Nouvelle mise en garde du Cardinal Müller (13/12/2018)

Lu sur le site « Pro Liturgia » :

« Certains évêques sont clairement sortis de leur domaine de compétence. »

C’est ce que déclare le Cardinal dans un récent interview repris par le site Kathnet

« Il semblerait qu’il existe des évêques qui abusent de leur autorité en exigeant qu’on leur obéisse lorsqu’ils qu’ils édictent des comportements s’opposant à la loi naturelle et qu’ils propagent de faux enseignements concernant la foi et les mœurs.

Il semblerait que Mgr Theodore McCarrick, ancien archevêque de Washington, ait demandé à certains séminaristes et prêtres d’accomplir des actes contraires aux bonnes mœurs, abusant de son pouvoir en distribuant récompenses et de punitions. Il ne s’agit pas là d’une simple évocation du scandale des abus sexuels, mais de l’incapacité à y mettre un terme : on ne veut pas voir que la source du problème est dans l’effondrement de la morale sexuelle et l’on se refuse à crever cet abcès. 

C’est aussi grave que si un évêque, s’appuyant sur le principe de « l’obéissance religieuse » que lui doivent les prêtres et les fidèles de son diocèse (Cf. Lumen Gentium, n.25), demandait aux fidèles et aux clercs placés sous son autorité d’opérer, en guise d’enseignement et de pastorale, une entorse à « la vérité de l’Evangile » (Cf. Gal 2, 14). Le cas échéant, les catholiques - et tout particulièrement les clercs - auraient, comme l’avait fait Paul face à Pierre, le devoir de « s’opposer ouvertement à lui parce qu’il [est] dans son tort » (Cf. Gal 2, 11).

Malheureusement, tous nos pasteurs ne sont pas de la trempe de Saint Paul. Certains évêques pratiquent le libéralisme, c’est-à-dire la négligence et l’indifférence en matière de doctrine de la foi, quand ce n’est pas le relativisme, alors qu’en même temps ils se comportent avec autoritarisme en ne s’imposant qu’en usant de menaces et de sanctions face au catholique voulant demeurer fidèle à sa foi.

En arrière-fond, on devine le processus de sécularisation de l’Eglise. Les catégories idéologiques que sont la « modernité » et le « conservatisme » opèrent une distorsion de notre perception lorsqu’il s’agit de faire une claire distinction, dans l’expression et la défense de la foi catholique, entre ce qui est orthodoxe et ce qui relève de l’hérésie.

La sainte Communion ne peut être reçue dignement que par un chrétien baptisé qui vit en total accord avec le « Credo », c’est-à-dire avec la doctrine de l’Eglise Catholique, avec ses sacrements, et avec le pape et les évêques. A cela s’ajoute la Réconciliation avec Dieu et l’Eglise en cas de péché grave, sous forme du sacrement de la Pénitence ou d’une parfaite contrition avec la ferme volonté de confesser ses péchés à un prêtre dès que l’occasion se présentera. Par conséquent, en remettant au pape leur proposition concernant la réception de la communion par le conjoint protestant d’une union mixte - proposition très maladroite et mal préparée (de l’avis même de la Congrégation pour la doctrine de la foi en accord avec le pape François) - les évêques allemands ont clairement outrepassé leurs compétences doctrinales. 

Il ne peut pas être question de laisser la seule conscience du fidèle catholique ou du chrétien non-catholique décider s’il veut participer à la communion, dans le sens catholique du terme, ou s’il préfère se tourner vers la communion version luthérienne ou humaniste (c’est-à-dire procurant un sentiment de chaleur communautaire).

La communion avec l’Eglise et la communion sacramentelle sont inséparables, à moins que les évêques ne veuillent « désacramentaliser » l’Eglise. 

Toutes ces exigences touchant à la vraie foi, en effet, n’ont pas lieu d’être dans un christianisme simplement culturel, c’est-à-dire sans référence à la Révélation historique. Car s’il en est ainsi, alors l’Eglise devient une organisation humaine avec des relents de religiosité sentimentale et d’engagement social ; les dogmes deviennent des métaphores d’une transcendance sans contenu et les sacrements se muent en symboles d’inclusion de tous dans sa propre sentimentalité.

Les serviteurs du Christ que sont les évêques et les prêtres ne sont que des intendants des mystères de Dieu (Cf. 1Cor 4, 1). Ils sont donc « les ambassadeurs du Christ, et par eux c’est Dieu lui-même qui lance un appel : nous le demandons au nom du Christ, laissez-vous réconcilier avec Dieu » (Cf. 2Cor 5, 20). 

Le ministre de l’Eglise n’a pas le pouvoir de refuser les sacrements à celui qui est bien préparé, qui adhère à la compréhension catholique des sacrements et désire les recevoir. Mais il est aussi du devoir du ministre de l’Eglise de vérifier, chez celui qui demande à recevoir un sacrement, la réalité de sa pleine communion avec l’Eglise et sa volonté d’adhérer au sens catholique de l’acte. De même, il incombe à chaque personne de ne pas se présenter de façon péremptoire à la table de communion sans avoir examiné auparavant sa conscience pour savoir si elle est dans les bonnes dispositions et si elle a fait sienne la foi de l’Eglise concernant la communion ecclésiale et la communion sacramentelle. 

Il en va d’une certaine correction et du respect dû à une autre croyance : on doit savoir se retenir de s’approprier les rites d’une autre religion tant qu’on n’accepte pas le sens qui les fonde et les exprime, c’est-à-dire qu’on ne se lie pas totalement à cette communauté. 

Un bon pasteur essaiera, bien sûr, d’éviter un scandale lors de la distribution de la communion ; il n’utilisera pas non plus ce qui lui a été confié dans le secret de la confession pour renvoyer une personne dont il connaît la situation de péché grave. Cependant, il n’omettra jamais d’expliquer la doctrine de l’Eglise avec clarté et charité. Il n’est tenu par aucun décret divin de donner la communion à un non-catholique ; et par-dessus tout, sur le plan strict du droit canon, il ne peut pas être obligé, sur ordre d’un évêque, de poser un acte qui blesserait et obscurcirait la sacralité de l’Eglise.

L’évêque qui engage des sanctions contre un prêtre qui lui aurait ainsi désobéi avec raison, abuse gravement de ses pleins pouvoirs apostoliques et doit être amené à se justifier devant un haut tribunal ecclésiastique relevant du pape. A condition toutefois que la règle de justice impose des critères clairs. Car si des tractations menées en coulisses devaient favoriser certains pour qui le pouvoir est devenu un jeu, ce serait bien sûr l’autorité du magistère, et en particulier celle du pape, qui serait irrémédiablement sapée par un tel manque d’objectivité. »

Source : Kathnet (Trad. MH/APL) via Pro Liturgia

Le cardinal Gerhard Müller est le Préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi nommé par le pape Benoît XVI et « remercié » par le pape François.

JPSC 

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