BELGICATHO

Dire "Black Lives Matter" est important, a déclaré à CNA l'animatrice radio Gloria Purvis, qui est afro-américaine, à EWTN. Elle a ajouté que ni la phrase ni le mouvement ne devaient être considérés à travers la lunette d'une seule organisation. "C'est une erreur de dire que Black Lives Matter - l'organisation - est à la tête de ce mouvement". "C'est comme dire qu'une organisation est à la tête du mouvement pro-vie", a-t-elle expliqué. L'expression "Black Lives Matter" représente tout un "mouvement pour la justice raciale", a-t-elle dit, un mouvement qui est maintenant mondial et sans un seul leader. L'utilisation de la phrase "ne signifie pas que vous êtes maintenant de facto membre de cette organisation", a-t-elle dit. Pour moi, en tant que catholique, en tant que catholique fervente, en tant que fille loyale de l'Eglise, je n'ai aucun problème à dire "Black Lives Matter"", a-t-elle dit. "Je sais que cela ne fait pas de moi un membre de l'organisation." Certains catholiques hésitent à assister à des manifestations ou à d'autres événements parce qu'ils disent que non seulement "les vies noires comptent", mais que "toutes les vies comptent", a-t-elle noté. Purvis a expliqué que l'expression "les vies noires comptent" n'a pas pour but de dévaloriser la vie des autres, et bien que toutes les vies comptent, elle a observé que "dans la pratique" aux États-Unis, "ce que nous avons vu, c'est que les vies noires ne comptent pas". En tant que catholique pro-vie, Purvis a déclaré qu'elle reconnaissait les racines eugénistes de l'avortement, mais que la lutte contre le racisme en Amérique ne devrait pas se limiter à s'opposer à l'avortement. Elle a ajouté que le racisme se manifeste par des fautes de la police, des politiques de logement et d'autres aspects de la vie publique américaine.

Ryan Bomberger, un activiste noir pro-vie et co-fondateur de la Fondation Radiance, dit qu'il ne soutient pas le mouvement Black Lives Matter, en raison de son hostilité envers le christianisme. "Chaque vie tuée injustement mérite la justice. La question est de savoir comment faire pour obtenir cette justice. Et pour moi, en tant que chrétien, je ne peux pas embrasser un mouvement laïc qui est sans excuse hostile au christianisme, afin de poursuivre la justice", a déclaré Bomberger à l'ANC. Alors que "beaucoup de personnes impliquées" dans le mouvement agissent "par compassion et par amour", a-t-il dit, "les dirigeants sont très clairs sur les objectifs du mouvement", a déclaré M. Bomberger. "C'est l'ensemble de ce manifeste qui n'essaie pas d'être biblique dans un sens quelconque", a-t-il déclaré. "Ils ne cherchent pas le pardon ou la réconciliation, ils cherchent le pouvoir politique." Sur la relation des chrétiens avec le mouvement Black Lives Matter, il a dit que "mon problème est que l'Eglise devrait diriger, au lieu de suivre de façon laxiste un mouvement laïque de rupture".

Pour sa part, l'évêque Shelton Fabre, président du comité des évêques américains sur le racisme, a déclaré à l'ANC que les catholiques devraient joindre leurs efforts pour appeler à la justice raciale. "Black Lives Matter" a un vaste programme couvrant de nombreuses questions sociales, dont certaines ne sont pas en harmonie avec l'enseignement catholique. Cependant, sur la question de la lutte contre l'injustice du racisme, je crois comprendre que l'enseignement social catholique et Black Lives Matter sont en accord", a déclaré l'évêque. "Parce que nous avons la responsabilité d'apporter notre foi sur la place publique, il est approprié de protester contre l'injustice raciale", a-t-il ajouté.

Ces dernières semaines, des protestations de masse ont eu lieu dans des dizaines de villes du pays suite à la mort de George Floyd, un homme noir de 46 ans à Minneapolis. Dans certaines villes, il y a également eu des émeutes, et une partie de Seattle a été déclarée "protestation occupée". Un officier de police de Minneapolis qui s'est agenouillé sur le cou de Floyd pendant près de neuf minutes lors de son arrestation, Derek Chauvin, a été licencié par le département et est depuis lors accusé de meurtre au second degré et d'homicide involontaire coupable dans la mort de Floyd. Deux autres officiers qui se sont agenouillés sur Floyd, et un officier en service, ont été accusés de complicité de meurtre au second degré et de complicité d'homicide au second degré. Au cours des semaines de protestation, le mouvement et l'organisation Black Lives Matter ont attiré l'attention de la nation.

L'évêque de Belleville, Edward Braxton, aujourd'hui retraité, qui est afro-américain, a écrit une lettre pastorale de 2016 sur l'Église catholique et le mouvement Black Lives Matter. Dans cette lettre, Mgr Braxton affirme que le mouvement Black Lives Matter n'a pas de leader ou d'organisateur unique. "Cette phrase est plus un appel à l'action contre le profilage racial, la brutalité policière et l'injustice raciale qu'une organisation spécifique. Les médias et le public associent souvent une variété de groupes non connectés à Black Lives Matter, alors qu'ils ne sont en fait pas structurellement connectés", a noté l'évêque. Toutefois, M. Braxton a fait remarquer que la plupart des dirigeants du mouvement Black Lives Matter qu'il a rencontrés rejettent l'enseignement de l'Église sur la sexualité, le mariage et l'avortement. D'autres membres du mouvement, a-t-il dit, sont réticents à travailler avec l'Eglise parce qu'ils pensent que les catholiques n'en ont pas fait assez pour lutter contre le racisme, a-t-il écrit. Braxton a écrit qu'il existe "de profondes différences" entre les enseignements de l'Eglise et le mouvement Black Lives Matter, et que de nombreux dirigeants de ce mouvement "n'embrassent pas les idées théologiques chrétiennes traditionnelles sur la prière pour maintenir la paix et changer les cœurs". "Ils embrassent une théologie radicale de l'inclusion inspirée par un Jésus révolutionnaire", a-t-il écrit. L'évêque a néanmoins encouragé l'engagement catholique avec les dirigeants du mouvement "Black Lives Matter". Les différences "signifient-elles nécessairement qu'un représentant de l'Église ne peut pas avoir une conversation significative avec les représentants du mouvement sur ces questions et sur d'autres sujets où il pourrait y avoir une plus grande entente", s'est interrogé l'évêque. Braxton a écrit que son dialogue avec les membres du mouvement lui avait permis de présenter l'enseignement de l'Eglise sur la pauvreté et la race, ainsi que sur le mariage, la sexualité et la dignité humaine. L'évêque a déclaré qu'au cours du dialogue, il "a expliqué que la doctrine sociale de l'Eglise peut être plus forte qu'ils ne le pensent". J'ai également souligné que les croyances catholiques sur la nature du mariage, la signification de la sexualité humaine et la dignité de la vie humaine, de la conception à la mort naturelle, ne sont pas de simples normes culturelles ou questions sociales. L'Église ne peut pas et ne veut pas changer ces doctrines morales. Ces croyances représentent ce que l'Église tient fermement pour des principes moraux fondamentaux enracinés dans la nature humaine, la loi naturelle, la révélation biblique et les enseignements de Jésus-Christ". Braxton a écrit que tous les catholiques ont l'obligation d'œuvrer pour la justice raciale dans le cadre de l'enseignement catholique sur la dignité de la personne humaine et le caractère sacré de la vie humaine, et de travailler, avant tout, à la conversion. "L'Église a la grave responsabilité de contribuer à la conversion et à la transformation spirituelle en cours de nous tous. Travaillant inlassablement jour après jour, nous sommes des collaborateurs du Christ".

Au milieu des protestations en cours, Mgr Fabre a encouragé les catholiques à prendre au sérieux le rôle unique qu'ils peuvent jouer pour promouvoir la fin du racisme. Le moment présent, a déclaré Mgr Fabre, offre une "opportunité extraordinaire", de nombreux Américains prenant une part active aux protestations contre le racisme et les brutalités policières. Cependant, a-t-il dit, le travail reste à faire pour "démanteler le racisme". "Nous devrions chercher quel rôle unique Dieu pourrait demander à l'Eglise catholique de jouer pour transformer une opportunité en un moment décisif dans l'éradication du racisme", a-t-il déclaré. Les catholiques afro-américains ont souffert du racisme au sein de l'Eglise pendant "des décennies et des siècles", a-t-il dit ; parfois, cela a pris la forme de "paroisses n'accueillant pas le ministère d'un prêtre ou d'un diacre noir", a-t-il dit, "ou de paroissiens ne voulant pas recevoir l'Eucharistie d'un ministre afro-américain". Les catholiques noirs "aspirent à l'éradication du racisme dans l'Église par la rencontre, l'accompagnement, le repentir, la justice, l'action, la charité et la prière", a-t-il déclaré.