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« Habemus papam » : à côté de la logique du Christ

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A propos de la sortie du film de Nanni Moretti, nous avons déjà eu l’occasion de renvoyer à une excellente mise au point, faite par le Cardinal Barbarin (cf. http://benoit-et-moi.fr/ete2011/0455009f1b06c3101/0455009f53108fa0d.html).

Au-delà de certains fantasmes nourris par ceux qui connaissent le moins la papauté, il n’est pas inutile de réfléchir sur des notions telles qu’autorité, hiérarchie et la manière dont le pape actuel, Benoît XVI, conçoit sa charge suprême en rapport avec ces concepts l’autorité.

Le Nouveau Testament montre que le Christ a délibérément créé son Eglise comme moyen de poursuivre sa mission dans le monde. Il a promis de rester présent dans son Eglise pour toujours. Il la guide à travers la présence du Saint-Esprit.

Pour garantir le succès de cette mission, le Christ a donné à son Eglise la capacité d’enseigner, de gouverner et de sanctifier, avec la propre autorité du Christ. Les Apôtres ont alors nommé des successeurs pour faire en sorte que l’Evangile puisse se propager aux quatre coins de la Terre. C’est ainsi qu’ils « donnèrent mandat, comme par testament, à leurs coopérateurs immédiats d’achever leur tâche et d’affermir l’œuvre commencée par eux, leur recommandant de prendre garde à tout le troupeau dans lequel l’Esprit Saint les avait institués pour paître l’Église de Dieu (cf. Ac 20, 28) » (cf. Vatican II, Lumen Gentium, 20).

Il est bon de rappeler que la source et la garantie de cette autorité de l’Eglise est la présence permanente du Christ dans son Eglise : « Et voici que je suis avec vous pour toujours jusqu'à la fin du monde » (Mt 28, 20).

Le but de cette autorité est de donner à l’Eglise la capacité d’enseigner sans erreur sur les éléments essentiels du salut : « Sur cette pierre, je bâtirai mon Eglise, et les puissances de la mort ne prévaudront pas contre elle » (Mt 16, 18).

La portée de cette autorité concerne les enseignements officiels de l’Eglise sur les questions de foi, de morale et sur le culte (liturgie et sacrements).

Par rapport au film « Habemus papam », le Cardinal Barbarin a parfaitement exprimé le vide de foi qui caractérise cette œuvre de fiction : le Christ est absent. La prière est absente. Or, ce sont précisément la présence du Christ et la garantie de l’autorité de l’Eglise qui font que l’Eglise catholique ne peut pas égarer avec ses enseignements officiels (qui sont distincts des défaillances individuelles et des opinions de ses membres, fussent-ils prêtres, évêques et même pape).

C’est l’occasion de revenir sur un texte merveilleusement limpide de Benoît XVI, prononcé le 26 mai 2010 en audience générale (extraits – Source : ZENIT.ORG).

« Qu’est-ce réellement pour nous chrétiens que l’autorité ? Il est important de reconnaître que l’autorité humaine n’est jamais une fin, mais toujours et uniquement un moyen et que, nécessairement à toute époque, la fin est toujours la personne, créée par Dieu avec sa dignité propre intangible et appelée à être en relation avec son Créateur, sur le chemin terrestre de l’existence, et dans la vie éternelle ; c’est une autorité exercée dans la responsabilité devant Dieu, devant le Créateur.

Une autorité ainsi entendue, qui ait comme but unique de servir le vrai bien des personnes et d’être la transparence sur l’unique Bien suprême qui est Dieu, non seulement n’est pas étrangère aux hommes mais au contraire est une aide précieuse sur le chemin vers la pleine réalisation dans le Christ, vers le salut.

L’Eglise est appelée et s’engage à exercer ce type d’autorité qui est service, et elle l’exerce non à son propre titre, mais au nom de Jésus-Christ, qui a reçu du Père tout pouvoir au ciel et sur la terre (cf. Mt 28, 18).

A travers les pasteurs de l’Eglise, en effet, le Christ paît son troupeau : c’est Lui qui le guide, le protège, le corrige, parce qu’il l’aime profondément.

Chaque pasteur est l’intermédiaire à travers lequel le Christ lui-même aime les hommes : c’est à travers notre ministère, c’est par notre intermédiaire que le Seigneur atteint les âmes, les instruit, les protège, les guide. Telle est la règle de conduite suprême des ministres de Dieu, un amour inconditionnel, comme celui du Bon Pasteur, empli de joie, ouvert à tous, attentif au prochain et plein d’attention pour ceux qui sont loin, délicat envers les plus faibles, les petits, les simples, les pécheurs, pour manifester l’infinie miséricorde de Dieu avec les paroles rassurantes de l’espérance.

Si cette tâche pastorale est fondée sur le sacrement, son efficacité n’est toutefois pas indépendante de la vie personnelle du prêtre. Pour être un pasteur selon le cœur de Dieu,  il faut un profond enracinement dans l’amitié vivante avec le Christ, non seulement de l’intelligence, mais également de la liberté et de la volonté, une claire conscience de l’identité reçue dans l’ordination sacerdotale, une disponibilité inconditionnée à conduire le troupeau confié, là où le Seigneur veut et non dans la direction qui, apparemment, semble le plus convenir ou la plus facile.

Personne n’est réellement capable de paître le troupeau du Christ, s’il ne vit pas une profonde et réelle obéissance au Christ et à l’Eglise, et la docilité même du Peuple à ses prêtres dépend de la docilité des prêtres envers le Christ ; c’est pourquoi, à la base du ministère pastoral se trouve toujours la rencontre personnelle et constante avec le Seigneur, la profonde connaissance de sa personne, la configuration de sa propre volonté à la volonté du Christ.

Au cours des dernières décennies, on a souvent utilisé l’adjectif « pastoral » presque en opposition avec le concept de « hiérarchique », et l’idée de « communion » a également été interprétée dans cette même opposition.

Dans l’opinion publique prévaut, pour cette réalité « hiérarchique », l’élément de subordination et l’élément juridique ; c’est pourquoi, à de nombreuses personnes, l’idée de hiérarchie apparaît en opposition avec la flexibilité et la vitalité du sens pastoral et également contraire à l’humilité de l’Evangile.

Mais il s’agit d’une mauvaise compréhension du sens de la hiérarchie, également causée d’un point de vue historique par des abus d’autorité et par le carriérisme, qui sont précisément des abus et qui ne dérivent pas de l’être même de la réalité « hiérarchique ».

L’opinion commune est que la « hiérarchie » est toujours liée à la domination et qu’elle ne correspond pas ainsi au véritable sens de l’Eglise, de l’unité dans l’amour du Christ.

Mais, comme je l’ai dit, il s’agit d’une mauvaise interprétation, qui a pour origine des abus au cours de l’histoire, mais qui ne répond pas à la véritable signification de ce qu’est la hiérarchie.

On dit généralement que la signification du mot hiérarchie serait « domination sacrée », mais ce n’est pas sa véritable signification, qui est « origine sacrée », c’est-à-dire que cette autorité ne provient pas de l’homme lui-même, mais elle a son origine dans le sacré, dans le sacrement ; elle soumet donc la personne à la vocation, au mystère du Christ ; elle fait de l’individu un serviteur du Christ et ce n’est qu’en tant que serviteur du Christ que celui-ci peut gouverner, guider pour le Christ et avec le Christ.

C’est pourquoi, pour celui qui entre dans le saint Ordre du Sacrement, la « hiérarchie » n’est pas un autocrate ; il entre dans un lien nouveau d’obéissance avec le Christ : il est lié à Lui en communion avec les autres membres de l’Ordre sacré, du Sacerdoce.

Et le Pape lui-même – point de référence de tous les autres pasteurs et de la communion de l’Eglise – ne peut pas faire ce qu’il veut ; au contraire, le Pape est le gardien de l’obéissance au Christ, à sa parole résumée dans la regula fidei, dans le Credo de l’Eglise, et il dit guider dans l’obéissance au Christ et à son Eglise. »

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Le pape de Moretti a beau manger des glaces, prendre un bus, se balader en ville… des cardinaux ont beau jouer au ballon (but ultime de l’existence ?), un regard laïc ironique a beau espérer des « changements »… la barque de Pierre n’en est pas moins guidée, aujourd’hui, par un homme qui s’est d’abord défini, en acceptant sa croix, comme un « simple et humble travailleur dans la vigne du Seigneur ».

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