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Quand un journaliste permet à Mgr Léonard de s'exprimer sereinement...

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1577259822.jpgOlivier Rogeau a interviewé Mgr Léonard après le silence qu'il s'était imposé jusqu'à Pâques; c'est dans "Le Vif" de cette semaine (28 avril, pp. 34-36)

Extraits :

"...Il n'y a pas eu de silence de l'Eglise comme telle. (...) mes confrères, Guy Harpigny et Johan Bonny, deux évêques en charge de la problématique des abus sexuels ont exprimé la position collégiale de la Conférence épiscopale."

 

"Ce serait bien que Rome s'exprime dans un délai raisonnable. Vangheluwe étant évêque, une sanction éventuelle ne dépend pas de nous. Avant une décision plus approfondie sur son cas, une mesure de transition a été prise: une retraite hors de Belgique avec un suivi spirituel et psycbologique.. Mais alors que ce traitement avait à peine commencé, Vangheluwe a accordé une interview retentissante de près d'une heure, non conforme à la discrétion qui lui était demandée. J'espère que le mûrissement de la décision vaticane sera accéléré en raison de ce fait nouveau."

(...) "Je ne vois pas comment nous aurions pu empêcher Vangheluwe de parler. On ne peut l'emprisonner, tout de même. Il faut comprendre que nous n'avons pas beaucoup d'expérience de ce genre de situation. Les faits qui sont reprochés au prélat étant prescrits, tant aux yeux de l'ordre juridique belge qu'à ceux du droit canon, nos moyens d'action sont limités. Toutefois, tant que Vangheluwe est membre du clergé, un contrôle moral peut être exercé à son égard et il reste sous la menace de sanctions canoniques plus graves."

(...) "Le secret de la confession doit rester absolu. Le recours au sacrement de la Réconciliation n'est déjà plus très fréquent en pays d'Occident. Si, par-dessus le marché, le confesseur peut révéler publiquement le contenu de la confession, œlle-ci perd toute signification. Un confesseur qui recevrait les confidences d'un abuseur ne doit pas lui accorder l'absolution si le pénitent n'exprime pas de repentir. Dans les cas les plus graves, le confesseur doit lui suggérer de se dévoiler lui-même aux autorités."

(...) "Il faut du temps pour digérer les conclusions de la Commission sur les abus sexuels, analyser les différentes propositions et trouver les réponses justes." (...) "Si nous avions proposé une solution sur d'éventuelles compensations financières avant la fin des travaux de la commission, on nous aurait reproché de faire peu de cas du travail des parlementaires."

(...) "Nous avons renforcé, sans attendre les recommandations de la commission, notre vigilance en matière de formation des futurs prêtres, diacres et assistants paroissiaux. Il faut être plus attentif à l'équilibre de ces séminaristes et vérifier s'ils sont bien préparés à vivre le célibat."

A la question : "Deux évêques belges, Mgr De Kesel, de Bruges, et Mgr Jousten, de Liège, ont envisagé, il y a quelques mois, la tenue d'un débat sur le célibat des prêtres, sans pour autant se dire favorables à une abolition de la règle. Un débat souhaitable?", Mgr Léonard répond : "Ce débat n'a jamais cessé depuis des décennies. Mais l'Eglise latine a confirmé, à plusieurs reprises, lors de synodes à Rome, qu'elle appelait au sacerdoce des hommes capables de répondre à l'exigence du célibat." (...)

"Il n'y a pas de raison de mettre l'Eglise en question. Elle repose sur la parole de Dieu, la personne du Christ, le ministère des apôtres et les sacrements."

A la question : "Gabriel Ringlet, votre contradicteur préféré, estime que l'Eglise doit changer radicalement de discours sur la sexualité sous peine de connaître de nouvelles catastrophes. Le discours est-il "toxique" comme il le dit?"

Réponse : "Je recommande à cet ami très cher la lecture de mon petit livre "Ton corps pour aimer. La morale sexuelle expliquée aux jeunes", publié en 2OO9. Aucune religion ou philosophie ne tient un langage aussi positif et réaliste sur le corps humain et la sexualité que la foi chrétienne. De l'amour incarné par un homme et une femme, elle a fait un sacrement, où Dieu est l'œuvre. Un livre entier de l'Ancien Testament, le Cantique des cantiques, est un poème d'amour d'un érotisme de bonne qualité."

(...) "Quand je suis confronté à des cas de prêtres ayant une double vie, j'essaie de les persuader de mettre de l'ordre dans leur existence. Le choix du célibat est, certes exigeant et est l'occasion, parfois de dérapages, mais si on acceptait le mariage des prêtres catholiques, on s'exposerait à d'autres dérapages: des adultères, des violences conjugales..."

O. Rogeau fait remarquer : "Pratique religieuse en berne, crise des vocations, clergé vieillissant..." et demande : "Comment voyez-vous l'avenir de l'Eglise?"

Réponse : "Je ne conteste pas ce constat, mais il ne doit pas cacher les nouvelles pousses. Il y a des paroisses vivantes, où les jeunes sont présents. Ce sont, en général, les plus classiques sur le plan de la fidélité à l'Eglise, de l'amour de la prière et de l'eucharistie. Je pense aux communautés nouvelles de Tibériade, de l'Emmanuel, de Marie-Jeunesse... On y prie le chapelet, on y respecte la liturgie, on y adore le Saint-Sacrement, sous des formes souvent diverses."

Plutôt que d'une "Eglise de combat" "Je préfère parler d'une Eglise confessante, priante, adorante, qui rend témoignage à la personne du Christ."

A la question : "Vous n'êtes pas déstabilisé par tous les scandales qui éclaboussent l'Eglise ? Comment résistez-vous à tout cela?", l'archevêque répond :

"C'est une question de tempérament. J'ai des moments objectivement difficiles, mais aussi des rencontres chaleureuses lors de longues visites pastorales dans les paroisses. Et puis, je vis cette crise en compagnie de quelqu'un : le Seigneur. Je suis en communion profonde avec lui. Malgré un agenda  bien rempli, je consacre chaque jour au moins trois heures à la prière, à la méditation, à la célébration de l'Eucharistie. Mon ressourcement, c'est la prière du chapelet, la lecture de l'Ecriture sainte, le soutien de mes confrères évêques. Je ne suis pas tout seul dans la tempête."

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