Le Synode sur l’Amazonie a terminé ses travaux aujourd’hui 26 octobre avec le vote point par point du document conclusif. Mais ce document n’a aucun effet normatif. Il a été simplement remis au Pape François afin qu’il décide lui-même quoi faire et qu’il le mette par écrit dans une exhortation post-synodale.
Les lecteurs trouveront ci-dessous une anthologie des points principaux du documents avec les votes respectifs pour et contre.
Mais comme guide de lecture, il est conseillé de d’abord jeter un œil au bilan de ce synode publié hier en plusieurs langues – y compris en chinois – par « Asia News », l’Institut pontifical des missions étrangères.
L’auteur est un missionnaire Uruguayen invité au synode par le Pape François, Martín Lasarte Topolanski, que les lecteurs de Settimo Cielo connaissent déjà et dont ils ont pu apprécier le précédent commentaire.
Il dresse, pour ce synode, la liste des dix choses qui lui ont plu et des neuf choses qui lui ont déplu.
On trouvera le texte intégral de ce double « vote » sur « Asia News ». Nous reproduisons ci-dessous une synthèse abrégée de ses commentaires critiques :
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Les neuf choses qui ne m’ont pas plu dans ce synode
par Martín Lasarte
- Une énergie excessive gaspillée sur des problèmes intra-ecclésiaux, en particulier sur celui des « viri probati » et des « diaconesses ». Ce sujet, qui ne faisait pas totalement consensus, a consommé beaucoup de forces au détriment de la qualité des autres aspects qui eux faisaient consensus.
- Une auto-référentialité régionale. Synodalité avec ceux qui pensent comme moi. Autonomie et pluralisme avec ceux qui pensent autrement, comme dans le cas des Églises sœurs en Asie, en Europe et en Afrique. Je pense que le thème de la synodalité avec l’Église universelle aurait dû être davantage présent en ce qui concerne les ministères ordonnés.
- Il a manqué un plus sens plus profond d’autocritique ecclésial. Je fais référence à la faible incidence pastorale de ces cinquante dernières années dans les diverses réalités ecclésiales d’Amazonie. Quelles sont les causes de cette pauvreté pastorale et de son infertilité ? À mon avis, on n’a pas suffisamment abordé les thèmes de l’idéologisation sociale du ministère pastorale et du manque d’un témoignage crédible, cohérent et resplendissant de sainteté des ministres (phénomène de nombreux abandons de la vie religieuse et sacerdotale, ou de vue ambigüe).
- De nouvelles pièces sur un vieux vêtement. À mon avis, on n’a pas abordé les problèmes les plus profonds de l’évangélisation. Quelles sont les nouveaux chemins proposés par le synode ? Uniquement de nouvelles structures et les ordinations de « viri probati ». Il me semble de ces nouveautés soient extrêmement pauvres. De mon point de vue, les nouveaux vêtements que nous devrions endosser avec une nouvelle ferveur consistent en un problème de foi : revêtir le Christ.
- On parle d’un « rite amazonien » pour la liturgie. On risque de tomber dans une expérimentation théorique de laboratoire. Il ne fait aucun doute que l’inculturation de l’Évangile dans la liturgie et dans la vie des communautés amazoniennes soit indispensable mais cela devrait être fait dans la vie concrète et petit à petit, avec une adaptation raisonnable et en prenant le temps de décanter ce qui est réellement authentique dans la culture et de ce qui est vraiment susceptible de transmettre le mystère chrétien avec des symboles et des expressions originales, en évitant une « folklorisation » superficielle et générique.
- La cléricalisation des laïcs. Il aurait été possible de résoudre le problème des éventuelles ordinations au sacerdoce des hommes mariés par les voies ordinaires déjà possibles et praticables dans l’Église. Mais, malheureusement, « le » thème du synode a été l’ordination des hommes mariés, tandis que les autres thèmes sont restés dans l’ombre.
- Une vision sécularisée des ministères, en particulier de celui de femmes en tant que « diaconesses ordonnées. » Quand ce thème a été abordé, ce sont uniquement des motivations civiles qui sont mises en avant […] sous la forte pression de la culture dominante. Il m’a semblé qu’’un certain sens parlementaire a été assez présent : « nous sommes les représentants des peuples d’Amazonie et nous devons porter leurs revendications ».
- Le danger d’une église transformée en ONG. On réduit le mystère, la vie et l’action de l’Église à des activités de « conseil » et de service social. Cette réduction me semble être très présente dans la sensibilité de plusieurs participants au Synode.
- L’atmosphère du synode a été assez sereine, fraternelle et respectueuse, mais à la fin certains ont présenter les choses de façon assez clivante. D’une part un club de pharisiens qui serait attaché à la doctrine et effrayé par la nouveauté, et donc fermé à l’Esprit Saint et de l’autre ceux qui écoutent le « sensus fidei » du peuple, sans avoir peur, ouvert à la nouveauté et donc dociles à l’Esprit Saint. Nous ne pouvons qu’admirer cet Esprit Saint venu si bien préparé et si bien organisé.
Commentaires
Et la saga ne fait que recommencer ! De quoi faut il s'étonner et à quoi faut-il s’attendre ? N'est-il pas normal, logique, cohérent qu'un synode amazonien ait été mené par une Église dont les observateurs bien avisés savent qu’elle est en grande majorité "amazonienne " depuis belle lurette ? (Pacte des catacombes : 1965)
N'est-ce pas de cela qu'on nous a avisés "depuis belle lurette " ?
"Puis j'entendis une autre voix qui disait, du ciel : " Sortez, ô mon peuple, quittez-la, de peur que, solidaires de ses fautes, vous n'ayez à pâtir de ses plaies !" (Texte de l'Église catholique romaine)
Ce dont il faut s'étonner, c'est que, malgré l'abondance d'informations sérieuses et crédibles décrivant la "descente aux enfers " ou la crucifixion de la Sainte Église catholique romaine que Benoît XVI nous a encore laissée dans un état convenable (bien comprendre que ce brave pape n'a guère eu le choix de faire autrement), on ne trouve presque pas de personnes qui dénoncent une voie en impasse, une situation irréversible et irrémédiable sans l'intervention de Dieu.
Pourtant, il suffit de comparer le comportement de "nos deux papes contemporains » : "Ratzingérien " d'un côté, "Amazonien" de l'autre (plutôt du genre folklorique : https://www.youtube.com/watch?v=tR-nRU5da8c)
Quelques rares braves cardinaux ou évêques évoquent sans retenue une situation eschatologique ou apocalyptique. Mais cela semble traumatiser, tétaniser la presque totalité des catholiques même bien informés qui préfèrent donc ignorer ces derniers avertissements.
Malgré cela, il y a encore des gens qui tentent de "faire le bonheur des autres malgré eux ".
Ainsi, Mme Jeanne Smits termine-t-elle son dernière brillant article par une ardente prière à la TSV Marie :
"Sainte Marie de Guadalupe, Impératrice des Amériques, priez pour nous. Vraiment. Et vite. S’il vous plaît…"
https://leblogdejeannesmits.blogspot.com/2019/10/synode-sur-lamazonie-mes-commentaires.html
Et bien d'autres observateurs chevronnés en font autant.
Comprenne qui pourra, mais heureux ceux qui auront compris, ils ne seront pas surpris !
Écrit par : Emmaüs | 27/10/2019