S’en prendre à une église, c’est tourner le dos à notre histoire (04/04/2019)

De Paul Sugy sur le site du Figaro (Vox) :

Annie Genevard et Philippe Gosselin: «S’en prendre à une église, c’est tourner le dos à l’Histoire de France»

Annie Genevard et Philippe Gosselin: «S’en prendre à une église, c’est tourner le dos à l’Histoire de France»

FIGAROVOX/ENTRETIEN - En 2018, 1 063 actes antichrétiens ont été commis en France selon le Ministère de l’intérieur. Les députés LR Annie Genevard et Philippe Gosselin réclament une mission d’information parlementaire pour mieux connaître la nature et les motivations de ces actes insupportables.


FIGAROVOX.- Vous avez demandé la création d’une mission parlementaire sur les actes antichrétiens. Quel est l’objet de votre démarche?

Philippe GOSSELIN.- En effet, nous demandons au président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand, la constitution d’une mission d’information parlementaire sur les actes antichrétiens. Ceux-ci ont défrayé la chronique récemment mais en réalité on en parle assez peu, et surtout on a du mal à connaître avec précision le nombre, le motif et la gravité de ces actes, car les statistiques rendues publiques par le Ministère de l’intérieur sont trop vagues. Dans son communiqué du 12 février dernier, il recense 1 063 «actes antichrétiens», sans qu’aucune précision supplémentaire soit ajoutée. En réalité les actes antichrétiens peuvent procéder d’intentions très diverses, et les profils de ceux qui les commettent sont variés. Nous avons besoin de mieux les connaître, pour aussi mieux y répondre: nous souhaitons donc qu’une typologie précise soit établie ainsi qu’une cartographie. Commettre un acte sataniste, ce n’est pas la même chose qu’un «simple» larcin, qui n’est pas non plus semblable à une profanation.

Annie GENEVARD.- Les mots sont importants: au mot «christianophobie» qui se calque sur le modèle d’autres discriminations pas nécessairement comparables, je lui préfère le terme d’ «actes antichrétiens». Notre démarche n’est pas communautaire, Il faut renseigner précisément le phénomène de façon objective, savoir de quoi nous parlons et ensuite en tirer des conclusions pour agir et ne pas laisser ces actes sans offrir une réponse forte. Nous ne pouvons pas détourner un regard gêné, il en va de la responsabilité et de l’honneur de la représentation nationale.

Au mot « christianophobie » je préfère le terme d’ « actes antichrétiens ».

Annie Genevard

Vous évoquez des actes antichrétiens récents. Quelle a été la «goutte d’eau» de trop qui vous a poussé à agir?

Annie GENEVARD.- Récemment, deux actes de vandalisme terriblement graves ont été commis dans des lieux symboliques, et m’ont beaucoup choquée. Il y a quelques jours, l’incendie dans l’église Saint Sulpice, une église qui abrite des œuvres remarquables: il y en a pour près d’un million d’euros de dégâts et des œuvres irrémédiablement perdues! Et quelque temps auparavant, des vandales se sont introduits dans la basilique Saint Denis, brisant notamment des vitraux et endommageant l’orgue. Saint Denis, ce n’est pas seulement un lieu de culte chrétien, c’est la nécropole des rois de France! C’est un lieu de rencontre entre notre histoire nationale et nos racines chrétiennes. Que l’on ose s’en prendre à ce monument est vraiment choquant non seulement pour les chrétiens mais pour bon nombre de citoyens, quelles que soient leurs convictions. Lorsqu’un acte antichrétien est commis, on tourne alors le dos à l’Histoire de la France qui a un lien intime avec la religion chrétienne. Il suffit de se déplacer en France pour le constater.

Philippe GOSSELIN.- Il y a eu sur le seul mois de janvier au moins 66 actes antichrétiens qui ont été commis en France, c’est-à-dire deux par jour. C’est un phénomène dont la presse quotidienne régionale parle un peu, mais qui fait rarement la Une des grands journaux tellement c’est devenu fréquent, presque lassant. Alors que chacun de ces actes est grave! Je peux citer ce qui a été fait à la Basilique de Saint-Denis qui est un symbole de l’histoire de France. En novembre 2017, à Saint-Lô qui est la ville chef-lieu de mon département, l’église a été attaquée par des vandales. Je peux aussi citer la cathédrale de Coutances, autre ville, qui a été touchée en janvier 2019. Tous les habitants en ont gardé un souvenir traumatisant, car l’église est un lieu symbolique. Au centre de nos villes et villages, elle incarne une forme de permanence, et pour les croyants bien sûr elle est la maison de Dieu. Pour autant, toux ceux qui attaquent une église n’ont sans doute pas d’intention sacrilège, mais précisément pour mieux connaître ces phénomènes ainsi que le profil des vandales, il est nécessaire que nous bénéficions d’informations plus précises sur chacun de ces actes.

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Face à ces actes antichrétiens, la réaction de l’Église est plus discrète: «Nous ne voulons pas développer un discours de persécutions. Nous n’avons pas le désir de nous faire plaindre» déclarait Mgr Pontier, le président de la Conférence des évêques de France, dans un entretien au Point

Les actes antichrétiens ne sont pas seulement le problème des catholiques mais de tous les Français.

Philippe Gosselin

Philippe GOSSELIN.- L’Église a son propre agenda, et sans doute a-t-elle en ce moment des questions plus compliquées à régler, mais il faut comprendre que les actes antichrétiens ne sont pas seulement le problème des catholiques mais de tous les Français. C’est une forme de violence, qui intéresse donc le pouvoir politique au même titre que toutes les autres, et qui n’est pas plus tolérable que n’importe quelle autre violence! Cela étant, je comprends le souci des évêques qui est de ne pas «victimiser» les catholiques. Mais comme responsable politique, j’observe quant à moi une forme de radicalisation de certains discours, de certaines attitudes à l’égard des croyants et en particulier des chrétiens. Les crispations autour du débat sur la laïcité y participent à leur manière. Peut-être aussi que le retour d’un catholicisme plus engagé, plus présent sur des sujets de société comme c’était le cas lors des défilés contre le mariage pour tous en 2013, suscite davantage d’animosité à l’égard de la religion chrétienne. J’observe aussi que certains chrétiens se font discrets sur leur foi par peur d’être inquiétés. Plus généralement, aujourd’hui la majeure partie des églises sont fermées jour et nuit, et il faut demander la clé au presbytère, ou à un voisin pour entrer… Cela en dit long sur la relation que notre époque entretient avec son histoire chrétienne.

Annie GENEVARD.- S’en prendre à une tombe chrétienne ou une église, quelle que soit la motivation de l’auteur, c’est une manière de s’en prendre à une part de notre identité collective, car le christianisme et ses monuments ont façonné notre culture, notre histoire et nos paysages. Chercher à détruire ou endommager des édifices chrétiens est une manière de faire «table rase» du passé. Dans une époque où règne le relativisme culturel le plus absolu, c’est d’autant plus grave que l’on met en péril certains de nos repères les plus précieux car les plus anciens. Une civilisation qui nierait et se détournerait de son passé serait une civilisation qui se perdrait. C’est cela qui me paraît inquiétant, et il faut y apporter une réponse politique forte.

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Nous n’en sommes quand même pas au même point que les chrétiens qui, en certains pays du monde, risquent leur vie pour leur foi…

Philippe GOSSELIN.- C’est évidemment sans commune mesure, même si l’assassinat en juillet 2016 du Père Jacques Hamel nous a tristement prouvé qu’en France aujourd’hui encore, on peut mourir parce qu’on croit en Dieu. Mais je suis très sensible au sort des chrétiens en Orient, et l’exemple qu’ils offrent est édifiant. Je me sens solidaire de ce qui leur arrive, et ce d’autant plus que je crois que leur place dans ces pays est absolument nécessaire: bien souvent, les chrétiens d’Orient contribuent à l’éducation, à la santé, et tout simplement participent de la richesse culturelle des pays où ils se trouvent. Mais il y a une convergence dans le phénomène, dans la mesure où en Europe comme en Orient, des tentatives existent pour effacer les racines judéo-chrétiennes, anéantir l’apport du christianisme à la culture nationale.

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