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Allemagne : Benoît XVI a désarçonné son public

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L'histoire se répète: Benoît XVI vaut supérieurement mieux que l'image médiatique fabriquée par ses détracteurs. Et, à l'expérience cela se voit. Pour "Le Temps" à Berlin, Nathalie Versieux l'a bien noté:

« Le pape a entamé jeudi sa visite en Allemagne par un discours devant le Bundestag et une messe en plein air dans le stade olympique de la capitale

Benoît XVI a désarçonné son public. Les plus sceptiques attendaient dans la capitale allemande un pape arrogant, loin des gens, moralisateur. Jeudi à Berlin, Benoît XVI s’est avant tout montré humain. Et politique. «S’il continue à ce rythme, cette visite pourrait s’inscrire dans l’Histoire», assurait hier l’hebdomadaire Der Spiegel , pourtant peu suspect de connivence avec le Vatican, sur son site électronique.

 

Avant même de se poser dans la capitale allemande, Benoît XVI assurait, depuis son avion, «comprendre ceux qui ont choisi de tourner le dos à l’Eglise», dans le sillage du scandale de pédophilie, révélé en 2010, au sein d’établissements religieux allemands.

Plus tard dans la matinée, le souverain pontife évoquait avec Angela Merkel la situation des marchés financiers. «Nous avons parlé du fait que la politique devait avoir la force d’agir plutôt que de subir. C’est une tâche primordiale à l’époque de la mondialisation», a déclaré la chancelière après la rencontre qui a duré une vingtaine de minutes.

Dans l’après-midi, devant les députés du Bundestag, le Saint Père a philosophé sur la nature et la raison, demandant aux députés de prendre en compte la nature et la justice dans leurs décisions. «Le christianisme a renvoyé à la nature et à la raison comme vraie source du droit», a fait valoir le pape. «Nous les Allemands nous avons fait l’expérience de séparer le pouvoir du droit, de mettre le pouvoir contre le droit, de fouler le droit aux pieds, de sorte que l’Etat était une sorte de bande de brigands très bien organisés qui pouvait menacer le monde entier et le pousser au bord du précipice.»

Moins de manifestants que prévu

«L’échelle pour un politicien ne doit pas être le succès, et encore moins le gain matériel», a poursuivi Benoît XVI, maniant l’humour («Je dirais que l’arrivée de l’écologie dans la politique allemande dans les années 1970 a créé un courant d’air frais… Je ne veux pas faire de propagande pour un parti politique bien sûr!»), et longuement ovationné, y compris dans les rangs au préalable très critiques du SPD, des Verts et de Die Linke.

Une centaine de députés avaient boycotté le discours, estimant que la présence d’un chef religieux dans l’hémicycle était contraire à la neutralité religieuse du Bundestag, pour rejoindre le groupe de quelques milliers de manifestants – beaucoup moins que les 20 000 attendus par les organisateurs – qui s’étaient rassemblés à quelque 500 mètres du Bundestag, sur la Potsdamer Platz. «Le discours devant le Bundestag était politique, courageux, singulier», estime le Spiegel. «Les députés qui ne sont pas venus ont raté quelque chose, estime le quotidien berlinois Tagesspiegel. Ils ont raté un pape émouvant.»

En soirée, quelque 70 000 personnes ont assisté dans le stade olympique à une messe en plein air célébrée par Benoît XVI. Face à l’affluence des demandes, l’archevêché de Berlin avait dû se résoudre à louer le stade de Hitler pour y célébrer la messe, qui devait initialement se dérouler sur le parvis du Château de Charlottenbourg.

Hier, seuls les victimes des prêtres pédophiles se sont montrées particulièrement critiques envers la première journée du voyage papal. «Le pape a parlé de pouvoir et de droit, mais pas de son rôle en tant que puissant, à la tête de l’Eglise, a déploré Matthias Katsch, le porte-parole de l’organisation de victimes Eckiger Tisch. Il n’a fait que donner des conseils aux autres. C’est typique de l’Eglise catholique!»

La visite du pape se poursuit ce vendredi à Erfurt, en ex-RDA, dans l’université fréquentée par Luther pour un programme pastoral, axé sur l’œcuménisme. Benoît XVI se rendra ensuite à Fribourg, une région majoritairement catholique ». C’est ici : L’opération de séduction de Benoît XVI à Berlin

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