Simone Veil au Panthéon : « et eritis sicut dei » (01/07/2018)

La Rome païenne « divinisait » des personnages mortels parce qu’elle avait une conception peu élevée de la divinité et de la vie au-delà de la mort : sa mythologie en témoigne. L’ère postchrétienne, qui nie la divinité et l’immortalité, ajoute un abus de langage en les glorifiant par une sépulture dans un édifice dédié par antiphrase à tous les dieux auxquels on a cessé de croire.

Plus qu’à elle-même d’ailleurs, l’apothéose de Madame Veil s’adresse en réalité à la dépénalisation de l’avortement: un acte en soi transgressif de la loi divine et emblématique d’un culte prétendument libérateur rendu à l’homme par lui-même.

A une supercherie éthique dont témoigne l’ampleur aujourd’hui atteinte par la banalisation de ce qu'on nomme pudiquement l' I.V.G., il est encore permis, jusqu’à présent, de préférer un autre geste: celui de la canonisation d’une Mère Térésa de Calcutta, le 4 septembre 2016 sur la place Saint-Pierre à Rome. Ici, nous entrons dans un autre monde, dont témoigne le discours prononcé par la future sainte à l’occasion de l’année de la famille, le 3 février 1994, devant le président et e vice-président des Etats-Unis. Le site « Forum Catholique » en reproduit la presque totalité du texte :  

« Nous parlons de l'amour de l'enfant ; c'est là, dans le cœur de l'enfant, que doivent naître l'amour et la paix. Mais je sens que le plus grand destructeur de la paix dans le monde d'aujourd'hui c'est l'avortement, car c'est une guerre déclarée contre l'enfant, un meurtre pur et simple de l'enfant innocent, un assassinat de l'enfant par sa mère elle-même. Si nous acceptons que la mère ait le droit de tuer même son propre enfant, comment pourrons-nous dire aux autres de ne pas se tuer les uns les autres ? Comment persuader une femme de ne pas se faire avorter? 

…J'élève la voix en Inde et partout ailleurs. " Il faut sauver cet enfant. " L'enfant est un don de Dieu pour une famille. Chaque enfant porte en lui, de manière unique et particulière, une ressemblance et une image de Dieu en vue de choses très grandes : pour aimer et pour être aimé. Dans cette année de la famille nous devons mettre de nouveau l'enfant au centre de notre affection et de notre attention. C'est seulement de cette façon que notre monde peut survivre, car les enfants sont notre seul espoir pour l'avenir. Lorsque les plus âgés sont appelés à Dieu, il n'y a que des jeunes qui peuvent prendre leurs places.

 

 

Mais qu'est-ce que Dieu nous dit réellement ? Il dit (Is 49, 15-16) : " Une femme oublie-t-elle son petit enfant, est-elle sans pitié pour le fils de ses entrailles? Même si les femmes oubliaient, moi, je ne t'oublierai pas. Vois, je t'ai gravé sur les paumes de mes mains. " Nous sommes gravés dans ses main ; cet enfant non-né était gravé dans les mains de Dieu dès sa conception et il est appelé par Dieu à aimer et à être aimé, non seulement dans cette vie, mais à jamais. Dieu ne peut jamais nous oublier.

Je vais vous raconter quelque chose de très beau. Nous luttons contre l'avortement, l'un après l'autre, en prenant soin de la mère et en adoptant l'enfant. Nous avons pu sauver des milliers de vies. Nous avons écrit à des cliniques, à des hôpitaux et à des postes de police : " S'il vous plaît, ne détruisez pas l'enfant, nous prendrons soin de l'enfant. " Nous avons toujours quelqu'un pour dire à des mères dans des situations difficiles : " Venez, nous prendrons soin de vous, nous trouverons une maison pour votre enfant. " Et nous sommes extrêmement sollicités par des couples qui n'ont pas d'enfants (mais je ne donnerai jamais un enfant à un couple qui avait fait quelque chose pour ne pas avoir d'enfant). Jésus a dit : " Quiconque reçoit un enfant en mon nom, me reçoit. " En adoptant un enfant ces couples reçoivent Jésus, alors qu'en avortant, en refusant un enfant un couple refuse Jésus. S'il vous plaît, ne tuez pas l'enfant. Je veux l'enfant. Donnez-moi cet enfant, s'il vous plaît. Je suis prête à accueillir tout enfant dont la mère risquerait d'avorter et je donnerai cet enfant à un couple marié qui l'aimera et sera aimé par cet enfant. Simplement grâce à notre asile pour les enfants à Calcutta nous avons sauvé plus de 3000 enfants de l'avortement. Ces enfants ont apporté tellement d'amour et de joie à leurs parents adoptifs et ils ont grandi remplis de joie et d'amour.

Je sais que les couples doivent planifier leur famille et pour cela il y a le planning familial naturel. La manière de planifier une famille c'est le planning naturel et non pas la contraception. En détruisant le pouvoir du don de la vie, par la contraception, un mari ou une épouse font quelque chose à eux-mêmes. C'est ainsi que l'essentiel de leur attention se tourne vers eux-mêmes et détruit le don de l'amour en lui ou en elle. Dans l'amour, l'époux et l'épouse doivent tourner leur attention l'un vers l'autre, comme c'est le cas dans le planning familial naturel, et non pas sur soi-même comme c'est le cas de la contraception. Une fois l'amour vivant détruit par la contraception, l'avortement suit facilement. Je sais également qu'il y a des problèmes graves dans le monde - beaucoup d'époux ne s'aiment pas assez pour pouvoir pratiquer le planning familial naturel.

Nous ne pouvons pas résoudre tous les problèmes de ce monde, mais tâchons d'éviter le plus dramatique des problèmes : la destruction de l'amour. Et c'est ce qui se produit lorsque nous disons aux gens de pratiquer la contraception et l'avortement. Les pauvres sont des gens extraordinaires. Ils peuvent nous apprendre de très belles choses. Une fois, l'une d'entre elles est venue nous remercier de lui avoir appris le planning familial naturel, car ce n'est rien d'autre qu'une simple maîtrise de soi fondée sur l'amour mutuel. Et ce que cette pauvre personne nous a dit est parfaitement vrai. Peut-être, ces pauvres gens n'ont-ils rien à manger, n'ont pas de maison pour y vivre, mais ils peuvent toujours être des gens extraordinaires s'ils sont spirituellement riches.

Quand je ramasse une personne dans la rue, affamée, je lui donne un bol de riz, un morceau de pain. Mais pensez à une personne qui est rejetée, qui se sent délaissée, qui n'a aucun amour de quoique ce soit, une personne terrifiée et exclue de la société - la pauvreté spirituelle est très difficile à éliminer. L'avortement, qui suit souvent la contraception, rend les gens spirituellement pauvres, et c'est la pire des pauvretés et la plus dure à éliminer. Ceux qui sont matériellement pauvres sont souvent des gens merveilleux, absolument admirables.

Un soir nous sommes sorties et nous avons ramassé quatre personnes dans la rue. Et l'une d'entre elles était dans un état très grave. J'ai dit à la sœur : " Occupez-vous des trois autres, je prendrai soin de celle qui est dans l'état le plus grave. Ainsi, j'ai fait pour elle tout ce que mon amour pouvait faire. Je l'ai mise au lit. Sur son visage il y avait un sourire tellement beau ! Elle a pris ma main entre les siennes et n'a dit qu'un mot : " Merci ". Elle est morte aussitôt après. En la regardant, je n'ai pas pu m'empêcher de faire un petit examen de conscience. Je me suis demandé : " Qu'est-ce que j'aurais dit, si j'étais à sa place ? " Et ma réponse était simple. J'aurais essayé d'attirer un peu l'attention sur moi. J'aurais dit : " J'ai faim, je meurs, j'ai froid, j'ai mal " ou quelque chose de ce genre. Mais elle m'a donné beaucoup plus, elle m'a donné son amour par reconnaissance. Elle est morte, un sourire sur le visage.

Puis il y avait un homme que nous avons trouvé dans les égouts, à moitié mangé par des vers, et après l'avoir amené à la maison, il nous a dit en toute simplicité : "J'ai vécu ma vie comme un animal, mais je vais mourir comme un ange, qu'on aime et dont on prend tant de soin". Plus tard, une fois que nous avons enlevé tous les vers de son corps, il a dit une seule phrase : " Ma sœur, je vais rentrer chez moi, dans la maison de Dieu " et il est mort. C'était tellement beau à voir, la grandeur d'âme de cet homme qui a pu parler ainsi sans blâmer personne, sans aucune comparaison avec les autres. Comme un ange ! C'est la grandeur des gens qui sont très riches spirituellement, même lorsqu'ils sont si pauvres matériellement.

Nous ne sommes pas des assistants sociaux. Aux yeux de certains nous faisons un travail social, mais nous devons être contemplatifs au milieu du monde. Car nous devons amener la présence de Dieu dans notre famille, car une famille qui prie ensemble, reste toujours unie. Il y a tant de haine, tant de misères ! Et nous par notre prière, notre sacrifice, nous commençons tout à la maison. L'amour prend sa source à la maison, et ce qui compte davantage ce n'est pas tant ce que nous faisons, mais l'amour que nous mettons dans tout ce que nous faisons. Si nous sommes réellement contemplatifs au cœur de ce monde qui a tant de problèmes, tous ces problèmes ne nous décourageront jamais. Nous devons toujours garder présent à l'esprit ce que Dieu nous dit dans la Sainte Écriture : " Une femme oublie-t-elle son petit enfant, est-elle sans pitié pour le fils de ses entrailles? Même si les femmes oubliaient, moi, je ne t'oublierai pas. "

… Dieu ne nous oubliera jamais et il y aura toujours quelque chose que nous, vous et moi, nous pouvons faire. Nous pouvons garder la joie d'aimer Jésus dans nos cœurs, et partager cette joie avec tous ceux que nous sommes amenés à fréquenter et à rencontrer. Prenons une résolution ferme : que jamais aucun enfant ne puisse manquer d'attention et d'affection, que jamais il ne soit privé d'amour ou de la vie pour être jeté comme une ordure. Et donnez jusqu'au bout, jusqu'à ce que cela vous fasse mal, avec le sourire. »

 JPSC

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