Ordonner des "anciens" pour assurer le "munus sanctificandi" ? (10/02/2019)

De Maria Droujinina sur zenit.org :

Ordonner des hommes âgés mariés : commentaires de L’Osservatore Romano

La réflexion de Mgr Lobinger évoquée par le pape

Ordonner « aux côtés des prêtres célibataires, des ‘anciens’, avec famille et profession, organisés en équipes », telle est l’idée de Mgr Fritz Lobinger, prêtre allemand fidei donum et évêque d’Aliwal en Afrique du Sud (1987 à 2005), présentée et analysée par L’Osservatore Romano en italien daté du 6 février 2019. Les « anciens », selon Mgr Lobinger, pourront célébrer la messe, administrer le sacrement de la réconciliation et donner l’onction des malades dans les endroits où sévit une pénurie de prêtres.

Le pape François a suggéré de prendre en considération cette idée de l’évêque allemand âgé de quatre-vingt-dix ans, notant – au cours de la conférence de presse au retour du Panama – que son livre sur cette question était « intéressant ».

Mgr Lobinger a développé sa proposition d’ordonner des « équipes d’anciens » dans plusieurs livres, notamment dans Priests for Tomorrow. A plea for teams of “Corinthian Priests” in the parishes (Prêtres pour demain. Un plaidoyer pour les équipes de « prêtres corinthiens » dans les paroisses, publié en anglais en 2004 et en italien en 2009)

« L’ordination sacerdotale, a expliqué le pape François en faisant référence à cet ouvrage, donne les trois « munera » : le « munus regendi » (le pasteur qui guide), le « munus docendi » (le pasteur qui enseigne) et le « munus sanctificandi ». » L’évêque, a-t-il poursuivi, donnerait aux ‘anciens’, « seulement l’autorisation pour le ‘munus sanctificandi’. C’est la thèse … et cela peut peut-être aider à répondre le problème. » « Je crois, a ajouté le pape François, que le thème doit être ouvert en ce sens pour les lieux où il y a un problème pastoral à cause du manque de prêtres. »

En fait, explique le quotidien du Vatican, Mgr Lobinger propose de réintroduire, aux côtés du prêtre traditionnel diocésain, un deuxième type de prêtre qui, selon lui, existait dans les premiers siècles de l’Église : un homme de foi éprouvée qui, ayant une famille et un travail, consacrait une partie de son temps aux services religieux de la paroisse. Les paroisses auraient toujours des groupes de prêtres disponibles pour présider les offices religieux. Ces hommes n’exerceraient pas le ministère individuellement, mais toujours en équipe.

Mgr Lobinger a développé ces idées dans les années soixante-dix, en rencontrant des communautés sans prêtre résidant, mais guidées par des laïcs. Pour l’évêque allemand, l’engagement prioritaire est de construire des communautés chrétiennes authentiques, composées de personnes qui apprennent à collaborer et à partager des tâches. Il affirme que l’ordination des dirigeants locaux était la norme dans l’Église depuis des siècles. Dans les Actes des Apôtres (14, 23), nous lisons que, pour les nouvelles Églises, des « anciens » ont été désignés et qu’ils n’étaient pas invités de l’extérieur, mais faisaient partie de la communauté.

L’évêque allemand admet qu’il ne serait pas facile de surmonter « l’habitude de disposer d’un curé de paroisse entièrement disponible pour sa communauté ». Sur ce chemin, insiste-t-il, le Nord et le Sud doivent marcher ensemble parce qu’ils dépendent l’un de l’autre. Les anciennes et les nouvelles Eglises doivent se comprendre, dans leurs situations respectives, pour trouver une solution avec laquelle tous seront d’accord.

Dans l’avion, le pape François confiait : « C’est quelque chose qui est en débat parmi les théologiens mais ce n’est pas ma décision. Ma décision est : non au célibat optionnel avant le diaconat. C’est quelque chose qui vient de moi, c’est personnel, mais je ne le ferai pas, c’est clair. Suis-je quelqu’un de fermé ? Peut-être, mais je ne me sens pas de me mettre devant Dieu avec cette décision. » Mais, ajoutait-il, « je crois que le thème doit être ouvert en ce sens pour les lieux où il y a un problème pastoral à cause du manque de prêtres. Je ne dis pas qu’il faut le faire, je n’y ai pas réfléchi, je n’ai pas suffisamment prié sur ce point. Mais les théologiens en discutent, il faut qu’ils étudient ».

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