Bébés sur mesure : en route vers le monde des meilleurs (22/04/2018)

Entretien avec Blanche Streb (du site de France Catholique) :

L’eugénisme en marche

Pourquoi ce livre ?

Ce livre explore ce qui se trame dans le secret des labos, où des bébés génétiquement modifiés sont déjà nés. Nous sommes en état d’urgence éthique, en France mais pas seulement. Le gouvernement laisse entendre que la PMA sans père pourrait être autorisée. Nous sommes sur le point de basculer vers un droit à l’enfant, ni plus ni moins. Et dans toutes les situations, même celles n’ayant aucun lien avec l’infertilité. Le droit à l’enfant est la première étape du bébé à la carte. Ce qu’on observe aux États-Unis, en Belgique, Espagne, Chypre, Ukraine, etc., où le marché de la procréation se déploie, doit nous alerter ! Avoir le droit de passer commande d’un enfant, est-ce vraiment ce que nous souhaitons pour notre pays ? Les débats autour de la PMA sans père mettent en lumière que les Français n’y sont pas favorables. La société «  n’est pas prête  ». L’intérêt supérieur de l’enfant reste, heureusement, bien présent dans les esprits.

Un bébé «  sur mesure  » ?

C’est un bébé que l’on conçoit, dans les deux sens du terme. D’abord comme un «  projet  » décrit avec certains paramètres puis concrètement de manière artificielle en éprouvette.

Pourquoi « le monde des meilleurs » ?

Le bébé sur mesure gagne son droit de vivre grâce à certains critères : soit il est exempt de maladies génétiques connues ou de simples prédispositions – dont rien n’établit avec certitude qu’elles se réaliseront – soit il correspond aux critères esthétiques choisis pour lui : taille, couleur des yeux, sexe… soit il est génétiquement boosté pour être «  meilleur  » que les autres… D’où ce sous-titre. Le monde des meilleurs est celui dans lequel la vie se soumet à la technique, où les êtres humains, en plus d’être triés pour obtenir le droit de naître, seraient améliorés, voire «  augmentés  ».

Ce n’est pas bien de vouloir améliorer la qualité d’un être humain ?

Les techniques font fi de tout principe de précaution, elles instrumentalisent l’embryon, en font un cobaye. La plupart des méthodes ne sont ni sûres ni efficaces. Tout cela n’empêchera pas les souffrances de la vie, ne rendra pas les humains meilleurs, ne garantira aucunement le bonheur des bébés sur mesure ou de leurs designers, n’ouvrira pas la perspective de construire une civilisation plus juste ou plus accueillante… Être né à l’issue d’un tri ou d’une manipulation génétique pourrait laisser planer chez les personnes concernées un symptôme de se sentir exister «  grâce au bon vouloir technologique  ». Un peu comme si elles étaient en permanence en période d’essai dans la vie. Suis-je assez bon, assez parfait ? Est-ce que je réponds aux critères qu’on a voulu poser sur moi ? Et pourquoi ne suis-je pas totalement, et en permanence, heureux si j’ai été conçu pour cela ? De quoi et à qui puis-je me plaindre ? Refuser l’anomalie, la fragilité, n’est-ce pas prendre le risque de tuer le bonheur dans l’œuf ?

À quoi sert votre livre ?

C’est une synthèse globale sur le sujet. Jusqu’où peut-on aller : gamètes artificiels, fabrication de bébé issus de deux personnes de même sexe, FIV à 3 parents. J’aborde aussi l’impact sur l’enfant, ses parents, les relations humaines, sur la société… enfin, je propose un sursaut éthique : redécouvrir la biodiversité humaine, refuser le code-barres génétique, repenser l’éthique du don, définir un progrès au service de l’homme…

Je pense qu’il est temps de repenser la procréation artificielle et de poser des limites sur lesquelles nous pouvons tous nous accorder. L’homme doit toujours se demander si le progrès technique débouche véritablement sur un progrès humain.

Les extraordinaires avancées de la science placent entre nos mains de nouveaux pouvoirs.

Lire aussi, sur Figaro Vox : L'enfant n'est pas un objet que l'on peut programmer

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