pas en pleine communion avec l’Église catholique », écrit-il également.

Il invite enfin les signataires à « informer » tous les évêques et non pas seulement lui puisque leur courrier « concerne toute l’Assemblée plénière ».

« Le procédé est sans précédent dans l’histoire récente de l’Église » allemande, indique l’article, qui fait toutefois référence au conflit qui avait opposé à la fin des années 1990 la majorité des évêques allemands au pape Jean-Paul II sur l’accompagnement des femmes enceintes dans les Centres de consultation pré-avortement.

« Pour des raisons de conscience », l’ancien archevêque de Cologne, le cardinal Joachim Meisner, s’était publiquement désolidarisé d’une décision prise en juin 1999 à la majorité des évêques allemands de rester dans le système consultatif du gouvernement.

Ref. Fronde de sept évêques allemands contre le projet de communion pour les couples mixtes

Des appels à Rome dans la constellation actuelle d’un pouvoir auquel le Cardinal Marx est étroitement associé ont-il quelque chance d’être entendus ?  

JPSC

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