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Amorce d'une nouvelle campagne médiatique contre le célibat des prêtres

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En septembre prochain, le pape doit effectuer une visite pastorale en Allemagne. Certains médias sont déjà occupés à miner le terrain sur lequel Benoît XVI sera amené à poser ses pas. C'est ainsi que le Suddeutsche Zeitung exhume une pétition qui a circulé en Allemagne, en 1970, en faveur de la modification de la règle du célibat sacerdotal et que l'abbé Ratzinger aurait signée. Cette information, aussitôt reprise par le Figaro et Europe I, le sera, n'en doutons pas, par les médias de notre petite terre d'héroïsme. En Allemagne, les journalistes appuient ainsi les politiciens, dont la chancelière, qui s'immiscent dans cette question de discipline ecclésiastique et qui voient dans le mariage des prêtres une réponse adéquate aux problèmes de pédophilie.

Nous avons déjà posté sur ce blog une note qui dénonçait le simplisme d'une telle vision.

Il ne s'agit pas d'une question dogmatique mais bien d'une question de discipline ecclésiastique qui diffère de la perception qu'en ont d'autres églises. Il faut cependant rappeler que dans les églises d'orient (mêmes catholiques), si on ordonne des hommes mariés, il n'est pas question d'ouvrir le mariage à des prêtres célibataires.

On lit beaucoup d'âneries dans la presse et dans les réactions des lecteurs influencés par le battage médiatique à ce propos. Certains n'hésitent pas à dénoncer le caractère tardif de l'introduction de la discipline du célibat alors que le Père Cochini, dans une étude scientifique consacrée aux origines apostoliques du célibat sacerdotal tord le cou à ces inepties. Interrogé en 2006, lors de la publication de son ouvrage, il déclarait :

"L’ouvrage publié aujourd’hui aux éditions Ad Solem est la réédition, augmentée d’une préface du cardinal Castrillon Hoyos, de mon livre sur Les Origines apostoliques du célibat ecclésiastique, publié pour la première fois en 1981 chez Lethielleux. Il a été jugé utile de le republier parce que la question des origines, c’est-à-dire la question historique, est aujourd’hui au centre du débat. Il est frappant, en effet, de voir la quantité de livres ou d’articles qui contestent la discipline de l’Eglise latine concernant le célibat obligatoire des clercs en arguant de l’origine tardive de la loi. Certains, comme vous le dites, y voient une invention médiévale, en se référant au 2ème concile du Latran de 1139, mais ils sont de moins en moins nombreux, car l’argument ne résiste pas à une simple lecture du texte conciliaire : le document du Latran n’établit pas l’obligation du célibat, mais frappe de nullité tout mariage contracté par un clerc déjà ordonné. En revanche, la critique basée sur le concile d’Elvire des années 300, le premier en date des synodes faisant état d’une obligation de continence parfaite pour les membres du clergé supérieur, ainsi que sur l’existence de nombreux évêques, prêtres et diacres mariés au cours des premiers siècles de l’Eglise, est certainement à prendre en compte."

On le voit, tant sur le fond de la question où il est simpliste de croire que le mariage résoudrait le problème de la pédophilie (alors que tant d'hommes mariés sont pédophiles), que sur sa dimension historique, il y a une véritable entreprise de désinformation qui est à l'oeuvre. Quant à Joseph Ratzinger, on peut imaginer qu'il a évolué et qu'ayant souscrit à certaines positions qui étaient dans l'air du temps conciliaire et post-conciliaire, il a eu le temps et l'accès à d'autres données qui lui ont permis de rectifier certaines de ses positions.

Commentaires

  • Dans « Le sel de la terre », (Flammarion/Cerf, 1977), le Cardinal Ratzinger, futur Benoît XVI, répond comme suit (pp. 194-195) aux questions du journaliste Peter Seewald sur la règle du célibat ecclésiastique dans l’Église latine :

    Question : y a-t-il un rapport entre la crise du célibat sacerdotal et la crise du mariage ?

    Réponse :

    « Cela paraît tout à fait flagrant. Dans les deux cas, il s’agit d’une décision de vie définitive, qui concerne le centre de ma propre personnalité : puis-je dès maintenant, disons à vingt-cinq ans, disposer de ma vie entière ? L’homme est-il capable d’une telle chose ? Est-il possible de supporter cela et de s’épanouir comme être vivant et de mûrir -ou ne dois-je pas plutôt me garder ouvert à d’autres possibilités ? Au fond, la question se présente ainsi : l’homme a-t-il la possibilité de fixer définitivement le domaine central de son existence ? Peut-il, en décidant de sa manière de vivre, assumer un lien définitif ? A cela, je répondrai deux choses : il ne le peut que s’il est réellement et solidement ancré dans la foi ; et deuxièmement, c’est seulement ainsi qu’il arrive à la plénitude de l’amour humain et de la maturité humaine. Tout ce qui reste inférieur au mariage monogame est trop peu pour l’être humain. »

    Question : croyez-vous qu’un jour peut-être des prêtres pourront décider librement entre une vie célibataire et une vie non célibataire ?

    Réponse:

    « En tout cas, le serment prononcé avant l’ordination empêche qu’il y ait des célibataires forcés. On n’est admis au sacerdoce que si on le veut de son plein gré. Et naturellement une autre question se pose alors : à quel point sacerdoce et célibat sont-ils liés ? Vouloir les dissocier n’est-ce pas avoir une vue moins haute du sacerdoce ?
    Je crois que l’on ne peut pas tout bonnement renvoyer aux exemples des Églises orthodoxes et du protestantisme :
    La chrétienté protestante a une tout autre conception du sacerdoce : là, c’est une fonction, c’est un service qui émane de la communauté, mais ce n’est pas un sacrement au sens propre, pas un sacerdoce en ce sens particulier.
    Dans les Églises orthodoxes, il existe une forme pleine du sacerdoce, ce sont les prêtres moines qui seuls peuvent devenir évêques. A côté, il y a des « prêtres laïques » qui, s’ils veulent se marier, doivent le faire avant l’ordination. Ils ne font presque pas de pastorat, mais sont simplement les serviteurs du culte. C’est donc là aussi une conception un peu différente du sacerdoce. Nous, au contraire, nous sommes d’avis que celui qui est prêtre doit l’être comme l’est un évêque, et que ce genre de division ne peut exister. Il ne faut cependant pas considérer comme tout à fait absolue une habitude de vie de l’Église, si profondément ancrée et fondée soit-elle. Mais je pense, d’après toute l’histoire de la chrétienté occidentale [ndlr : les uniates orientaux ordonnent prêtres des hommes mariés] et aussi d’après la vision intérieure qui préside à l’ensemble, que l’Église n’aurait pas grand-chose à gagner en s’orientant vers cette dissociation : elle perdrait beaucoup si elle le faisait.

    Question : on peut donc dire que vous ne croyez pas qu’il y aura un jour des prêtres mariés dans l’Église catholique ?

    Réponse :

    […] Nous avons des prêtres mariés, qui se sont convertis et sont venus à nous de l’anglicanisme ou de différentes communautés protestantes. C’est donc possible dans des situations exceptionnelles. Et je pense que dans l’avenir cela restera aussi des situations exceptionnelles.

    Pourquoi exceptionnelles ?

    Le soir du 10 juin 2010 sur la place Saint-Pierre, alors même que l’Année du Sacerdoce se clôture, ternie par la révélation de tristes scandales, Benoît XVI a approfondi devant des milliers de prêtres assemblés, le sens du célibat auquel ils se sont engagés devant Dieu. Voici sa réponse à l’interpellation de l’un d’eux :

    Question : Très Saint-Père, je m’appelle Karol Miklosko, je suis slovaque et missionnaire en Russie. Voudriez-vous nous apporter vos lumières sur la profondeur et la signification authentique du célibat ecclésiastique ?

    Réponse :

    La célébration quotidienne de la sainte eucharistie doit vraiment être le centre de notre vie. Ici les paroles de la consécration sont centrales : "Ceci est mon corps, ceci est mon sang" ; c’est-à-dire que nous parlons "in persona Christi". Le Christ nous permet d’employer son "je", nous parlons avec le "je" du Christ, le Christ nous "attire en lui" et nous permet de nous unir, il nous unit, à son "je". Ainsi, à travers cette action, à travers ce fait qu’il nous "attire" en lui-même, de manière à ce que notre "je" soit uni au sien, il manifeste la permanence et l’unicité de son sacerdoce ; ainsi il est vraiment toujours l’unique prêtre et pourtant il est très présent dans le monde, parce qu’il nous "attire" en lui-même, rendant ainsi présente sa mission sacerdotale. Cela veut dire que nous sommes "attirés" dans le Dieu du Christ : c’est cette union avec son "je" qui se réalise dans les paroles de la consécration. De même, dans le "je t’absous" – parce qu’aucun d’entre nous ne pourrait absoudre quelqu’un de ses péchés – c’est le "je" du Christ, de Dieu, qui seul peut absoudre. Cette unification de son "je" et du nôtre implique que nous sommes également "attirés" dans sa réalité de Ressuscité, que nous avançons vers la vie complète de la résurrection, dont Jésus parle aux sadducéens au chapitre 22 de l’évangile de Matthieu : c’est une vie "nouvelle", dans laquelle on est déjà au-delà du mariage (cf. Mt 22, 23-32). Il est important que nous nous laissions sans cesse pénétrer par cette identification du "je" du Christ avec nous, par ce fait d’être "attirés hors de nous-mêmes" vers le monde de la résurrection. En ce sens, le célibat est une anticipation. Nous transcendons ce temps et nous allons de l’avant, de telle sorte que nous nous "attirons" nous-mêmes ainsi que notre temps vers le monde de la résurrection, vers la nouveauté du Christ, vers la vie nouvelle et vraie.[…] Pour le monde agnostique, pour le monde dans lequel Dieu n’a rien à voir, le célibat est un grand scandale, parce qu’il montre justement que Dieu est considéré et vécu comme une réalité. Avec la vie eschatologique du célibat, le monde futur de Dieu entre dans les réalités de notre temps

  • L'Église a toujours eu des ennemis, mais elle ne cèdera jamais face à l'air du temps.

    Rappellons que l'église n'est pas là pour plaire au monde, l'église se perdrait si elle cherchait cela.


    "Vouloir être dans le vent, c'est l'ambition d'une feuille morte"



    Que Dieu pardonne tout ces pseudo-théologiens égarés et qu'Il leur fasse miséricorde.

    Bénis soit le Saint Père Benoit XVI !

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