La liberté religieuse pour toutes les religions considérée comme un droit naturel voulu par Dieu
• Mgr Schneider : « Parmi les exemples de cela, on peut citer certaines expressions du Concile sur le thème de la liberté religieuse (comprise comme le droit naturel, et donc positivement voulue par Dieu, de pratiquer et de diffuser une fausse religion, ce qui peut comprendre l'idolâtrie ou pire encore)… »
• Mgr Schneider : « Hélas, quelques phrases plus loin, le Concile [dans Dignitatis Humanae] sape cette vérité en énonçant une théorie jamais enseignée auparavant par le magistère constant de l'Église, à savoir que l'homme a le droit, fondé sur sa propre nature, « forcé d’agir contre sa conscience ni empêché d’agir, dans de justes limites, selon sa conscience, en privé comme en public, seul ou associé à d’autres » (ut in re religiosa neque impediatur, quominus iuxta suam conscientiam agat privatim et publice, vel solus vel aliis consociatus, intra debitos limites, n. 2). Selon cette affirmation, l'homme aurait le droit, fondé sur la nature elle-même (et donc de la volonté positive de Dieu) de ne pas être empêché de choisir, de pratiquer et de répandre, même de manière collective, le culte d'une idole, et même le culte de Satan, puisqu'il existe des religions qui adorent Satan, par exemple, l'“église de Satan”. En effet, dans certains pays, l'“église de Satan” est reconnue comme ayant la même valeur légale que toutes les autres religions. »
L'identité entre l'Église du Christ et l'Église catholique et le nouvel œcuménisme
• Mgr Schneider : « [Cette] distinction entre l'Église du Christ et l'Église catholique (le problème du « subsistit in » donne l'impression qu'il existe deux réalités : d'un côté, l'Église du Christ, et de l'autre, l'Église catholique) ; et sa position à l'égard des religions non chrétiennes et du monde contemporain.
• Mgr Schneider : « Affirmer que les musulmans adorent avec nous le seul Dieu (« nobiscum Deum adorant »), comme l’a fait le Concile Vatican II dans Lumen Gentium n.16, est théologiquement une affirmation très ambiguë. Que nous, catholiques, adorions avec les musulmans le seul Dieu n’est pas vrai. Nous n’adorons pas avec eux. Dans l’acte d’adoration, nous adorons toujours la Sainte Trinité, nous n’adorons pas simplement « le Dieu unique » mais, plutôt, la Sainte Trinité, explicitement – Père, Fils et Saint-Esprit. L’islam rejette la Sainte Trinité. Lorsque les musulmans adorent, ils n’adorent pas au niveau surnaturel de la foi. Même notre acte d’adoration est radicalement différent. Il est essentiellement différent. Précisément parce que nous nous tournons vers Dieu et l’adorons comme des enfants constitués dans la dignité ineffable de l’adoption filiale divine, et nous le faisons avec une foi surnaturelle. Mais les musulmans n’ont pas une foi surnaturelle. »
• Mgr Viganò : « Nous savons bien que, renforcés par l’adage paulinien Littera enim occidit, spiritus autem vivificat, les progressistes et les modernistes ont su habilement cacher dans les textes du Concile ces ambiguïtés, qui à l’époque semblaient inoffensives pour la plupart des gens, mais qui aujourd’hui se manifestent dans leur valeur subversive. C’est la méthode du subsistit in : dire une demi-vérité non pas tant pour ne pas offenser l’interlocuteur (en supposant qu’il soit licite de taire la vérité de Dieu par respect pour l’une de ses créatures), mais dans le but de pouvoir utiliser la demi erreur que l’entière vérité dissiperait instantanément. Ainsi, “Ecclesia Christi subsistit in Ecclesia Catholica” ne précise pas l’identité des deux, mais la subsistance de l’une dans l’autre et, par cohérence, également dans d’autres églises : c’est l’ouverture aux célébrations inter-ecclésiales, aux prières œcuméniques, à la fin inexorable de la nécessité de l’Église pour le salut, de son unicité, de sa nature missionnaire. »
La primauté du pape et la nouvelle collégialité
• Mgr Schneider : « Par exemple, le fait même qu'une “nota explicativa praevia” au document Lumen Gentium ait été nécessaire montre que le texte de Lumen Gentium, au n. 22, est ambigu en ce qui concerne le sujet des relations entre la primauté du pape et la collégialité épiscopale. Les documents clarifiant le magistère à l'époque post-conciliaire, tels les encycliques Mysterium Fidei, Humanae Vitae, et le Credo du Peuple de Dieu du Pape Paul VI, ont été d'une grande valeur et d'une grande aide, mais ils n'ont pas clarifié les déclarations ambiguës du concile Vatican II mentionnées ci-dessus. »
Le Concile et ses textes sont la cause de nombreux scandales et erreurs actuels
• Mgr Viganò : « Si la Pachamama a pu être vénérée dans une église, nous le devons à Dignitatis humanae. Si nous avons une liturgie protestante et parfois même paganisée, nous le devons aux actions révolutionnaires de l’évêque Annibale Bugnini et aux réformes post-conciliaires. Si nous avons signé le document d’Abou Dhabi, nous le devons à Nostra Aetate. Si nous en sommes arrivés à déléguer des décisions aux conférences épiscopales — même en violation très grave du Concordat, comme cela s’est produit en Italie — nous le devons à la collégialité, et à sa version actualisée dans la synodalité. Grâce à ce processus synodal nous nous sommes retrouvés avec Amoris Laetitia à devoir chercher un moyen d’éviter ce qui était évident pour tout le monde, à savoir que ce document, préparé par une impressionnante machine organisationnelle, devait légitimer la Communion pour les divorcés et les concubins, tout comme Querida Amazonia devait servir de légitimation pour les femmes prêtres (voir le cas très récent d’une “vicaire épiscopale” à Fribourg) et l’abolition du Saint Célibat. »
• Mgr Viganò : « Mais si à l’époque il pouvait être difficile de penser que la liberté religieuse condamnée par Pie IX dans Mortalium animos pouvait être affirmée par Dignitatis humanæ, ou que le Pontife romain pouvait voir son autorité usurpée par un fantomatique Collège épiscopal, nous comprenons aujourd’hui que ce qui était alors habilement dissimulé dans Vatican II, est aujourd’hui affirmé ore rotundo dans les documents pontificaux précisément au nom de l’application cohérente du Concile. »
• Mgr Viganò : « Nous pouvons donc affirmer que l’esprit du Concile est le Concile lui-même, que les erreurs du post-Concile sont contenues in nuce dans les Actes conciliaires, tout comme il est dit à juste titre que le Novus Ordo Missæ est la messe du Concile, même si en présence des Pères on célébrait la messe que les progressistes appellent significativement préconciliaire. »
• Mgr Schneider : "Pour toute personne intellectuellement honnête, qui ne cherche pas à faire la quadrature du cercle, il est clair que l'affirmation de Dignitatis Humanae selon laquelle tout homme a le droit, en vertu de sa propre nature (et donc de la volonté positive de Dieu), de pratiquer et de diffuser une religion selon sa propre conscience, ne diffère pas substantiellement de la déclaration d'Abu Dhabi, qui affirme : « Le pluralisme et les diversités de religion, de couleur, de sexe, de race et de langue sont une sage volonté divine, par laquelle Dieu a créé les êtres humains. Cette Sagesse divine est l’origine dont découle le droit à la liberté de croyance et à la liberté d’être différents. »
Nous avons pris bonne note des différences que vous avez soulignées entre les solutions que chacun d'entre vous a proposées pour répondre à la crise déclenchée lors du Concile Vatican II et qui l'a suivi. Par exemple, Mgr Viganò a fait valoir qu'il serait préférable d'« oublier » complètement le Concile, tandis que Mgr Schneider, en désaccord avec lui sur ce point précis, propose de ne corriger officiellement que les parties des documents du Concile qui contiennent des erreurs ou qui sont ambiguës. Votre échange d'opinions courtois et respectueux devrait servir de modèle pour le débat plus vigoureux que nous souhaitons, vous comme nous. Trop souvent pendant ces cinquante dernières années, les désaccords au sujet de Vatican II ont été rejetés par de simples attaques ad hominem plutôt que par une argumentation calme. Nous invitons tous ceux qui participeront à ce débat à suivre votre exemple.
Nous prions pour que Notre très sainte Mère, la Vierge Marie, saint Pierre, Prince des Apôtres, saint Athanase et saint Thomas d'Aquin protègent et préservent vos Excellences. Puissent-ils vous récompenser pour votre fidélité à l'Église et vous confirmer dans votre défense de la Foi et de l'Église.
In Christo Rege,
(signé)
Donna F. Bethell, J.D.
Pr Dr Brian McCall
Paul A. Byrne, M.D.
Edgardo J. Cruz-Ramos, Président Una Voce Porto Rico
Dr Massimo de Leonardis, professeur (ret.) d'histoire des relations internationales
Pr Roberto de Mattei, Président de la Fondazione Lepanto
P. Jerome W. Fasano
Mauro Faverzani, journaliste
Timothy S. Flanders, auteur et fondateur d'un apostolat laïque
Matt Gaspers, rédacteur en chef, Catholic Family News
Corrado Gnerre, leader du mouvement italien “Il Cammino dei Tre Sentieri”.
M. Virginia O. de Gristelli, directrice du Cercle de formation Saint-Bernard de Clairvaux, Argentine
Jorge Esteban Gristelli, rédacteur en chef, Argentine
Dr Maria Guarini STB, rédactrice du site web Chiesa e postconcilio
Kennedy Hall, auteur
Pr Dr em. Robert D. Hickson
Pr Dr.rer.nat. Dr.rer.pol. Rudolf Hilfer, Stuttgart, Allemagne
Révérend John Hunwicke, chercheur émérite, Pusey House, Oxford
Pr Dr Peter Kwasniewski
Leila M. Lawler, écrivain
Pedro L. Llera Vázquez, directeur d'école et auteur à InfoCatólica
James P. Lucier PhD
Massimo Magliaro, journaliste, rédacteur en chef de “Nova Historica”
Antonio Marcantonio, MA
Dr Taylor Marshall, auteur de l'ouvrage Infiltration : Le complot pour détruire l'Eglise de l'intérieur
Le révérend Deacon, Eugene G. McGuirk
P. Michael McMahon, Prieur de St. Dennis Calgary
P. Cor Mennen
P. Michael Menner
Dr Stéphane Mercier, Ph.D., S.T.B.
M. Andrew P. Napolitano, analyste judiciaire principal, Fox News ; professeur associé de droit,
Université Hofstra
P. Dave Nix, Ermite diocésain
Prof. Paolo Pasqualucci
P. Dean Perri
Dr Carlo Regazzoni, Philosophe de la culture, Therwill, Suisse
P. Luis Eduardo Rodríguez Rodríguez
Don Tullio Rotondo
John F. Salza, avocat et apologiste catholique
Wolfram Schrems, Wien, Mag. theol., Mag. Phil., catéchiste
Henry Sire, historien et auteur
Robert Siscoe, auteur
Jeanne Smits, journaliste
Dr sc. Zlatko Šram, Centre croate pour la recherche sociale appliquée
P. Glen Tattersall, curé de la paroisse de St John Henry Newman (Melbourne, Australie)
Marco Tosatti, journaliste
Giovanni Turco, professeur adjoint de philosophie du droit public à l'université d'Udine (Italie)
Jose Antonio Ureta
Aldo Maria Valli, journaliste
Dr Thomas Ward, président de l'Association nationale des familles catholiques
John-Henry Westen, co-fondateur et rédacteur en chef de LifeSiteNews.com
Willy Wimmer, secrétaire d'État, ministère de la défense (à la retraite.)
Le 15 juillet, s'y sont ajoutés :
P. Jay Finelli
Renacito Refuerzo Ramos, MD, DFM, médecin catholique
Les autres prêtres et universitaires qui souhaitent signer cette lettre ouverte peuvent nous contacter à l'adresse suivante : Openlettercouncil@gmail.com
Commentaires
Bravo Deo gratias... enfin on va y arriver ...il est tard mais urgent d'en finir avec ce concile qui fait des ravages dans notre Sainte Eglise Catholique depuis plus de 60 ans...
Écrit par : de la Croix | 16/07/2020
Cher de la croix, En finir avec ce Concile ? Ce serait en finir avec saint Jean XXIII, saint Paul VI, saint Jean-Paul II le grand. Ce serait renier notre pape Benoît XVI qui nous donne la clef pour comprendre ce concile : il est dans la continuité et non la rupture avec les autres conciles. Ce serait aussi renier notre pape François qui complète la doctrine par une approche pastorale puisque "vérité et amour doivent toujours marcher ensemble".
Il faudrait surtout en finir avec "l'esprit du concile", c'est à dire avec la falsification qui règne en Occident depuis 60 ans et qui réduit EN OCCIDENT ce saint Concile à une sorte d'humanisme purement terrestre.
Il faudrait aussi que l'Eglise publie les canons du Concile afin d'échapper aux (trop) longs documents verbeux que personne ne lit.
Écrit par : Arnaud Dumouch | 16/07/2020
Des déclarations du magistère sur Vatican II (des précisions, voire des corrections) ne feraient pas cesser la crise actuelle de l'Eglise. Les modernistes les rejetteraient sans scrupule et les débats reprendraient aussitôt. Je pense que ce qui fera progressivement s'estomper les éléments de la crise actuelle, c'est le fait que de plus en plus l'Eglise sera constituée de convertis. Avec eux tous nos débats entre catholiques de vieille souche n'auront plus de sens.
Écrit par : Père Simon | 17/07/2020