Les funérailles de Benjamin Herman, le terroriste de Liège ont eu lieu ce jour. C’était une cérémonie chrétienne présidée par un prêtre catholique. Est-ce que cette cérémonie pose problème d’un point de vue de l’Église étant donné que Benjamin Herman était converti à l’islam ?

Cela pose, bien sûr, un problème du point de vue de l’Église. Il s’agit d’un rituel pour une bénédiction d’un baptisé. Nous pouvons, avec l’autorisation de l’évêque, recevoir exceptionnellement un non baptisé quand il a évidemment donné des signes d’un rapprochement de Dieu. En revanche, enterrer un terroriste avec une cérémonie catholique, c’est évidemment un scandale. Nous n’en resterons pas là et je pense qu’il y aura une grande protestation dans l’Église.
Dans ces cas-là, pourquoi ne pas faire aussi des messes de Requiem pour Hitler si on va jusqu’au bout de ce raisonnement de miséricorde qui est en fait une tromperie de la miséricorde ?

Pourtant, on connaît l’exemple du curé d’Ars qui avait célébré la messe d’un suicidé.

Dans ce cas-là, c’est un péché personnel. L’Église a varié au cours du temps. Le suicide étant un péché personnel, il est souvent lié à des questions psychologiques. L’Église aujourd’hui est plus large sur ces questions-là.
Le curé d’Ars avait eu une révélation pour le suicidé. Il s’était aperçu qu’il avait eu le temps de demander pardon. Je ne crois pas qu’il ait fait de cérémonie à l’Église. Il avait dit à son épouse qu’il avait eu le temps de faire un acte de contrition. C’est dans le secret de Dieu. Je ne mets pas cet homme en enfer.
Par un refus d’une cérémonie à l’Église, nous voulons signifier qu’il y a des actes graves comme des assassinats d’innocents et que l’Église ne pourrait encourager en aucun cas par une cérémonie ce genre d’attitudes. Cela laisse supposer que la miséricorde serait au-dessus de l’assassinat de ces innocents. C’est un manque de discernement de la part du prêtre et, je le crains, de l’évêque du lieu, qui me paraît catastrophique.

Ce prêtre aurait-il fait passer l’émotion de la famille avant le droit canonique ?

Absolument, l’émotion de la famille avant la loi de l’Église. On aurait dû faire une veillée de prières pour les victimes, en y incluant à la rigueur également ce garçon quelque part victime d’une idéologie mortifère. Pour autant, il s’agit quand même d’un garçon adulte. Tuer des innocents n’est quand même pas un acte anodin. Il y a quand même une barbarie présente et qu’il faut d’abord dénoncer avant de vouloir donner de la miséricorde pour cet assassin. La miséricorde comprend évidemment la reconnaissance du péché. Nous n’avons aucun signe de repentance. Au contraire, pour ce garçon, tuer des innocents était une fierté.

Benjamin Herman vient d’une famille catholique. Il s’est converti à l’islam et s’est radicalisé dans le crime.
À Toulon, vous êtes souvent en contact avec des musulmans de la branche dure. Comment expliquer cette conversion de catholiques à l’islam ?

Ce sont souvent des catholiques non pratiquants qui n’ont pas reçu beaucoup de formation. Ils sont séduits par la communauté musulmane. Les musulmans n’ont pas peur d’affirmer leurs foi. De plus, une certaine logique musulmane, une certaine cohérence pour une vie politique, sociale et religieuse peut être impressionnante. Comme notre société ne propose qu’un libéralisme nauséabond, il est évident que l’islam va attirer.
Un évêque auxiliaire de Paris me disait qu’il était catastrophé par le nombre de catholiques qui passait à l’islam dans les écoles catholiques.
Il faudrait peut-être que nous soyons un peu conscients de la gravité de la situation. Pour des jeunes qui sont en recherche d’idéal, de spirituel et de transcendance, l’islam, y compris dans sa tendance la plus radicale, peut apparaître séduisant. Ces jeunes sont souvent atteints d’une faiblesse psychologique, mais pas forcément. Ce serait trop facile d’expliquer que la responsabilité n’est que dans la faiblesse psychologique. Il y a une idéologie mortifère.