En résumé, les propositions sont les suivantes. Le Parti socialiste (PS) propose de supprimer toute sanction pénale au non-respect des conditions pour avorter, d’ augmenter le délai de 12 à 18 semainespour l’avortement sans motif thérapeutique, de supprimer la mention obligatoire des aides matérielles et psychologiques, et de la possibilité d’adoption – informations que reçoit normalement toute femme qui demande de pouvoir avorter. Enfin, le PS veut raccourcir le délai de réflexion avant un avortement de 6 jours à 48h.
De son côté, le parti DéFi reprend ces différents points, en y ajoutant trois autres : permettre l’avortement jusqu’à la naissance si la « situation psycho-sociale de la mère constitue un obstacle sérieux à la poursuite de la grossesse« , ou s’il y a un « risque » que l’enfant à naître sera atteint d’une affection grave et incurable. Par ailleurs, en cas d’objection de conscience du médecin, celui-ci doit s’assurer qu’il renvoie la patiente vers une médecin qui pratique l’avortement. Enfin, DéFi veut inscrire l’avortement comme un soin de santé et interdire que des établissements de soins refusent la pratique de l’avortement en leur sein.
Enfin, le PTB-PVDA a également déposé une proposition de loi visant à 1) supprimer toute sanction pénale au non-respect des conditions pour avorter, 2) augmenter le délai de 12 à 20 semaines pour l’avortement sans motif thérapeutique, 4) supprimer le délai de réflexion obligatoire avant un avortement, 5) permettre l’avortement jusqu’à la naissance si la « situation psycho-sociale de la mère constitue un obstacle sérieux à la poursuite de la grossesse », ou s’il y a un « risque » que l’enfant à naître sera atteint d’une affection grave et incurable, 6) en cas d’objection de conscience du médecin, s’assurer qu’il renvoie la patiente vers une médecin qui pratique l’avortement, et 7) inscrire l’avortement comme un soin de santé et interdire que des établissements de soins refusent la pratique de l’avortement en leur sein.
Bref, il s’agit ni plus ni moins d’une libéralisation totale de l’avortement.
Concernant l’euthanasie, plusieurs propositions de loi ont également été déposées: le PS veut s’assurer que le médecin qui refuse d’accéder à une demande d’euthanasie fasse part de son refus au patient dans les 7 jours suivant la demande, et transmette le dossier médical du patient dans les 4 jours suivant la mention de son refus, à un autre médecin qui pratiquera l’euthanasie du patient. Le PS veut enfin interdire aux hôpitaux et autres établissements de soins de refuser que l’euthanasie soit pratiquée en leur sein. Quant au groupe Ecolo-Groen, il veut rendre la déclaration anticipée d’euthanasie valide sans limite de durée.
Une négation d’humanité
Ces différentes propositions de lois, émises par des partis aussi différents que le PS, DéFi, PTB-PVDA, Ecolo-Groen, nous posent question, en particulier en ce qui concerne l’avortement. On l’a dit et redit souvent, et il est nécessaire de le répéter encore: une grossesse non désirée peut s’avérer un drame pour la femme, ou la jeune fille qui vit cette situation. La détresse peut être réelle, parfois indicible, et la femme concernée ne peut alors échapper à un choix difficile, déchirant, à un choix entre deux biens ou deux maux, à un conflit de valeurs essentielles.
Dans de telles situations, même le principe qui consiste à choisir le moindre mal ne permet pas toujours de sortir du dilemme qui se présente. Le législateur peut, lui aussi, être confronté à ce type de dilemmes. Tout comme, à un autre niveau, les Eglises ou d’autres communautés philosophiques.
Or, ce qui se passe actuellement au niveau des décideurs politiques, c’est que certaines valeurs humaines essentielles sont purement et simplement niées. En l’occurrence, sans doute pour épargner aux femmes un sentiment de culpabilité insupportable, c’est le caractère humain, l’humanité qui est purement et simplement nié. On peut comprendre que la reconnaissance du caractère pleinement humain d’un ovule fécondé, d’un embryon… humain puisse est être problématique. Il s’agit d’une question philosophique, qui peut et doit faire l’objet de débats, qui doit impliquer toutes les communautés convictionnelles.
Dans le cas présent, on assiste cependant, ces trente dernières années, en Belgique et ailleurs, à une négation pure et simple de cette question. Avec aujourd’hui une conséquence presqu’inévitable: on peut désormais envisager d’avorter jusqu’à la naissance. Qui pourra cependant affirmer, sans l’ombre d’un doute, que la veille de sa naissance, un foetus, est bel et bien un être humain?
Si on ne re-prend conscience de la gravité de la problématique qui est ici en jeu, une étape ultérieure sera, tôt ou tard, la suivante: autoriser l’euthanasie d’un nouveau-né, sur simple décision de la mère – la détresse, quelle qu’elle soit, n’étant d’ailleurs déjà plus, dans la législation belge actuelle, une condition nécessaire pour pratiquer un avortement.
On pense évacuer le problème, le conflit, mais au risque d’une régression de l’humanité. Certains conflits de conscience ne peuvent malheureusement pas être évités. Vouloir l’éviter ne pourra que faire resurgir, tôt ou tard, avec encore plus d’acuité, le sentiment de culpabilité qui peut surgir lorsqu’on fait le choix d’avorter, quelle qu’en soit la raison. Tenter d’étouffer une réalité ne fait qu’aggraver le malaise, qui peut devenir insupportable. Ln ne peut nier impunément la conscience, purement et simplement.
Le droit des femmes de ne pas se voir imposer un mode de vie, un mariage, une grossesse, est une valeur essentielle dans notre société. Le corps de la femme – ou, peut-être plus exactement, qu’est la femme – n’appartient pas à une tierce personne. Mais peut-on nier pour autant que le corps qui se développe en elle n’est pas elle, et ne lui appartient donc pas purement et simplement?
Si l’Eglise apparaît parfois intransigeante sur de telles questions éthiques, elle a le rare mérite, aujourd’hui, de chercher le bien de l’enfant à naître, mais également d’accueillir la détresse des femmes qui ont avorté. Car la guérison est toujours possible. Au-delà de la culpabilité.
Christophe HERINCKX, avec IEB
Commentaires
Bref, la Belgique serait le premier pays à légaliser l'infanticide.
Une régression?? Mais, non, c'est retrouver l'époque de nos ancêtres les Romains, dont le pater familias décidait de la vie ou de la mort d'un enfant. Ici ce sera la mère qui décidera toute seule de la mise à mort de son propre enfant. Vous me direz que cela existe depuis 1991...
Écrit par : Robert de Meulenaer | 20/10/2019
Le PS, Défi, le PTB et Ecolo ne sont pas si différents que l'affirme Christophe Herinckx. Ils ont en commun de pencher très fort à gauche. C'est toujours la gauche qui se retrouve à l'origine de telles propositions. Il est vrai qu'elle peut toujours compter sur la lâcheté du centre (CDH) et sur les libéraux pour que la proposition devienne loi..
Écrit par : Claude CHARLES | 20/10/2019
Voilà des gens qui se revendiquent athées et qui adorent Moloch.
Écrit par : Anne-Christine R | 20/10/2019
un pays qui tue ses propres enfants ne mérite plus de vivre !!!!! Où va-t -on ?????
Écrit par : defosse | 20/10/2019
"On peut comprendre que la reconnaissance du caractère pleinement humain d’un ovule fécondé, d’un embryon… humain puisse est être problématique. Il s’agit d’une question philosophique, qui peut et doit faire l’objet de débats, qui doit impliquer toutes les communautés convictionnelles."
"Qui pourra cependant affirmer, sans l’ombre d’un doute, que la veille de sa naissance, un fœtus, est bel et bien un être humain?""
Si Christophe HERINCKX pense défendre la vie humaine sur la base d'un tel doute, d'une telle incertitude, il n'arrivera à rien. Je lui conseille la lecture de Stéphane Mercier 'La philosophie pour la vie".
Écrit par : RPM | 20/10/2019
A claude charles,
Historiquement ce n'est pas tout à fait vrai . Les communistes français ont été contre l' avortement jusque 1965. Les communistes italiens ont empêché la légalisation du divorce encore plus longtemps.. Jeannette Vermeersch (PCF) disait de l'avortement : " Il ne faut pas que le vice des riches devienne le vice des pauvres ...".
En fait, au fil des années ,la gauche s'est de moins en moins préoccupée de la classe ouvrière et de plus en plus rapprochée de valeurs libérales, libertaires, pour ne pas dire libertines ( la franc maçonnerie y est pour quelque chose )
Et actuellement, vous avez raison de pointer l' acharnement de la gauche à combattre toute bioéthique.
Écrit par : muriel lehembre | 20/10/2019
"Le PS veut que le médecin qui refuse une euthanasie transmette le dossier médical du patient à un autre médecin qui pratiquera l’euthanasie ."
Un homme sort de prison où il a purgé 5 ans pour vol, bien décidé à mener une vie honnête. Malheureusement d'anciennes connaissances du milieu font pression sur lui pour obtenir sa participation à un casse. Il décline la "proposition", et se tire du pétrin en leur donnant l'adresse d'un malfrat disposé à faire le coup à sa place. Le casse a lieu mais la police arrête les coupables. Le malfrat contacté par le repenti dénonce celui-ci, qui est condamné pour complicité.
Ce que réclame le PS, c'est la complicité du médecin.
On dira que l'euthanasie ou l'avortement ne sont plus des délits, qu'il n'y a donc pas de complicité possible. Peu importe la loi dans le cas présent. Ce qui compte c'est la conscience que le médecin en a . La loi est pour lui une imposture, l'avortement est un mal auquel il ne veut participer d'aucune façon
Imagine-t-on un Maurice Caillet ("J'étais franc-maçon ", Ed. Salvator), franc-maçon, gynécologue pratiquant l'avortement, converti ensuite au catholicisme, donner l'adresse d'un collègue pour accomplir ce qu'il considère désormais comme un mal ?
Écrit par : RPM | 21/10/2019