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Un témoin de la présence de Dieu : Edith Stein (9 août)

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edith-stein.jpgSainte Thérèse-Bénédicte de la Croix (Edith Stein)

Carmélite déc., vierge, martyre, co-patronne de l'Europe (12 octobre1891 – 9 août 1942)

Source : http://www.vatican.va/

« Inclinons-nous profondément devant ce témoignage de vie et de mort livré par Edith Stein, cette remarquable fille d’Israël, qui fut en même temps fille du Carmel et sœur Thérèse-Bénédicte de la Croix, une personnalité qui réunit pathétiquement, au cours de sa vie si riche, les drames de notre siècle. Elle est la synthèse d’une histoire affligée de blessures profondes et encore douloureuses, pour la guérison desquelles s’engagent, aujourd’hui encore, des hommes et des femmes conscients de leurs responsabilités ; elle est en même temps la synthèse de la pleine vérité sur les hommes, par son cœur qui resta si longtemps inquiet et insatisfait, « jusqu’à ce qu’enfin il trouvât le repos dans le Seigneur » ». Ces paroles furent prononcées par le Pape Jean-Paul II à l’occasion de la béatification d’Edith Stein à Cologne, le 1er mai 1987.

Qui fut cette femme ?

Quand, le 12 octobre 1891, Edith Stein naquit à Wroclaw (à l’époque Breslau), sa famille fêtait le Yom Kippour, la plus grande fête juive, le jour de l’expiation. « Plus que tout autre chose cela a contribué à rendre particulièrement chère à la mère sa plus jeune fille ». Cette date de naissance fut pour la future carmélite presque une prédiction.

Son père, commerçant en bois, mourut quand Edith n’avait pas encore trois ans. Sa mère, femme très religieuse, restée seule, devait vaquer aux soins de sa famille et diriger sa grande entreprise ; cependant elle ne réussit pas à maintenir chez ses enfants une foi vivante. Edith perdit la foi en Dieu : « En pleine conscience et dans un choix libre je cessai de prier ».

Elle obtient brillamment son diplôme de fin d’études secondaires en 1911 et commença des cours d’allemand et d’histoire à l’Université de Wroclaw. Mais la philosophie était en réalité son véritable intérêt. Plus tard, elle poursuivit ses études avec le professeur et réputé fondateur de la phénoménologie, Edmund Husserl.

Husserl choisit finalement Edith Stein pour être son assistante, enseignante à l'Université de Freiburg, et lui affirma qu'elle était la meilleure étudiante au doctorat qu'il ait eue - même plus qualifiée que Heidegger qui était aussi un élève d'Husserl à la même époque. En 1916, elle compléta ses travaux pour le doctorat et fut reçue Docteur en Philosophie.

Comme la conscription commençait à appeler plusieurs de ses amis au service militaire pour la Première Guerre mondiale (1914-1918), Edith se porta volontaire avec un certain nombre d'étudiantes pour servir dans les hôpitaux militaires. Elle demanda une affectation dans un hôpital où l'on soignait les maladies contagieuses et elle s'occupa des soldats de l'armée autrichienne qui souffraient du typhus, de la dysenterie et du choléra.

Il arriva qu’un jour elle put observer comment une femme, avec son  panier à provisions, entra dans la cathédrale de Francfort et s’arrêta pour une brève prière. « Ce fut pour moi quelque chose de complètement nouveau. Dans les synagogues et les églises protestantes que j’ai fréquentées, les croyants se rendent à des offices. En cette circonstance cependant, une personne entre dans une église déserte, comme si elle se rendait à un colloque intime. Je n’ai jamais pu oublier ce qui est arrivé ». Elle écrit : « Il y a eu des individus qui, suite à un changement imprévu de leur’ personnalité, ont cru rencontrer la miséricorde divine ».

Comment est-elle arrivée à cette affirmation ?

Edith Stein était liée par des liens d’amitié profonde avec l’assistant de Husserl à Göttingen, Adolph Reinach, et avec son épouse. Adolph Reinach mourut en Flandres en novembre 1917. Edith se rendit à Göttingen. « Ce fut ma première rencontre avec la croix et avec la force divine qu’elle transmet à ceux qui la portent… Ce fut le moment pendant lequel mon irréligiosité s’écroula et le Christ resplendit ». Plus tard elle écrivit : « Ce qui n’était pas dans mes plans était dans les plans de Dieu. En moi prit vie la profonde conviction que – vu du côté de Dieu – le hasard n’existe pas ; toute ma vie, jusque dans ses moindres détails, est déjà tracée selon les plans de la providence divine et, devant le regard absolument clair de Dieu, elle présente une unité parfaitement accomplie ».

A l’automne 1918, Edith Stein cessa d’être l’assistante d’Edmund Husserl. Elle désirait obtenir l’habilitation à l’enseignement. A l’époque c’était une chose impossible pour une femme. Husserl se prononça au moment de sa candidature : « Si la carrière universitaire était rendue accessible aux femmes, je pourrais alors la recommander chaleureusement plus que n’importe quelle autre personne pour l’admission à l’examen d’habilitation ». Plous tard on lui interdira l’habilitation à cause des ses origines juives.

Edith retourna à Wroclaw. Elle écrivit des articles sur la psychologie et sur d’autres disciples humanistes. Elle lit le Nouveau testament, Kierkegaard et le livre des exercices de Saint Ignace de Loyola.

Pendant l’été 1921, elle se rendit pour quelques semaines à Bergzabem (Palatinat), dans la propriété de Hedwig Conrad-Martius, une disciple de Husserl. Cette dame s’était convertie, en même temps que son époux, à la foi évangélique. Un soir, Edith trouva dans la bibliothèque l’autobiographie de Sainte Thérèse d’Avila. Elle la lut toute la nuit. « Quand je refermai le livre je me dis : « Ceci est la vérité ». Considérant rétrospectivement sa propre vie, elle écrira plus tard : « Ma quête de vérité était mon unique prière ».

Le 1er janvier 1922, Edith se fit baptiser et prend comme noms de baptême : Edith, Theresia (même nom que Sainte Thérèse d’Avila), Hedwig (nom de sa marraine, Hedwig Conrad-Martius). C’était le jour de la circoncision de Jésus, de l’accueil de Jésus dans la descendance d’Abraham. Edith Stein était debout devant les fonds baptismaux. « J’avais cessé de pratiquer la religion juive et je me sentis de nouveau juive seulement après mon retour à Dieu ». Maintenant elle sera toujours consciente, non seulement intellectuellement mais aussi concrètement, d’appartenir à la lignée du Christ. A la fête de la Chandeleur, qui est également un jour dont l’origine remonte à l’Ancien Testament, elle reçut la confirmation.

Immédiatement après sa conversion, Edith aspira au Carmel, mais ses interlocuteurs spirituels, le Vicaire général de Spire et le Père Erich Przywara, S.J., l’empêchèrent de faire ce pas. Sur l’insistance de l’archiabbé Raphaël Walzer du couvent de Beuron, elle entreprend de longs voyages pour donner des conférences, surtout sur des thèmes concernant les femmes. « Pendant la période qui précède immédiatement et aussi pendant longtemps après ma conversion… je croyais que mener une vie religieuse signifiait renoncer à toutes les choses terrestres et vivre seulement dans la pensée de dieu. Progressivement cependant, je me suis rendue compte que ce monde requiert bien autre chose de nous…, je crois même que plus on se sent attiré par Dieu et plus on doit « sortir de soi-même », dans le sens de tourner vers le monde pour lui porter une raison divine de vivre ».

À ce point de sa vie, Edith accepta d'enseigner à l'école des Sœurs Dominicaines à Speyer. Elle y travailla pendant huit années comme enseignante et partageait sa journée entre le travail et la prière. Elle avait la réputation d'être une enseignante sympathique qui travaillait fort pour communiquer son savoir d'une manière claire et systématique, et dont la responsabilité s'étendait bien au-delà de la transmission des connaissances, pour inclure la formation de la personne toute entière. Elle estimait que l'éducation était un travail apostolique.

En 1933, les ténèbres descendent sur l’Allemagne. « J’avais entendu parler des mesures sévères contre les juifs. Mais maintenant je commençai à comprendre soudainement que Dieu avait encore une fois posé lourdement sa main sur son peuple et que le destin de ce peuple était aussi mon destin ». L’article de loi sur la descendance arienne des nazis rendit impossible la continuation de son activité d’enseignante. « Si ici je ne peux continuer, en Allemagne il n’y a plus de possibilité pour moi ». « J’étais devenue une étrangère dans le monde ».

Le 14 octobre de cette même année, à l'âge de 42 ans, elle se présenta à la Mère Prieure du monastère des Carmélites de Cologne. « Ce n’est pas l’activité humaine qui peut nous aider, mais seulement la passion du Christ. J’aspire à y participer ».

Edith Stein se rendit à Wroclaw pour prendre congé de sa mère et de sa famille. Le dernier jour qu’elle passa chez elle fut le 12 octobre, le jour de son anniversaire et en même temps celui de la fête juive des Tabernacles. Edith accompagna sa mère à la Synagogue. Pour les deux femmes ce ne fut pas une journée facile. « Pourquoi l’as-tu connu (Jésus-Christ) ? Je ne veux rien dire contre Lui. Il aura été un homme bon. Mais pourquoi s’est-il fait Dieu ? » Sa mère pleure.

En 1934, le 14 avril, ce sera la cérémonie de sa prise d’habit. A partir de ce moment, Edith Stein portera le nom de sœur Thérèse-Bénédicte de la Croix.

Sur l’image de sa profession perpétuelle du 21 avril 1938, elle fit imprimer les paroles de saint Jean de la Croix auquel elle consacrera sa dernière œuvre : « Désormais ma seule tâche sera l’amour ».

L’entrée d’Edith Stein au couvent du Carmel n’a pas été une fuite. « Qui entre au Carmel n’est pas perdu pour les siens, mais ils sont encore plus proches ; il en est ainsi parce que c’est notre tâche de rendre compte à Dieu pour tous ».

Le 9 novembre 1938, la haine des nazis envers les juifs fut révélée au monde entier. Les synagogues brûlèrent. La terreur se répandit parmi les juifs. La Mère Prieure des Carmélites de Cologne fait tout son possible pour conduire sœur Thérèse-Bénédicte de la Croix à l’étranger. Dans la nuit eu 1er janvier 1938, elle traversa la frontière des Pays-Bas et fut emmenée dans le monastère des Carmélites de Echt, en Hollande. C’est dans ce lieu qu’elle écrivit son testament, le 9 juin 1939 : « Déjà maintenant j’accepte avec joie, en totale soumission et selon sa très saine volonté, la mort que Dieu m’a destinée. Je prie le Seigneur qu’Il accepte ma vie et ma mort… en sorte que le Seigneur en vienne à être reconnu par les siens et que son règne se manifeste dans toute sa grandeur pour le salut de l’Allemagne et la paix dans le monde ».

Le 2 août 1942, la Gestapo arriva. Edith se trouvait dans la chapelle, avec les autres sœurs. En moins de 5 minutes elle dut se présenter, avec sa sœur Rose qui avait été baptisée dans l’Eglise catholique et qui travaillait chez les Carmélites de Echt. Les dernières paroles d’Edith que l’on entendit à Echt s’adressèrent à sa sœur : « Viens, nous partons pour notre peuple ».

Avec de nombreux autres juifs convertis au christianisme, les deux femmes furent conduites au camp de rassemblement de Westerbork. Il s’agissait d’une vengeance contre le message de protestation des évêques catholiques des Pays-Bas contre le progrom et les déportations de juifs.

Il y a un certain nombre de comptes-rendus visuels sur la conduite d'Edith durant son emprisonnement à Amersfoort et Westerbork, un camp de détention central dans le Nord de la Hollande: ces témoignages parlent de son silence, son calme, son sang-froid, son contrôle; réconfortant et consolant les autres femmes; ses soins pour les tout-petits, les lavant, les peignant et s'assurant qu'ils étaient nourris.

Le professeur Jan Nota, qui lui était lié, écrira plus tard : « Pour moi elle est, dans un monde de négation de Dieu, un témoin de la présence de Dieu ».

A l’aube du 7 août, un convoi de 987 juifs partout en direction d’Auschwitz. Ce fut le 9 août 1942, que sœur Thérèse-Bénédicte de la Croix, avec sa sœur Rose et de nombreux autres membres de son peuple, mourut dans les chambres à gaz d’Auschwitz.

Édith Stein, le 6 août 1942, à trois jours de sa fin dramatique, approchant de ses consœurs du monastère de Echt, en Hollande, leur a dit : « Je suis prête à tout. Jésus est ici aussi au milieu de nous. Jusqu'à présent j'ai pu très bien prier et j'ai dit de tout mon cœur : ' Ave, Crux, spes unica. Je te salue, ô croix, notre unique espérance ' ». Des témoins qui sont parvenus à échapper au massacre horrible ont raconté que Thérèse Bénédicte de la Croix, tandis qu'elle revêtait l'habit carmélitain, avançait consciemment vers sa mort. Elle se distinguait par son comportement empli de paix, par son attitude sereine et par des manières calmes et attentives aux nécessités de tous. La prière a été le secret de cette sainte copatronne de l'Europe, qui « même après être parvenue à la vérité dans la paix de la vie contemplative, a dû vivre jusqu'au bout le mystère de la croix » (Jean-Paul II, Spes aedificandi). (Benoît XVI)

Avec sa béatification dans la cathédrale de Cologne, le 1er mai 1987, l’Eglise honorait, comme l’a dit le Pape Jean-Paul II, « une fille d’Israël, qui  pendant les persécutions des nazis est demeurée unie avec foi et amour au Seigneur Crucifié, Jésus-Christ, telle une catholique, et à son peuple telle une juive ».

Edith sera par la suite canonisée par le même Jean-Paul II, le 11 octobre 1998, et proclamée co-patronne de l’Europe le 1er octobre 1999.

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