Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Pâque nouvelle : l’infaillibilité des médias ?

IMPRIMER

paque%203.jpgDans la toute récente livraison de la Revue « Pâque Nouvelle » (1), Marion Guében-Baugniet  s’interroge à ce sujet, au départ d’un exemple tiré de « Lumière du monde », le livre d’entretiens de Benoît XVI avec le journaliste Peter Seewald  dont la version française a été publiée chez Bayard en novembre 2010.

Ce livre a fait un tabac (déjà un million d’exemplaires vendus) et suscité beaucoup de réactions dans la presse. Mais comment les médias répercutent-ils les textes et paroles du Magistère ? Que penser, par exemple, de leur interprétation des réponses de Benoît XVI concernant l’incontournable question du préservatif : « Benoît XVI vient d’ouvrir une brèche » ?

« (…) En parlant de « brèche », observe Marion Guében, on semblait mettre une bonne note au pape parce qu’il se rapprochait de l’opinion commune ! Si tant est qu’il s’en rapproche car là encore, il faut bien interpréter ses propos. Dans certains cas précis, l’utilisation du préservatif peut constituer un premier pas vers une décision d’inspiration plus morale, un pas qui commence à tenir compte de l’autre, mais ce premier pas, ce n’est pas depuis la brèche de l'Église. C’est un premier pas depuis le plancher. Il s’adresse à des gens (prostituées et autres) qui n’ont pas encore accédé à un réel comportement moral. C’est une pierre d’attente. Une petite pierre. Nous ne sommes pas encore dans cette véritable humanisation de la sexualité prônée par le Pape (…) ».

 

Priorité des mentalités glissantes sur la vérité évangélique

En réalité,  « les médias ne cherchent pas la vérité mais à grignoter la position de l'Eglise dans un rapport de force… qui habituellement aboutit à la ridiculiser sans vraiment analyser ce que dit le pape. Et là il devrait y avoir une morale minimale du monde médiatique qui consisterait à lire les textes et à les transmettre exactement comme ils sont dits. On ne recherche pas le sens du texte mais à créer un événement scandaleux (…) »

 

Contradictions et paradoxes

Quid est Veritas ?  demandait déjà Pilate à Jésus.

 « Il est délicat de développer une parole de Vérité dans un monde qui ne croit plus à la Vérité, à un public qui considère le discours chrétien à la limite comme des vues dangereuses mais qui, très paradoxalement, a soif de ces paroles chrétiennes. Paradoxe : les gens sont créés pour accueillir la parole chrétienne, mais pas formés à l'écouter. Actuellement c’est le monde médiatique qui est devenu la référence passe-partout, épousant et anticipant les pentes laxistes, évitant au public tout travail d’information personnelle et d’approfondissement, comme s'il jouissait de l’infaillibilité non seulement sur la foi, les mœurs mais sur tous les sujets… Et c’est sur fond de vide »

Paradoxalement, « ce que pourrait dire l'Église désormais sera jugé à l’aune des vues des médias, ultra-dogmatiques encore que soumises aux fluctuations du moment. Nous grandissons tous sous la houlette du Magistère médiatique. Avec une force de pénétration très grande et diffuse les médias forment l'opinion. Nous sommes dans un univers qui n’a plus le sens des limites. C’est pour cela, comme l’a déjà fait remarquer Mgr Tony Anatrella, psychanalyste spécialisé en psychiatrie sociale, qu’on parle beaucoup de personnalités éclatées, voire liquides qui s’identifient à tout ce qui existe mais sans plus avoir aucune consistance intérieure.(..) »

 

Comment se fait-il que l’Eglise ne passe pas dans certains médias ?

«  Il y aura toujours, au moins pour une part, une opposition entre la logique du monde et celle l'Évangile qui est celle, qu’on le veuille ou non, de la porte étroite. Lorsque Jésus enseigne, il ne cherche pas à faire l’unanimité. Il est venu déranger au nom de son Père pour que les hommes aient la vie et qu’ils l’aient en abondance. Il leur dit : Soyez dans le monde sans être du monde.

La morale laïque a été pendant près d’un siècle – voire même jusqu’il y a cinquante ans – à peu près la même que la morale chrétienne. Les choses ont changé. Aujourd’hui en fait de morale, seule l'Église catholique a une parole publique qui est revêtue d’un certain courage et même d’un courage parfois héroïque. Il lui serait tellement plus commode de se compromettre avec le monde alors que des évêques risquent d’être traduits en justice dans l’exercice d’un enseignement en adéquation avec leur foi.(…) On est aujourd’hui confronté au pluralisme tellement obligatoire qu’il est devenu pensée unique, et mène droit au relativisme : toutes les religions se valent, alibi commode pour n’en approfondir aucune. Une pensée unique très flottante, évolutive, on le verra bien de façon éclatante en bioéthique dans les années à venir.(…) »

 

Le pape : point de référence ?

« Oui (…) mais, souligne Marion Guében, dans chaque pays il faut aussi les évêques et leurs prêtres, et parmi les chrétiens : des intellectuels, des scientifiques, des politiciens, des chefs d’entreprise, des enseignants, des responsables et animateurs de mouvements, et cetera

Ce n’est pas tout de pointer d’un doigt lucide les positions sournoisement hostiles des médias  occidentaux à l’adresse de l'Église catholique. Encore faudrait-il ne pas leur laisser toute la place. A de rares exceptions près, il y a aujourd’hui trop peu d’orateurs, de grands penseurs chrétiens. Et s’ils existent potentiellement, peut-être n’ont-ils pas toujours le courage de se démarquer de cette « pensée unique ». D’autant plus que, s’ils sont laïcs, afficher leur foi chrétienne pourrait nuire à la carrière d’aucuns… Il leur manque cette liberté de ton et c’est très dommage. Même certains membres du clergé subissent un peu comme par osmose l’influence du ton ambiant ou n’osent pas toujours livrer le fond de leurs convictions.

Sans doute y a-t-il une prudence spirituelle et humaine à observer. Un discernement psychologique aussi, sous peine parfois d’être contre-productif. Cela dit, nous sommes dans une période où les choses doivent se dire nettement et s’argumenter comme essaie de faire le Saint Père. Ensuite, que certains médias déforment, c’est leur problème mais au moins les choses sont dites universellement (…) »

Découvrir l'intégralité de l'article ICI

 

______________

(1)Dans cette livraison (40e année, n°1), on peut aussi lire, entre autres, trois intéressantes réflexions (Jacques Naedts, Olivier Bonnewijn, Bruno Jacobs) sur la relation du corps à l’être et à sa destinée et deux exposés sur la vision de l’au-delà dans l’ancien puis le nouvean Testament (J. Ries). On trouvera par ailleurs une évocation de l’aoôtre des « petits riens, l’abbé Edouard Froidure (J.-M. Derzelle) ainsi qu’un article sur la procréation médicalement assistée (C. Brochier).

Pâque Nouvelle. Secrétariat et Abonnements : Marc Emond, rue Longivaux, 15 A B-5330 Maillen. Tél : +32 (0)83.61.36.30 Courriel : marc.emond84@yahoo.fr

Commentaires

  • Grand merci de nous faire partager cet article!

Les commentaires sont fermés.