Quand "le printemps de l'Eglise" s'est mué en hiver glacial (22/09/2019)

Du site ProLiturgia.org :

Certains évêques commencent (enfin) à comprendre que la pastorale initiée par leurs prédécesseurs pendant et juste après le Concile n’a strictement rien produit : le « printemps de l’Eglise » qu’on annonçait tambour battant aux fidèles à coups de « messes des jeunes », de « Pierres vivantes », puis de la « messe qui prend son temps » et du « dimanche autrement » s’est transformé en un long hiver glacial. Aujourd’hui, donc, les évêques qui se soucient des vocations sacerdotales mettent en place, dans les séminaires encore ouverts, des prêtres formateurs bien plus « orthodoxes » que les précédents.

Mais un grand problème demeure. Les vocations, on le sait, naissent principalement au contact des liturgies paroissiales. Or, les paroisses sont en voie de disparition et la liturgie est catastrophique dans 95% des églises encore ouvertes. Par conséquent, on aura beau nommer qui ont veut dans les séminaires pour former les futurs prêtres, ça ne pourra rien produire tant que la liturgie ne sera pas la priorité pour nos évêques. Et elle ne semble toujours pas l’être puisqu’eux-mêmes sont les « enfants » des années de plomb durant lesquelles, dans les paroisses et les séminaires qu’ils fréquentaient étant adolescents, il était obligatoire de « déconstruire » la liturgie de l’Eglise pour, disait-on, la rendre plus attrayante.

Un autre problème mérite d’être évoqué : les vocations sacerdotales et religieuses ont besoin d’un cadre familial propice pour éclore. Or, de telles familles n’existent plus guère en dehors de quelques « micro-milieux » qui fournissent des candidats au sacerdoce s’orientant davantage vers des lieux de formation tels qu’Evron ou Wigratzbad.

On oublie trop souvent que les vocations ne tombent pas directement du ciel et qu’il ne peut pas y avoir de vocations s’il n’y a déjà plus de fidèles. Bref, nous sommes dans un cercle infernal dont on n’arrive pas à sortir.

Quand on sait que le taux de pratique religieuse, en France, touche moins de 3% des fidèles (les églises assez bien fréquentées de certaines grandes villes ne devant pas faire illusion) on peut déjà légitimement considérer le catholicisme comme quasiment éteint. Surtout si l’on considère la part de jeunes dans ces 3%...

Il y a quelques temps, un sociologue disait au cours d’une émission radiodiffusée d’ici vingt ans, le clergé diocésain aura quasiment disparu. Cette affirmation avait de quoi étonner au premier abord car on pouvait se dire que dans vingt ans, les jeunes prêtres ordonnés ses dernières années ne seront pas tous morts... Mais en fait, c’est bien une disparition du clergé diocésain qui nous attend quand on sait que si l’on fait le ratio ordinations/décès de diocésains, l’Eglise de France perd entre 400 et 500 prêtres chaque année. Les ordinations diocésaines sont donc largement insuffisantes, ne serait-ce que pour faire « survivre » les diocèses. En outre, on sait que relativement nombreux sont les jeunes prêtres qui « craquent » et sont obligés d’être mis au repos par leur évêque parce qu’ils n’arrivent pas à supporter la charge épuisante d’avoir à desservir parfois trente ou quarante clochers. Enfin, autre chose aggrave encore cette situation : c’est le nombre relativement important de nouveaux prêtres qui quittent le sacerdoce au cours des années qui suivent leur ordination.

Dans ces conditions, on ne voit pas très bien comment l’Eglise catholique pourra survivre en France, même en imaginant que les évêques se réveillent demain matin et fassent un virage à 180° par rapport à la pastorale en cours. Ce qu’ils ne feront pas, naturellement.

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